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Billet de blog 18 mai 2017

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L’enjeux de l'élection présidentielle en Iran

Avec l’élection d’Hassan Rohani en 2013, présenté comme un « réformateur », d’aucuns avaient espéré que non seulement la situation économique allait s'améliorer, mais que les droits de l'homme seraient mieux respectés. Il n'en a rien été. Les exécutions capitales de mineurs et la violation des libertés publiques sont toujours les mêmes dans ce pays antique.

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Illustration 1
Le guide suprême voudra éviter une répétition du soulèvement de 2009, lorsque d'intenses manifestations de rues avaient failli renverser son régime.

Rien n’ont plus n’a été fait pour contrer la mainmise néfaste des gardiens de la révolution (pasdaran) sur la politique et l’économie iranienne . Rohani s’est même targué le 18 avril dernier que le budget militaire sous son mandat a augmenté de 145%.

Avec l'installation d’un nouveau président à la Maison-Blanche, qui a annoncé vouloir serrer le jeu avec Téhéran, on s'interroge sur l'issue des élections prochaines en Iran. Le « modéré » Rohani sera-t-il maintenu, ou le guide suprême imposera un dur du genre d’Ebrahim Raïssi qui comme titre de gloire a été mêlé au massacre de prisonniers politiques en 1988 ? Ce choix dépendra sans doute du message qu'il voudra envoyer à son peuple mais aussi à ses « partenaires » occidentaux. Il est évident en effet que depuis l’avènement de l’état « islamique » en Iran, le choix des présidents a toujours été fait en fonction de la politique menée par le guide. Et en fonction aussi de l'image qu'il voulait envoyer de son pays. Un jeu masqué toujours. Parfois un jeu de dupes. Les présidents « modérés » ont souvent été utilisés pour dissimuler des pratiques qui n'avaient rien de modéré.

Ce qui est sûre, c’est qu’une partie de la population, notamment les jeunes, a d'ores et déjà choisi de boycotter le scrutin, qui n’a d’élection que le nom. La contradiction entre un système théocratique dominé par un « guide » et un système électoral dite « moderne » est une réalité qui exclue toute évolution démocratique dans le système iranien. Les mollahs n’hésitent pas eux-mêmes à qualifier de « démocratie guidée », l'encadrement de l’élection par un organe de « sélection ». Selon ce processus contrôlé par le Conseil des gardiens de la constitution, le candidat doit tout d’abord répondre aux six conditions prévues par la constitution, notamment celui d'être « un homme (et pas une femme) politique croyant » et « fidèle à l’Islam et aux fondements de la république islamique d'Iran ». Le moindre écart vis-à-vis du Principe du Guide suprême disqualifiera le candidat.

 Le régime est extrêmement inquiet de l’ampleur de l’abstention d’autant plus sur les réseaux sociaux des appels aux boycott et une campagne rejetant les candidats se multiplie. On peut y lire souvent les slogans : « Ni le charlatan, ni le bourreau, notre vote est le renversement du régime ».

Cette campagne ne se limite pas sur les réseaux sociaux mais est également visible sur les mûr ou affiché dans la capitale ou en province. On constate notamment une forte intense activité des militants et sympathisant des Moudjahidine du peuple et en faveur du leader de l’opposition Maryam Radjavi qui est évidemment interdite de se présenter, du fait d’être dans l’opposition ou d’être une femme. Les médias du régime signale cette activité avec amertume : « récemment les activités des Monafeghine (Moudjahidine du peuple) pour influer sur l’élection se sont multipliés » (3 mai, l’agence Fars).

 Le guide suprême voudra éviter une répétition du soulèvement de 2009, lorsque d'intenses manifestations de rues avaient failli renverser son régime. Or la nouvelle conjoncture des crises multiples du régime, l'amplitude sans précédent des luttes intestines et la dégradation sensible de l’autorité du Guide Suprême, font de cette élection un enjeu inédit, où se jouera le sort du régime.

Les réseaux de la résistance iranienne multiplient les affichages à travers le pays © CNRI France

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