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Cette fête ancestrale des perses célèbre l’arrivée prochaine du Nouvel An iranien avec le premier jour du printemps. Les gens sortent nombreux dans les rues et sautent sur des feux de joie en formulant le vœu que la nouvelle année augure des jours meilleurs. Les Iraniens célèbrent cette fête depuis la période préislamique, mais les mollahs s’y opposent farouchement, en le dénonçant comme une fête païenne et en interdisent sa tenue sur la place publique.
Le brigadier-général des pasdaran Hossein Rahimi, commandant de la Police du Grand Téhéran, a averti le 9 mars que ceux qui provoqueraient « l'insécurité » lors de la fête du feu seraient arrêtés. « La police est déterminée à réprimer les fauteurs de trouble et les perturbateurs de la sécurité et de la tranquillité publique », a-t-il déclaré, précisant que cette année la saisie de pétards a augmenté de 135 pourcent par rapport à l'année dernière.
Les résistants iraniens
Les autorités iraniennes craignent particulièrement les activités des réseaux des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI), l’organisation de résistance en Iran qui a appelé à faire de cet évènement un sursaut citoyen pour manifester le rejet du peuple pour la dictature des mollahs. Les militants et sympathisants de l’OMPI qui ont été particulièrement actifs lors des manifestations de janvier, se sont lancés dans de vastes activités à travers l'Iran à la suite de l’appel à la mobilisation du département social du mouvement qui lutte depuis plus d’un demi-siècle pour la démocratie en Iran.
Les militants de l’OMPI ont distribué des tracts et des dépliants à l'appui de cet appel dans des dizaines de villes dont la capitale. L'appel à la mobilisation a été repris dans les déclarations publiques des commerçants du bazar, des associations étudiantes et divers groupes sociaux dans le pays. Une activité particulièrement visible sur les médias sociaux et dans le cyberespace a donné une impulsion considérable au mouvement. Le hashtag "dictateur en feu", a été largement utilisé avec des photos et des clips d'activités anti-régime, reflétant l'esprit de la campagne de la fête du feu de cette année.
La veille de la célébration de cette fête millénaire, la « cyber-armée des pasdaran » a posté sur sa chaîne Telegram le message suivant: « A la lumière du récent appel lancé par l'OMPI pour la fête du feu dans le but de troubler la sécurité du pays, la population doit veiller à célébrer cette journée chacun dans sa cour, dans la paix et la sécurité et en dégustant des kebab en famille et ne pas apparaître dans la rue, et ne pas permettre aux enfants ainsi qu’aux adolescents d'utiliser des pétards et des feux d’artifice ou d'aller dans la rue. »
Par ailleurs, Abolhassan Firouzabadi, Secrétaire du Conseil suprême du cyberespace, a exprimé sa crainte au sujet de la campagne de l’opposition et s’est dit prêt à ralentir éventuellement le flux de l’internet et bloquer les réseaux sociaux. « Telegram sera filtré au besoin », a-t-il confié à l’agence de presse ISNA, le 12 mars.
La fête du Feu a été célébrée cette année comme un défi à la dictature. La population iranienne profite de chaque rassemblement, chaque évènement public et célébration populaire pour manifester son opposition à la dérive totalitaire des mollahs. Depuis les incidents de janvier le régime est particulièrement fragilisé et ses responsables évoquent en publique « une période de grands dangers » et le risque pour le régime de ne pas survivre à son 40ème anniversaire. Une inquiétude qui n’est pas fausse, car les Iraniens semblent déterminés à conquérir leur liberté.