La FIDH, la LDH, les Defenders of Human Rights Center (DHRC) et la Ligue iranienne de défense des droits de l’Homme (LDDHI) exigent que la question des droits humains en Iran soit au centre des discussions entre Rohani et Hollande lors de leur rencontre, le 17 novembre prochain, à Paris.
Leur communiqué conjoint déclare : « Les violations des droits humains ont considérablement augmenté depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel président iranien et elles ne sauraient être occultées par les négociations sur la Syrie. Pendant des années les gouvernements démocratiques se sont cachés derrière les négociations sur le nucléaire pour ne pas évoquer avec l’Iran la question des droits humains. Aujourd’hui, c’est la Syrie. Personne ne doit se satisfaire d’une situation où les négociations syriennes avancent et ou les droits humains en Iran reculent. Il faut une approche globale et cohérente de toutes les parties, y compris la France.
Les organisations rappellent qu’aujourd’hui en Iran :
- plus de 800 personnes ont été exécutées les neuf premiers mois de l’année 2015, un record depuis 1989
- la justice continue de condamner des personnes à des traitements inhumains : amputations, entailles dans les yeux, tests de virginité, flagellations, etc.
- près de 1000 personnes ont été condamnées à de longues peines de prison pour des motifs purement politiques ou pour leurs activités de défense des droits humains
- les droits des femmes continuent d’être bafoués
- les minorités religieuses et ethniques sont persécutées et de nombreux croyants (Baha’i, Chrétiens, Dervish, Sunnites, etc) ont été emprisonnés en raison de leur foi
Trois défenseurs des droits humains affiliés aux organisations membres de la FIDH en Iran sont actuellement emprisonnés : Narges Mohammadi, Abdolfattah Soltani et Mohammad Seifzadeh. Nos organisations appellent Monsieur Hollande à intervenir auprès de son homologue iranien pour obtenir leur libération ainsi que celle de tous les défenseurs des droits humains emprisonnés dans le pays.
Cette rencontre doit également être l’occasion pour le Président français de demander des garanties en vue des élections législatives de février 2016, sur l’organisation d’un scrutin libre et transparent, conforme au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par l’Iran. »
L’appel des intellectuels pour stopper les exécutions en Iran
Par ailleurs une quarantaine d’intellectuels ont signé un appel, paru aujourd’hui dans le journal Le Monde, pour dénoncer le fléau des pendaisons en Iran et souligner qu’aucune considération politique ou commerciale ne peut justifier de fermer les yeux sur la situation calamiteuse dans laquelle vivent les Iraniens.
Une manifestation est prévue pour appuyer cet appel le lundi 16 novembre au Parvis des droits de l’Homme. Voici le texte de l’appel et la liste des signataires :
Nous sommes profondément préoccupés par la situation des droits de l'homme en Iran et le nombre croissant d'exécutions.
Amnesty International a rapporté que de janvier à la mi-juillet 2015, environ 694 exécutions ont été enregistrées en Iran. Cela revient à exécuter plus de trois personnes par jour. L’ONG précise que " le nombre d'exécutions au premier semestre 2015 brosse un tableau sinistre de l'appareil étatique qui procède à des homicides judiciaires prémédités à grande échelle".
Depuis deux ans que le « modéré » Hassan Rohani est à la présidence en Iran, 2000 personnes, dont 57 femmes, ont été exécutées, certains en public pour terroriser la population.
Selon Ahmed Shaheed, le Rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l'homme en Iran, ce pays « continue d'exécuter plus d’individus par habitant que l’ensemble des autres pays dans le monde. »
M. Hassan Rohani a défendu ces exécutions en affirmant qu’ «il s’agit de l’application de commandements divins ou de lois adoptées par le parlement ».
Le régime iranien a jusqu'à présent exécuté 120.000 de ses opposants, dont 30% de femmes. L'actuel ministre de la Justice a été désigné par les organisations de défense des droits humains comme "le ministre de la mort" pour son implication dans le massacre de 30.000 prisonniers politiques en été 1988.
Les femmes sont les premières victimes du régime misogyne au pouvoir en Iran. Au cours de l'année dernière des dizaines d’Iraniennes ont été la cible d'attaques à l'acide sous le prétexte d’être mal-voilées. Les libertés d'expression et de réunion sont inexistantes et la répression des minorités religieuses et ethniques se poursuit sans relâche.
Les exactions systématiques en Iran sont inscrites dans la Constitution, le code pénal et le droit civil iranien. La lapidation, l’énucléation des yeux et l'amputation sont des formes de ces châtiments.
La communauté internationale ne peut rester indifférente à ces atrocités, pour lesquelles le peuple iranien taxe à juste titre le régime des mollahs de géniteur de Daech et de ses pratiques. Aucune considération politique ou commerciale ne peut justifier de fermer les yeux sur cette situation.
Même dans une perspective de realpolitik, l'intérêt à long terme de notre nation serait mieux protégé en restant fidèles à nos valeurs et nos principes, en nous associant à ceux qui recherchent la démocratie, le respect des droits humains et la séparation de la religion et de l’Etat.
Par conséquent, nous invitons la France et le Président de la République à la fermeté contre les violations des droits humains en Iran dans les échanges avec ce pays.
Signataires :
Audrey Alwett (écrivain), Georges Aperghis (Compositeur), Robert Badinter (ancien Garde des Sceaux), Elisabeth Badinter (Philosophe), Patrick Baudouin (Président d’honneur de la FIDH), Brigitte Bellac (auteure scénariste), Pierre Bercis (président des Nouveaux droits de l’Homme), José Bové (eurodéputé), Jean-Pierre Bequet (ancien député-maire), Ingrid Betancourt (ex-otage), Hervé Bismuth (enseignant-chercheur), Yves Bonnet ( Préfet honoraire, écrivain),William Bourdon (avocat), Sorj Chalandon (écrivain), Huguette Chomski Magnis (Secrétaire générale, Coordinatrice du Collectif Contre le Terrorisme), François Colcombet (ancien député et magistrat), Erica Dauber-Ziegler (Historienne des arts), Annie Ernaux (écrivain), Odile Favrat (militante syndicale), Mgr. Jacques Gaillot, André Glucksmann (philosophe),Elise Groulx Diggs (Avocate), Elisabeth Helfer-Aubrac (enseignante-officier des Palmes académiques), Renaud Helfer-Aubrac (petit fils du couple Aubrac), Henri Leclerc (Président d’honneur de la LDH), Brigitte Lemaine (sociologue et réalisatrice), Damarys Maa Marchand (Présidente de la Fédération Nationale des Femmes Africaines de France et d'Europe), Andrée Michel (directrice honoraire de recherche au CNRS), Jean-Pierre Michel (parlementaire honoraire)Gilbert Mitterrand (Pdt Fondation Danielle Mitterrand - France Libertés), Virginie Molinier (avocate), Maudy Piot(présidente de l’association Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir), Alain Piot (Sociologue), Sapho (Chanteuse, écrivain), Olivier Steiner (écrivain), Alain Vivien (Ancien ministre), Rama Yade (ancien secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme), Jean Ziegler (sociologue, membre du Comité consultatif du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU)...