Il existe donc peu de chance que les deux présidents s’alignent sur une même ligne politique vis-à-vis du régime des mollahs. A moins que les récents événements balistiques du côté de Téhéran n’accélèrent les choses…
A peine 5 jours après cette rencontre au sommet, et alors que le président Rohani comptait également au nombre des participants de l’assemblée générale de l’ONU, l’Iran annonçait fièrement avoir réalisé de nouveaux essais balistiques. Le missile en question, baptisé Khorramshahr, a fait l’objet d’un défilé militaire le 22 septembre avant d’être lancé le lendemain. Ce missile d’une portée de 2 000 km selon les dires d’Amir Ali Hajizadeh, commandant en chef de la force aérospatiale du corps des gardiens de la révolution, peut transporter plusieurs ogives nucléaires, toujours selon les mêmes sources.
Ce petit acte balistique pourrait presque passer pour normal dans un Moyen-Orient région où les bombes pleuvent presque tous les jours. Mais il n’en est rien. D’abord, parce qu’en officialisant ce lancement, l’Iran affiche son dédain à la communauté internationale. En effet, selon la résolution 2231, le régime des Mollahs n’est plus en droit de procéder quelque recherche que ce soit concernant l’arme nucléaire. Et l’on peut se douter que le développement de tels missiles n’a pas pour but de tirer éternellement à blanc.
De surcroît, il y a déjà quelques mois, en avril, l’opposition Iranienne dévoilait une nouvelle base militaire des pasdaran (le corps des gardiens de la révolution), non déclarée aux inspecteurs de l’AIEA (agence internationale de l’énergie atomique). Ils poursuivent en démontrant que le régime Iranien continue secrètement ses expérimentations en vue d’obtenir l’arme nucléaire. Pour les plus sceptiques, rappelons que ce sont ces mêmes opposants au régime qui ont été les premiers à signifier à la communauté internationale la présence d’essais et de recherches sur l’arme nucléaire de la part du régime Iranien. Informations depuis largement vérifiées.
La constitution Iranienne, ou la volonté d’un état islamique sans frontière
Si l’on associe à ses derniers mouvements la volonté affichée des mollahs de conquérir le monde (et l’expression n’est en aucun cas galvaudée ici, comme nous allons le voir), il apparaît effectivement urgent qu’une inspection de l’AIEA ait lieu dans les plus brefs délais… Voire plus si pas d’affinités. Et pour se convaincre de cette volonté hégémonique d’un islam fondamentaliste à la sauce chiite, il n’est qu’à tendre l’œil pour lire les déclarations des hautes personnalités Iraniennes. En voici un florilège :
Le 22 septembre 2017, Mollah Kazem Sediqi, représentant du Guide suprême à la prière du vendredi à Téhéran : « Nous avons mené une révolution en Iran, mais aujourd'hui nous jouons aussi un rôle de défense en Syrie, notre réputation est aujourd'hui connue dans toute l'Afrique, même au Nigeria. » Et de poursuivre un peu plus loin : « L'Irak est-il aujourd'hui notre voisin ? Non, c'est nous-mêmes. Aujourd'hui, le Hashd al-Sha (milices chiites) de l'Irak et le gouvernement irakien se battent à nos côtés. Le Hezbollah libanais est l'un des miracles de notre révolution ... notre Islam [Lire ‘‘extrémisme et fondamentalisme’’] va bientôt placer le monde sous la bannière du Velayat-e-faqih (Guide Suprême) ! »
Toujours le 22 septembre 2017, Hassan Rohani, président Iranien fraîchement ‘réélu’ : « Que vous le vouliez ou non, nous défendrons les opprimés du Yémen, de la Syrie et de la Palestine, et nous renforcerons nos capacités militaires et de défense dans la mesure du possible. »
Le 13 septembre, Ali Sa’idi, représentant de Khamenei (guide suprême) auprès des Gardiens de la révolution : « Aujourd'hui, l'Irak et la Syrie servent l'islam. Parfois, on nous demande ce que fait notre pays dans les affaires de la Palestine, de la Syrie, de l'Irak et du Liban ? ... Nous disons que nous avons une responsabilité dans le monde : celle de préparer le terrain pour la mondialisation de l'islam ».
Et on pourrait en citer des dizaines d’autres tant les velléités d’expansion de la révolution islamique Iranienne sont fortes. Si fortes qu’elles sont d’ailleurs inscrites dans la constitution ! De fait, la volonté de l’Iran n’est pas d’élargir ses frontières au sens où nous l’entendons habituellement. Le régime considère déjà la Syrie et l’Irak sous sa coupe et espère bien poursuivre sa domination sur l’ensemble de la région avant de conquérir le monde entier. Et ce n’est pas une blague !
Si l’on voulait résumer la situation des derniers mois, on pourrait dire ceci :
- Le régime Iranien avoue avec force cynisme qu’il a fait ce qu’il fallait en débarrassant la terre de 30 000 hérétiques durant l’été 1988, en les exécutants et en leur offrant des fosses communes ;
- Le régime Iranien provoque ouvertement la communauté internationale en affichant ses nouveaux progrès dans les essais balistiques à visées nucléaires ;
- Le régime Iranien avoue soutenir toute révolution islamique tournant à son avantage dans les pays de la région et déclare vouloir faire de ce monde un monde régit par le seul guide suprême.
l se pourrait effectivement que les choses s’accélèrent et que nos deux présidents s’entendent rapidement sur les actions à mener face au régime des mollahs Iraniens.