Certains analystes assimilent la non-reconduction probable de cet accord par le président américain, le 12 mai, au déclenchement d’une nouvelle guerre au Proche-Orient. En dehors des spéculations, il convient cependant de ne pas se précipiter vers un jugement définitif, avant de jeter un coup d'œil sur la situation actuelle au Moyen-Orient.
Depuis sept ans, une guerre d’abord civile, à laquelle se sont mêlées les puissances régionales et internationales, a laissé plus de 500 milles morts dont des dizaines de milliers d’enfants, en Syrie. Une autre guerre civile à laquelle se sont aussi mêlées les puissances régionales et internationales, fait des ravages au Yémen. L’Irak s’engloutie chaque jour davantage dans les discordes ethniques et religieuse, où un génocide des sunnites a ouvert la porte à un Daech dont les horreurs ne se sont pas limités pas au Moyen-Orient mais aussi en Europe.
Il y a un dénominateur commun à tous ces conflits. Depuis le début du conflit syrien, la République islamique d'Iran a été le principal facteur de maintien du pouvoir de Bachar Al-Assad. Téhéran soutient également les rebelles Houthi au Yémen et leur fournit des armes comme les missiles balistiques qui ne cessent de cibler l'Arabie Saoudite. L'Iran s'efforce de reproduire son modèle du Hezbollah parmi les groupes paramilitaires en Irak (les milices Hachd al-Chaabi) et ailleurs. L'Iran toujours, a mis de côté les différents chiites-sunnites pour élargir ses relations avec les talibans en Afghanistan, tout comme il l'a fait avec Al-Qaïda dans le passé, pour causer un maximum d’ennuis aux ennemis communs. Quelques soient leurs analyses, tous les observateurs retrouvent les empreintes digitales de l'Iran dans toutes les crises majeures au Moyen-Orient.
Le choix entre guerre ou complaisance?
Une étude objective des positions des analystes occidentaux sur les perspectives futures du Moyen-Orient révèle deux approches radicalement opposées vis-à-vis de la politique expansionniste de la République islamique d’Iran.
La première approche tend vers la complaisance ; c'est la voie dans laquelle on s’est enlisée pendant presque toute l’existence de la République islamique, en particulier dans les négociations nucléaires, lorsque l'administration Obama a cédé une grande partie de l'influence politique et économique que l'Occident avait sur l'Iran. Cette approche est loin d’avoir contribué à un comportement plus fréquentable de Téhéran à l’échelle régionale et internationale. Même dans la foulée de l'accord nucléaire de 2015, et bien sûr après, on a assisté à une aggravation de la politique expansionniste de l’Iran dans la région et à une confrontation bien plus poussée contre la plupart des pays arabes de la région et contre l’Occident.
L'autre approche tend vers une intervention militaire, type guerre en Irak aux conséquences que l’on connait. A tout point de vue dramatique et contre-productive. Pendant toutes ces dernières années, les conséquences dévastatrices de l’invasion de l’Irak, ont d’ailleurs servi de meilleurs alibis aux adeptes de la politique de complaisance qui argumentaient qu’il faut à tout prix éviter une réplique dans la région, ce qui est tout à fait défendable.
Ce sont là les deux approches qui ont prévalu pendant toutes les quatre décennies où l’Iran des ayatollahs a généré des ravages dans le Moyen-Orient. Il est temps aujourd’hui de se mettre à l’évidence que c’est justement pour cela que l’Occident s’est buté à une impasse dans le règlement des crises régionales, parce qu’elle ne s’est pas rendue compte que la voie du salut réside dans une troisième approche.
Une autre approche
Cette troisième approche préconise un changement de régime politique depuis l’intérieur même de l’Iran. Ce pays est déjà doté d’un mouvement de résistance largement populaire qui a fait ses preuves lors des émeutes de décembre et janvier dernier, lorsque tout le pays a été secoué par une série de manifestations réclamant le départ du pouvoir en place. Il serait naïf d’attribuer tous ces mouvements de masse qui continuent d’ailleurs encore un peu partout en Iran, à un simple mouvement spontané. Dans un régime totalitaire et policier comme la théocratie des mollahs, aucun bouleversement ne pourrait se produire sans des structures organisées. Le peuple iranien semble avoir compris cette leçon après avoir subi plusieurs décennies de répressions sanglantes.
Les réseaux clandestins de la résistance se développent avec une vitesse vertigineuse au sein des diverses couches de la société. Le pouvoir islamiste est extrêmement inquiet et dénonce les ramifications à travers le pays de sa principale opposition : les Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI). Des clips sur ces activités circulent abondamment sur les réseaux sociaux que le régime n’arrive plus à contrôler.
Ce moment historique à l’intérieur de l’Iran, représente une occasion unique, que l’Europe et en particulier la France pourraient exploiter en déplaçant leur politique d’apaisement à l’égard de l’Iran, perçue d’ailleurs par le commun des Iraniens comme une ignorance de l’ampleur des atrocités de la théocratie iranienne, vers un soutien au peuple iranien et à sa résistance qui aspire à une république laïque et pluraliste.
Cette troisième approche est la meilleure occasion pour l’Europe et la France et les Etats-Unis tout en évitant la guerre, de se débarrasser de la politique expansionniste de la République islamique d'Iran et de son programme de missiles, et de ne pas faire obstacle à des perspectives très lumineuses pour l’Iran de demain et le Moyen-Orient.