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Farzad s’est récemment exprimé dans un éditorial pour le site The Hill en évoquant son point de vue sur l’évènement et les sombres motifs qui l’ont poussé à fuir l’Iran : « Inutile de le dire, c’est un événement international important concernant un enjeu international important. Mais pour moi c’est vraiment personnel. En esprit, je serai avec une plus grande foule. Nous serons rejoints par un nombre incalculable d'Iraniens vivant encore sous la coupe du régime théocratique, qui prendront le risque de représailles en assistant au rassemblement sur les chaînes de télévision satellite interdites. »
Farzad Madadzadeh sait malheureusement ces informations d’expérience : « Comment est-ce que je sais ? Après le rassemblement de cette année j’aurai regardé l’événement depuis tous les deux côtés du mur idéologique qui sépare la République islamique de la plupart du reste du monde. Au cours des dernières années, je faisais partie des iraniens qui ont supporté le CNRI et son principal groupe constitutif, l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI), depuis un endroit silencieux au sein du pays. Je mettais ma sécurité et ma liberté en danger, comme l’ont fait bon nombre de mes collègues, afin de continuer l’activisme local du groupe. J’ai passé 5 ans en prison de 2009 à 2014 et subit de graves tortures physiques et psychologiques à cause de mon soutien à l’OMPI. J’ai fui de l’Iran à l’âge de 29 ans l’année dernière. »
« Malgré la répression agressive à laquelle j’ai assistée de la part du régime, je n’ai jamais perdu espoir que le système de la domination théocratique s’effondrerait le temps venu. Les images du rassemblement du CNRI, avec 100.000 iraniens et leurs partisans étrangers chantant pour un « Iran Libre » ont largement contribué à renforcer cet espoir. Pour nous militants, ce jour a toujours été une occasion spéciale. J’ai même suivi des messages de l’événement en prison. Des manifestations nationales de 2009, à la désobéissance quotidienne que les iraniens d’origine démontrent, il a toujours été clair pour moi que l’écrasante majorité de la communauté soutenait une cause commune avec le réseau d’activistes auquel j’ai dédié mes efforts», ajoute-t-il.
« Je me réjouis de pouvoir contribuer à cet effort cette année. Les décideurs mondiaux se sont progressivement rendu compte du besoin impérieux de changement de régime en Iran, et maintenant je serai personnellement en mesure de porter ce cas devant une audience internationale. Si je suis chanceux, mon histoire et celle d’autres évadés récents de la République islamique atteindront les oreilles de bon nombre de politiciens importants et des spécialistes qui seront là. En tout état de cause, je sais que le message plus large est déjà clair pour eux. La modération du gouvernement iranien n’est pas une possibilité réaliste. La liberté et la démocratie ne peuvent être garanties que par un changement de régime. Je suis convaincu que les rangs de ces partisans occidentaux continueront à gonfler au fur et à mesure que l'image de la répression iranienne et de l'ingérence régionale se fera plus claire. » .
« Certains en Occident persistent apparemment dans leur optimisme au sujet des perspectives de l'Iran sous la présidence d’Hassan Rohani. Ma présence et celle d'un certain nombre de mes collègues activistes aidera sûrement à faire comprendre le fait que l’Iran ne montre aucune tendance à la modération. La répression sur le plan national et l’agression étrangère sont toutes les deux dangereuses sous Rohani. Le premier continue d’envoyer les dissidents iraniens, les activistes, et les artistes soit en prison ou en exil en dehors du pays. Et le dernier contribue à la crise grandissante des réfugiés, grâce au soutien indéfectible de l’Iran au dictateur syrien Bachar el-Assad.»
Il conclut sur ces mots : « Je sais d’expérience à quel point l’événement du 9 juillet sera émouvant pour les dissidents iraniens et les activistes de chez nous. Il est important que les gouvernements occidentaux prêtent attention à son message. Ce même message résonne de Paris et de la majorité silencieuse des Iraniens de chez nous : « Oui à un Iran Libre ».