
L'Iran a procédé en 2015 à l'exécution d'un millier de prisonniers, soit un record depuis deux décennies, indique le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'homme dans la république islamique.
Ahmed Shaheed s'inquiète des exécutions d'adolescents criminels âgés de moins de 18 ans, ce qui est « strictement et sans équivoque interdit par le droit international ». Il y a eu « un accroissement stupéfiant des exécutions qui ont concerné 996 prisonniers l'an passé, soit le plus haut niveau depuis 2 décennies », a déclaré le rapporteur.
« Un grand nombre de ces exécutions sont liées au trafic de drogue. Dans le droit iranien, la possession de 30 grammes d'héroïne ou de cocaïne est passible de la peine capitale », a-t-il rappelé. Ahmed Shaheed note des problèmes de fond demeurent concernant la procédure judiciaire et l'équité des procès. « Je continue à recevoir des témoignages fréquents et alarmants sur le recours à l'isolement prolongé ou le confinement au secret, à la torture et aux mauvais traitements, sur le manque d'accès à un avocat ou l'utilisation comme preuves de confessions obtenues sous la torture », note-t-il.
Des centaines de journalistes, de blogueurs, de militants et de membres de l'opposition « dépérissent actuellement dans des prisons ou des centres de détention en Iran », a-t-il rappelé.
Dans une interview avec l’agence de presse officielle Mehr, le 25 février 2016, Chahindokht Molaverdi, adjointe de Rohani aux Affaires des Femmes et de la Famille, a reconnu une partie du bilan criminel du régime iranien et la dimension inédite des exécutions. «Il y a un village au Sistan-et-Balouchistan dont tous les hommes ont été exécutés », a affirmé Molaverdi. « Si l’homme d’une famille commet un crime, sa femme et ses enfants doivent-ils être punis ? Dans de nombreux cas l’homme d’une famille a été jeté en prison pour trafic de drogue ou tout autre crime et la police a confisqué ses biens alors que sa famille n’avait pour seul abri qu’un petit appartement... Ils ont confisqué le seul logement d’une famille, sans tenir aucun compte de ce qu’une femme et ses trois enfants peuvent bien faire (sans endroit où vivre). »
Ce sont des exécutions que Rohani a cautionnées avec démagogie en disant : « Lorsque quelqu’un est condamné à mort, c’est la loi qui l’a condamné et il sera puni, et cela nous regarde pas. Il s’agit soit de la loi divine, soit d’une loi ratifiée par le parlement, qui appartient au peuple. Nous ne sommes que des exécutants. » (Agence de presse officielle Tasnim, 19 avril 2014).
Il y a deux ans et demi, lorsque Rohani est devenu président de la théocratie, il a prétendu être un modéré. Quoi qu’il en soit, les statistiques faisant état de 2300 exécutions trahissent la véritable nature du régime dans sa totalité, y compris de son président démagogue Rohani.
Dans son rapport annuel publié, Amnesty International écrit : « Des châtiments cruels ont été appliqués ; des condamnés ont notamment été rendus aveugles, amputé ou fouetté. Les tribunaux ont prononcé des condamnations à mort pour toute une série de crimes ; de nombreux prisonniers, dont au moins quatre mineurs délinquants, ont été exécutés. De nombreux procès, dont certains ont abouti à une condamnation à mort, ont été manifestement iniques. Les accusés avaient le plus souvent été détenus avant leur procès pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, durant lesquelles ils n'avaient eu que peu, ou pas du tout, la possibilité d'entrer en contact avec leur avocat ou leur famille. Ils avaient été contraints de rédiger ou de signer des « aveux », retenus comme principale preuve à charge dans une procédure inéquitable. »