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Billet de blog 30 septembre 2016

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Iran: Les appels à la justice du Dr. Maleki

Le Dr. Mohammad Maleki a été le premier directeur de l'Université de Téhéran après la révolution de 1979, a appelé dans un discours à Téhéran en présence des familles des prisonniers politiques, à une enquête internationale sur le massacre de plus de 30.000 prisonniers politiques en 1988 en Iran. Le courageux universitaire de 83 ans, est un militant des droits de l'homme persécuté par le régime.

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Illustration 1
Dr Mohammad Maleki, célèbre militant des droits de l'homme en Iran

Voici des extraits de son discours : « Nous vivons des jours spéciaux ; des jours que nous attendions depuis plusieurs années.  Ceux parmi nous qui ont fait les prisons dans les années 1980 connaissent très bien cette personne extrêmement folle, Mostafa Pour-Mohammadi (actuel ministre de la justice du gouvernement Rohani et membre de la "commission de la mort" en 1988). En 2009, il a tout nié et a déclaré que cela le massacre n’a jamais eu lieu. Et maintenant, il dit : « Nous avons bien fait, nous avons fait notre obligation religieuse (Charia), nous le ferons encore et nous sommes fiers de cela. »

« Moi, cependant, en tant qu’enfant musulman, un enfant qui a grandi dans les mosquées à l’intérieur du pays et dans les églises à l’extérieur, je ne comprends pas cette charia. Quelle est cette charia selon laquelle ils disent avoir fait leur obligation religieuse ?  Si la charia signifie tueries, exécutions, mensonges, vols, pillages et salaires fantaisistes…alors maudite soit cette charia par laquelle de pareilles choses arrivent. Mais si la charia signifie justice, liberté, égalité, et droits égaux, alors nous l’acceptons et recherchons la justice selon cette charia…

« Aujourd’hui, les faits sont clairs et certainement d’autres faits deviendront clairs plus tard. J’ai spécialement écrit dans la lettre que nous demandons à connaître les faits à propos des 8 ans de guerre (entre l’Iran et l’Irak) qui ont détruit des centaines de milliers de jeunes iraniens et d’étudiants, et où selon Hashemi Rafsanjani (ancien président du régime iranien) 36 mille enfants qui ont été envoyés au front (par le régime) ont été anéantis. Nous voulons que la vérité soit révélée.

« Nous n’avons pas l’intention d’exécuter quiconque ou de causer la violence, parce que nous sommes membres du LEGAM, l’abolition de la peine de mort étape par étape. Nous n’exécuterons aucun d’entre eux. Nous voulons qu’ils avouent quels étaient leurs crimes, et ensuite les laisser aller au peuple s’ils osent.

« Nous recommandons au peuple de ne même pas les toucher. Qu’ils crachent seulement sur le sol quand ils les voient (ces criminels). Le mouvement de recherche de la justice doit se répandre, puisque la question est heureusement en train d’être débattue par les organes internationaux maintenant, de sorte que dans le futur, aucun groupe, aucune classe, aucun parti, et aucune organisation n’osera commettre de tels actes. »

Illustration 2
Le massacre de plus de 30.000 prisonniers politiques en 1988 en Iran: un crime contre l'humanité dénoncé par Amnesty international et le FIDH

Le 29 août, dans une interview qui a été publié sur Internet , le Dr Mohammad Maleki, a fait d’autres commentaires sur les réactions de l’Assemblée des experts du régime iranien et le mollah Pour-Mohammadi, ministre de la justice, au sujet de la publication de l’enregistrement audio de l’Ayatollah Montazeri :

« Beaucoup de choses nous étaient arrivées en prison avant que nous ne sortions dans les années 1980. Quand on le disait aux gens, ils ne croyaient pas, jusqu'à il y a quelques années, personne ne le croyait. Ils pensaient que c’était de l'hypocrisie et les mêmes paroles précédentes (de Khomeini qui disait), « ils se sont eux-mêmes tués, et rejettent le tort sur nous.  Alors, voilà ce que c’était jusqu'à ce que ce fichier audio de M. Montazeri (sur le massacre de 1988) ait été divulgué. Et ils (les responsables du régime) ont dû le reconnaître parce qu'ils n’avaient pas le choix. 

 Maintenant qu'ils l'ont reconnu, l'étape suivante consiste à justifier et à l’accepter. Donc, ils ont à nouveau commencé à attaquer les Moudjahidine (OMPI). Ils ont déclaré : Ces gens ont commis des meurtres et des crimes.  Cependant, maintenant, peu à peu, le nombre et les statistiques de ce massacre se précisent. Les gens envoient maintenant régulièrement des vidéos de différentes villes que voici le lieu de sépulture des martyrs de 1988 massacre. »

« Contrairement à ce qu'ils ont dit, que le massacre était seulement à Téhéran et qu’ils n’étaient pas plus de 4 à 5 milliers, ce n'est pas le cas. Le problème était partout en Iran et même dans les villages. L'Assemblée des experts a admis que « Nous ne pouvions pas maintenir notre gouvernance (régime), si nous ne l'avions pas fait. » Eh bien, lâchez le régime. Commettez-vous toutes sortes de crimes dans le monde afin de maintenir le régime ? Le gouvernement ne peut pas maintenir son pouvoir avec le crime, le massacre et le meurtre. 

En réponse à une question sur le commentaire de Pour-Mohammadi qui a affirmé qu'il a agi selon le commandement de Dieu, le Dr Maleki a déclaré : « Je ne sais pas quel est le niveau de Pour-Mohammadi en matière religieuse, mais ce commandement de Dieu que M. Montazeri n’aurait pas compris, comment lui qui n’est pas plus qu'un étudiant inculte du séminaire l’a compris et a fait selon le commandement de Dieu... D’où est-ce qu’il a tiré ce commandement de Dieu ? Son obscénité est quand il déclare : « Nous l'avons fait, nous le faisons encore actuellement, et nous en sommes fiers... ». Lui qui est actuellement ministre de la Justice du gouvernement de Rohani, fouette, tue, pend, et leurs nouvelles sont régulièrement publiées.

Ces dictatures et régimes autoritaires ne peuvent gouverner qu’en créant la peur et une atmosphère de terreur parmi le peuple. Ils ont exécuté 80 à 90 à 100 personnes au cours des deux dernières semaines. Ils pensent qu'ils peuvent gouverner grâce à ces meurtres et à la propagation de la terreur et empêcher (le soulèvement) du peuple et l'intimider et l'effrayer afin qu'il ne tente pas de protester, alors que l'histoire a montré qu’à peine ces choses aboutissent à quoi que ce soit en faveur des dictateurs et le sort des tyrans est clair. Le sort d'un régime qui veut gouverner par la force, les tueries et les effusions de sang et vivre sur le sang et la baïonnette est clair. 

Contrairement au passé où ils pouvaient faire taire la question cette fois, la question est mondiale. Maintenant, il y a des manifestations partout dans le monde pour la justice, et je pense que cette question sera traînée... et la profondeur ainsi que l'ampleur de la catastrophe deviennent de plus en plus clair... et les gens qui sont assez éveillés et seront plus éveillés vont décider du sort du régime du Velayat-e Faqih (Chef Suprême) ».

Me William Bourdon à la conférence de presse à Paris 6 septembre sur le #1988Massacre en Iran. © cnri

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