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Billet de blog 30 juillet 2016

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Pourquoi la justice d’Allemagne a condamné deux agents iraniens

Inculpés par les procureurs fédéraux allemands le 8 avril 2016, deux iraniens ont été accusés, le 22 mars dernier, d’espionnage, pour le compte du régime de Téhéran. Le 19 juillet 2016, après 9 mois d’enquêtes et neuf jours de débats, la Cour de Berlin les a inculpé d'espionnage envers les moudjahidines du peuple d'Iran (Ompi) et le Conseil national de la Résistance (CNRI)

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Les services secrets allemands: les activités de l’appareil de renseignement du régime iranien en Allemagne se concentrent sur les activités de l’opposition iranienne, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Iran

Ces Iraniens installés en Allemagne agissaient sous les ordres du ministère des renseignements irnaiens (le VEVAK). Les réseaux d’espionnage des mollahs dans le monde sont contrôlés par la Vevak depuis Téhéran.

Dans un communiqué de 2014, le CNRI expliquait déjà les méthodes du Vevak en matière d’espionnage. « Une fois qu’un individu a gagné leur confiance, il est transféré en Europe ou dans d’autres pays ou encore emmené en Iran, selon la mission qu’ils veulent lui assigner. Actuellement, la priorité pour le régime est d’envoyer ces agents en Europe. Certains, candidats, sont d’abord secrètement transférés en Iran et une fois qu’ils ont reçu leur formation et instructions, ils retournent en Irak d’où ils sont envoyés en Turquie et finalement en Europe. » 

Lors de ce procès le tribunal a démontré, que Maysan Panahi et Saied Rahmani, deux agents des renseignements iraniens, avaient été expulsés par l’OMPI du Camp Liberty en avril 2013 et qu’ils s'étaient installés par la suite à l’hôtel Mohajer de Baghdad, un hôtel sous le contrôle de la Vevak (les services des renseignements du régime iranien). 

Cet hôtel a été dénoncé de nombreuses fois par le Conseil National de la Résistance Iranienne comme étant une filière de la Vevak, de la Force terroriste Qods des pasdaran en Irak, mais aussi comme un lieu de rencontre des agents en mission en Europe. 

Cela a été confirmé par le bureau du procureur fédéral allemand et par l’Office fédéral de protection de la Constitution. Selon un rapport daté de 2014 de la BVF (les services secrets allemands), « les activités de l’appareil de renseignement du régime iranien en Allemagne se concentrent sur les activités de l’opposition iranienne, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Iran. Plusieurs dizaines de membres de l’OMPI (accueillis en Allemagne pour des raisons humanitaires et venus en 2013 en Allemagne en provenance d’Irak) ont été intensément espionnés. Les activités du Vevak dans cet Etat se concentrent sur l’obtention d’informations sur les membres de l’OMPI et du CNRI. En outre, les services secrets iraniens poursuivent leurs activités dans le domaine de propagandes visant à discréditer et ternir l’image de l’OMPI. »

Selon des documents judiciaires, Maysan Panahi et Saied Rahmani ont été recrutées par le Vevak, après leur départ du mouvement d'opposition. Ils ont par la suite exploité leur statut de réfugié afin de pouvoir résider en Allemagne et ainsi travailler pour le Vevak dans les pays européens.

Le jugement a mis en lumière le fait qu’ils avaient transmis des informations sur les membres de l'OMPI en France, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et aux États-Unis mais aussi menés des campagnes de recrutement pour le réseau d'espionnage;

Et qu’en dépit de leur statut de réfugié, ils ont pu voyager en Iran avec le soutien des ambassades du régime, dans le but de recevoir des formations d'espionnage et des instructions.  

De plus, selon l'aveu même de Panahi, le Vevak extorque de ces mercenaires, des informations en particulier sur les installations et l’identité des résidents du camp d'Achraf et du camp Liberty. Rappelons que de 2009 à 2016, ces camps ont été soumis à au moins huit attaques militaires ou de tirs de roquettes, entraînant la mort de 141 personnes faisant plus de 1400 blessés. Les terroristes et les milices affiliées au régime iranien ont utilisé ces informations pour massacrer les réfugiés iraniens.

 Enfin, selon les témoignages et les preuves dévoilées à la cour, qui corroborent les rapports du Bureau pour la protection de la Constitution de l’Allemagne, il est désormais clair que le ministère du Renseignement du régime iranien créé des réseaux secrets en Allemagne, en essayant d'espionner et de répandre la désinformation pour discréditer et diaboliser la Résistance iranienne. Les cibles essentielles de ces activités sont l'OMPI et le CNRI, en tant que principale opposition au régime.

Dans sa sentence, le juge justifie sa décision dans le fait que les accusés ont abusé de la confiance des allemands. “Les Allemands le prenaient pour un opposant. Ils ont profité de leur confiance pour donner des informations à l'Iran." Le principal accusé Maysam Panahi a été condamné à deux ans et quatre mois de prison et à payer les frais du procès. Le deuxième suspect, Saeid Rahmani, a obtenu au cours de la procédure, l'obligation d'effectuer 100 jours de travail dans un organisme sans but lucratif.

Pour sa part, la ministre fédéral de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, a déclaré : « l'espionnage iranien en Allemagne est ni dans l'intérêt des bonnes relations entre les deux pays, ni constitutionnellement acceptable. C'est une violation flagrante de la loi et il en découle un mépris ciblé de la souveraineté allemande. Le régime iranien a transgressé les lois à plusieurs reprises en Allemagne, en dépit du rapprochement, malgré les excellentes perspectives vantées et contre l'intégrité de notre État, il viole les droits fondamentaux des citoyens d'origine iranienne qui travaillent dans l'opposition. » Elle ajoute : « C'est une erreur fondamentale de tolérer une telle pratique de l'État. »

La représentation allemande du Conseil national de la Résistance iranienne se félicite de la condamnation. Un communiqué a fait savoir que la poursuite des informateurs du régime iranien en Allemagne était une condition préalable à la sécurité des dirigeants de l'opposition,  des membres et sympathisants de la Résistance iranienne.

L’affaire en question n’est que la partie visible de l’iceberg du vaste réseau d’espionnage duVevak en Europe et en particulier en Allemagne;

Et montre à quel point le régime iranien craint les activités légitimes et légales du CNRI et de l’OMPI (MEK), en tant qu’alternative démocratique à ce régime.

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