
Ce n’est pas seulement contre le transfert inhumain qu’ils ont du subir qu’ils ont décidé de protester en refusant de s’alimenter, il y a maintenant 34 jours, mais aussi contre les pressions généralisées imposées aux prisonniers, et plus largement contre « quatre décennies de répression, d'agression et de violations des droits humains » qui « ont été infligées au peuple iranien ». S’ils peinent à attirer l’attention des médias internationaux, une grande vague de soutien a émergé au sein des prisons et autour de la diaspora iranienne à travers le monde.
Les prisonniers de conscience, aujourd’hui dans un état de santé alarmant, ont obtenu le soutien d’autres prisonniers politiques ailleurs en Iran. Un groupe de détenus de la prison d’Ardebil a conduit une grève de la faim de sept jours, du 24 au 30 août, en solidarité avec leurs camarades de Gohardacht. Ali Moezzi, un prisonnier politique détenu dans la grande prison de Téhéran, et Arash Sadeqi, prisonnier dans le quartier 350 de la prison d’Evine, les ont également soutenu à travers des communiqués. Golrokh Iraei, Atena Daemi et Maryam Akbari Monfared, trois prisonnières de conscience à Evine, ont envoyé une lettre de soutien pour, notamment, rendre hommage à la résistance des grévistes de Gohardacht et appeler « les ONG défenseurs des droits de l’homme, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iran (Mme Asma Jahangir), le Secrétaire général de l’ONU et tous les militants politiques [du] pays à agir immédiatement pour [leur] sauver la vie, parce que le silence et l’inaction sont une couverture politique à la poursuite de la violation généralisée des droits de l’homme en Iran. »
C’est la situation de tous les prisonniers politiques d’Iran qui est en jeu dans ce mouvement de solidarité, au dessus duquel plane le souvenir du massacre des 30 000 opposants en 1988.
Le célèbre professeur Mohammad Maleki, ancien recteur de l’université de Téhéran, ancien prisonnier aujourd’hui interdit de passeport, a publié un communiqué pour appeler à la mobilisation de l’opinion publique, communiqué dans lequel il manifeste sa mobilisation pour que les responsables du massacre de 1988 soient traduits en justice, exprimant sa reconnaissance pour « tous ceux qui ont participé à cette campagne à travers le monde entier », et attirant du même coup l’attention « sur tous les prisonniers politiques de la prison de Gohardacht ».
Pour sa part, le Conseil national de la Résistance iranienne, représentant l’opposition en exil, a appelé les organes de l’ONU à prendre des mesures urgentes pour sauver la vie des prisonniers politiques.
À Paris sur l’Esplanade des Invalides, une manifestation a eu lieu samedi 26 août, et des mouvements de solidarité semblables ont eu lieu dans de nombreuses villes à travers le monde.
Des personnalités francophones ont par ailleurs exprimé leur profonde préoccupation. Gérard Deprez, président de l’intergroupe des « Amis d’un Iran Libre » au Parlement européen, a déclaré un communiqué de presse : «Nous renouvelons notre appel lancé il y a dix jours à la communauté internationale, notamment au Président du Parlement européen, Antonio Tajani, la Haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, et le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, à prendre des mesures urgentes pour faire pression sur les autorités iraniennes afin qu’elles respectent les droits des prisonniers politiques dans la prison de Gohardacht. »
Lors de l’une des trois expositions qui se sont tenues dans les mairies du 1er et de 2ème arrondissements de Paris pour éveiller les consciences sur la situation des prisonniers, Jean-Claude Jegoudez, Maire de Grisy-Sur-Seine a partagé son trouble vis-à-vis du massacre de 1988 resté impuni et a déclaré espérer une action rapide de l’ONU pour sauver la vie des prisonniers de Gohardacht.