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Billet de blog 8 avril 2011

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Vendredi soir, le gouvernement américain pourrait fermer

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Ce n'est ni une farce ni une fable, vendredi soir, si les élus républicains et démocrates ne se sont toujours pas mis d'accord sur la loi des finances 2011, le gouvernement américain fermera. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce sont des choses qui arrivent ici. En 1995 par exemple, pendant vingt jours.

Comment cela est-il possible ? Tout simplement lorsque les élus du Congrès se font la guerre au point de ne pas être d'accord sur un budget, même après des semaines de discussion. On arrive donc à la date butoir : vendredi soir, la loi des finances en cours expire. Et si un accord n'est pas trouvé d'ici minuit, les dépenses de fonctionnement se retrouveront gelées. Jusqu'à ce qu'un terrain d'entente soit trouvé. Quelques jours sans conséquences au mieux, quelques semaines bien plus pénibles au pire.

Pourquoi une telle difficulté à se mettre d'accord ? Les députés chipotent sur « quelques milliards de dollars de dépenses », comme l'écrit le New York Times. Les Républicains, les élus Tea Party au premier rang, clamant leur étiquette « conservateur fiscal », se battent sans relâche pour restreindre le financement fédéral de l'avortement, le financement des plannings familiaux ou encore pour limiter les pouvoirs réglementaires des agences fédérales en matière d'environnement. Ils veulent donc réduire le budget actuel d'à peu près 40 milliards de dollars, descendus à 34,5 milliards jeudi soir. Les démocrates s'y opposent, ne descendront pas plus bas que 33 milliards, la discussion stagne... Le président Obama est même intervenu. Jeudi, il s'est entretenu deux fois avec le président de la Chambre des représentants, John Boehner. Mais toujours rien. Ce qui n'est pas étonnant puisque le problème fondamental ne porte plus sur l'économie mais sur des questions morales et politiques -l'avortement et l'environnement- qui divisent profondément et donnent au débat une tournure irrationnelle (lire ici).

Au-delà de l'énervement populaire suscité par cette espèce d'incapacité et d'irresponsabilité parlementaire, concrètement, que se passe-t-il quand le gouvernement ferme ?

Près de 800 000 fonctionnaires de l'Etat fédéral cessent d'être payés, pour cause de chômage technique. Certains rentrent chez eux, d'autres sont tenus par la loi de rester en poste. L'armée, les hôpitaux et la police ne s'arrêtent pas de fonctionner du jour au lendemain.

Si la fermeture ne dure que le temps du week-end, cela se traduit « seulement » par la fermeture des parcs, musées et zoo nationaux. Mais si le désaccord dure plus longtemps, il se traduit par des retards de versement de retraites, de remboursements médicaux, d'indemnités au chômage... Le service des impôts mettra plus de temps à traiter les déclarations. La poste continuera de fonctionner normalement, mais les services de passeport et de visa seront ralentis voire au point mort.

En 95 et 96, lors des fermetures de gouvernement, 30 000 demandes de visa n'ont pu être traitées et 200 000 demandes de passeport ont été ignorées, explique le site Salon en souhaitant « bonne chance ».

Les élus, eux, continuent d'être payés.