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Pourtant, les principaux responsables de ces massacres, l’ayatollah Khomeiny en tête, n’avaient jamais renié avoir exécuté des milliers de résistants dans le seul but d’effrayer la population pour mieux asseoir encore leur pouvoir. Et pire, alors que l’enregistrement audio de l’ayatollah Montazeri avait été publié sur le net en août dernier, certains hauts dignitaires de la théocratie au pouvoir réaffirmaient leur fierté d’avoir commis ce génocide presque 30 ans plus tôt.
Mais voilà. L’impunité ne peut durer toute une vie. Il est un moment où la vérité rattrape même le plus habile des manipulateurs. Et la voix de Montazeri alors qu’il était n°2 du régime et promis à la fonction de guide suprême, ressurgissant du passé comme un fantôme venu hanter les arcanes du pouvoir, cette voix d’outre tombe osant contredire la commission de la mort alors que les massacres battaient leur plein, cette voix donc, a réveillé le peuple Iranien et a résonné comme un écho supplémentaire permettant enfin à la résistance Iranienne de remettre le sujet au cœur des débats.
Un comité international pour le jugement des responsables du massacre.
C’est donc presque naturellement qu’un comité pour la justice pour les victimes des massacres de 1988 s’est constitué. Au sein de ce comité, on trouve de nombreux experts en droits humains, venus de toute la planète pour défendre la cause du peuple. Parmi eux, Ingrid Betancourt, Rama Yade ou Tahar Boumedra. Autant de personnalités, activistes ou non, spécialistes des droits de l’homme à travers le monde, prêts à en découdre sur le terrain judiciaire. Ils s’avancent en tête de proue d’un véritable mouvement international pour la reconnaissance du massacre et la traduction en justice des responsables de ces milliers d’assassinats.
Et le 21 septembre dernier, ils étaient tous présents à Genève pour demander au Conseil des droits de l’homme de l’ONU d’ouvrir une commission d’enquête sur ces massacres. Dans un discours de plus de 10 minutes en conférence de presse, Ingrid Betancourt n’a pas hésité à rappeler à l’audience les heures les plus sombres de l’histoire occidentale, faisant un parallèle entre le gouvernement du troisième Reich et le gouvernement Iranien en place depuis 1979. Les exécutions sommaires sur de simples présomptions, les simulacres de jugements, les exécutions en places publiques, les fosses communes dans lesquelles sont ensevelis plusieurs centaines (parfois des milliers) de cadavres, les rafles dans certains villages… Il faut dire que les méthodes sont très ressemblantes, et que les sentiments de supériorité et d’impunité sont également semblables.
Après le temps des crimes vient le temps du jugement.
Car il est temps désormais que les criminels soient punis pour leurs actes. Surtout que ces derniers occupent encore des postes à grande responsabilité dans la hiérarchie Iranienne. Mostafa Pour-Mohammadi le premier. Membre de la commission de la mort en 1988, il est encore aujourd’hui ministre de la justice de l’Iran. Comment la communauté internationale peut ne pas s’offusquer de cet état de fait ? Comment un homme qui a contribué à faire assassiner des milliers de ses concitoyens sous un prétexte fallacieux peut-il être encore ministre de la justice ? Mais ceci est très révélateur de l’impunité dont jouissent les dignitaires de la théocratie au pouvoir en Iran.
Nous verrons dans les semaines à venir quelles suites seront données à cette réunion exceptionnelle de Genève. Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU diligentera-t-il une enquête ? Ou bien les pressions des grands groupes financiers, préférant le statu quo pour continuer à remplir leurs portefeuilles au détriment de l’humain, feront-elles avorter ce qui se présente comme un espoir de justice pour les familles des victimes ? Personne ne peut encore se prononcer. Néanmoins, on ne peut que se féliciter que des personnalités aussi reconnues dans le monde se saisissent du dossier et le portent à la connaissance du monde, et le défendent devant la plus haute commission mondiale des droits de l’homme. Ces hommes et ces femmes qui osent combattre le fascisme étatique remettent un peu de lumière dans les yeux du peuple Iranien et de tous leurs soutiens à travers le monde.