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Billet de blog 1 septembre 2016

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Iran : La bande audio qui ébranle les mollahs

La publication d’un enregistrement audio des propos de l’Ayatollah Montazeri, ancien dauphin de Khomeiny, sur le massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988 en Iran, a déclenché un séisme politique chez les mollahs.

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Illustration 1

Il s’agit d’un enregistrement sonore des propos échangés, le 14 août 1988, entre Montazeri et les membres de la « commission de la mort », désignés par Khomeiny. Lors de cette rencontre, Montazeri fait part explicitement de sa désapprobation du massacre des prisonniers politiques commencé quelques semaines plutôt en application d’une fatwa de Khomeiny : « Le crime le plus important commis sous la République islamique et pour lequel nous serons condamnés par l’Histoire, c’est vous qui l’avez commis et c’est pourquoi l’Histoire enregistrera vos noms en tant que criminels ».

Les membres de la « commission de la mort » occupent actuellement des plus hautes fonctions étatiques. Mostafa Pour-Mohammadi, l’actuel  ministre de la Justice du gouvernement Rohani faisait partie de ladite « commission ». Le 28 août, selon l'agence de presse Tasnim, affiliée aux pasdaran, ce dernier a explicitement admis son rôle dans le massacre et a fait savoir qu'il était fier de lui-même.

Pour Mohammadi, qui s’exprimait à la réunion du conseil d'administration dans la ville de Khorram-Abad dans la province de Lorestan le 28 août, a déclaré : « Nous sommes fiers d'avoir mis en œuvre l'ordre de Dieu à propos des monafeghine (terme péjoratif du régime pour désigner les Moudjahidine du Peuple (OMPI). Nous nous sommes défendus contre l'ennemi de Dieu et nous les avons combattus avec force. Dieu a dit de ne pas avoir de pitié pour les infidèles parce qu'ils n’ont pas pitié pour vous et nous ne devrions pas avoir pitié des monafeghine. »

Au cours de ce massacre, plus de 30000 prisonniers politiques, pour la plupart des militants de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI), qui purgeaient des peines de prison, furent massacrés en quelques mois, et leurs corps furent enterrés secrètement dans des fosses communes.

Pendant 28 ans, le régime des mollahs avait déployé tous les efforts possibles pour qu’il y ait un silence total sur ce massacre sur lequel toutes les factions du pouvoir étaient d’accord et dans lequel tous ses dirigeants étaient impliqués d’une manière ou d’une autre. 

Or, la publication de l’enregistrement des conversations Montazeri a mis la totalité du régime des mollahs face à un défi social et politique sans précédent au point d’obliger ses plus hautes autorités, de Khamenei à Rafsandjani, d’entrer en scène pour mettre en garde contre une tentative pour ternir l’image de Khomeiny et celle de « réhabiliter » les Moudjahidine du peuple.

Commémoration à Paris

Une exposition a été organisée la semaine dernière à la mairie du 2e arrondissement de Paris à l’initiative du Comité de Soutien aux Droits de l’Homme en Iran, consacrée à ce qu’Amnesty international a appelé « le massacre des prisons » en Iran. 

L’exposition commémorait en particulier le triste anniversaire les assassinats en série de quelque 30 000 prisonniers politiques durant l’été 1988 en Iran. Ce terrible épisode de l’histoire contemporaine revient aujourd’hui au-devant de la scène avec la révélation voici quelques jours d’une bande audio retraçant des conversations intervenues au plus haut niveau avec les responsables directs de cette tuerie. Ces commanditaires occupent actuellement des postes clés au sommet de l'Etat iranien, comme le ministre de la justice de Rohani.

Illustration 2

Tout en condamnant ces crimes d’un autre âge, Jacques Boutault, maire du 2e arrondissement, a déclaré qu’il était urgent de faire pression sur le régime iranien pour mettre fin aux exécutions en Iran, et de conditionner les relations avec ce pays à une amélioration significative du respect des droits humains, et notamment à la fin de la peine de mort. Jacques Boutault considère les vagues d’exécutions intervenues ces derniers mois en Iran comme la prolongation du massacre de 1988.

« Notre arrondissement commémore ce jour la Libération de Paris, qui mit fin à quatre années d'occupation par l’Allemagne nazie, a-t-il déclaré Si les pays européens ont pu se libérer durablement de la dictature, c’est parce qu’ils ont la possibilité de se remémorer le passé pour ne pas le répéter. Passer sous silence cet épisode innommable de l’histoire iranienne perpétuerait l’indicible. C’est la raison pour laquelle la mairie du 2e arrondissement est honorée d’accueillir cette exposition et d’écouter les témoins de cet épisode inhumain de l’histoire iranienne. »

Maryam Radjavi, présidente du Conseil National de la Résistance Iranienne, a rendu hommage aux héros et héroïnes de la Résistance française et aux victimes de l’occupation nazie. Elle a dénoncé l’omerta qui pesait sur les crimes en Iran : un silence douloureux pour le peuple iranien et surtout les milliers de familles, et a exhorté la communauté internationale, notamment l’ONU, à juger les mollahs au pouvoir en Iran.

Tout au long de l’exposition, des témoins de ces crimes, notamment d’anciens prisonniers politiques, ont partagé leur expérience douloureuse avec les visiteurs. Ils ont aussi relayé des récits sur le courage des résistants iraniens.

" Si les pays européens ont pu se libérer durablement de la dictature, c’est parce qu’ils ont la possibilité de se remémorer le passé pour ne pas le répéter. Passer sous silence cet épisode innommable de l’histoire iranienne perpétuerait l’indicible." © CNRI France

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