
Aucune contestation sociale n’est tolérée par le régime. Et les soulèvements populaires de 2009 en sont un autre témoignage. Comment peut-on qualifier de modéré un gouvernement qui interdit toute expression collective ? Depuis qu’il est le président, M. Rohani s’est servi des autorités judiciaires pour promulguer un décret permettant l’interdiction des grèves et des manifestations, afin de faciliter la répression des protestations ouvrières et enseignantes à travers le pays.
Car ouvriers comme enseignants sont de ceux qui ont perdu le plus. La politique de la guerre et les sanctions occidentales justifiées par le non respect des règles internationales en matière de droits de l’homme ont rendu l’économie du pays exsangue, accélérant encore les possibilités de révoltes. Le serpent se mord la queue. Plus le régime réprime ses opposants, plus il subit de sanctions liées aux droits de l’homme, plus son économie se tarit, plus le peuple est pauvre et affamé, plus il se révolte, et plus le régime réprime ses opposants.
En ce 1er mai 2016, deux syndicalistes, Jafar Azim Zadeh, syndicaliste ouvrier, et Ismaël Abadi, syndicaliste enseignant, incarcérés dans la prison d’Evine pour avoir simplement voulu défendre leur dignité d’êtres humains, ont décidé d’entamer une grève de la faim, en soutien à tous les hommes et toutes les femmes privés de liberté pour leurs opinions. Inutile de préciser que les droits syndicaux ne sont pas plus respectés en Iran que les droits de l’homme. En septembre dernier, c’est le syndicaliste Shahrokh Zamani qui fut assassiné dans les geôles de la prison d'Evine, pour avoir lancé un appel au rassemblement des causes ouvrières, enseignantes et infirmières entre autres. En France aujourd’hui, on appellerait sans doute cela une convergence des luttes. Lutter pour sa dignité mérite-t-il la peine de mort ?

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« Le peuple méprise la mort, parce que sa vie est trop dure. Ce qui fait qu’il méprise la mort. Seul celui pour qui la vie n’est pas trop dure peut apprécier la vie. » Lao Tseu, Tao-tö king.
Car c’est bien là que se situe la vérité. A force de répression et de politique de la peur, le gouvernement des tyrans Iraniens ne trouvera plus en face de lui qu’une population ne redoutant plus de mourir pour une cause. Et que fera-t-il alors ? L’économie Iranienne est exsangue, la détermination du peuple ne faiblit pas. Le 24 avril dernier, on a compté pas moins de 6 manifestations au cœur même de la capitale, Téhéran. Entre autres, près de 6 000 routiers ont refusé de continuer à travailler, protestant contre le pillage de leurs salaires par les dignitaires du régime.
Mieux, l’ancien chancelier de l’université de Téhéran, le Dr. Mohammad Maleki, ancien prisonnier politique et assigné à résidence par le régime a lancé le 22 avril dernier un véritable appel à la révolte populaire : « Chers étudiants et professeurs, je vous exhorte à vous lever et protester. » Le message est clair. A 83 ans, et pourtant déjà arrêté à de nombreuses reprises, le Dr. Maleki ne désarme pas.
Si l’on ajoute à cela les propos tenus par Hamidreza Haji-Babai, ancien ministre de l’éducation, précisant que « le pays est sur le point de s'effondrer » économiquement parlant, nous avons là réunies toutes les circonstances qui pourraient amener à une véritable révolution au pays d’une culture pluri-millénaire. Afin d’éviter le bain de sang dans lequel les médias occidentaux sauront tremper leurs plumes pour augmenter leurs tirages, il est urgent de soutenir le peuple iranien dans sa lutte quotidienne pour sa liberté et sa dignité, jusqu’à la destitution du régime des mollahs.