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Billet de blog 6 mars 2025

isabelle clere escouteloup

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Qui réveillera Lebo de Soupolé ? 9/Z

Après avoir parlé de handicap, de pédocriminalité, d'ignorance, de neutralité du Net, d'on ne peut plus rien dire, de l'intérêt de la surveillance des effectifs d'oiseaux, arrive la légende de la vidéosurveillance, le Lapollon surveillant le patriarcat du haut d'un poteau, mâtinée d'écologie et illustrée par la cigogne.

isabelle clere escouteloup

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mise à jour le : 7 mars 2025, des corrections, ajout de la source des photos de cigognes, d'une photo d'avaloir, "il récite son bréviaire" remplace "il faut" dans la légende.

La femme retire les déchets qui ont atterri sur l'assise. Elle lève la tête en entendant des pas écraser du papier et du plastique : Bonjour ! Avez-vous vu comment des maires m'ont traitée ?

La Folle de la reine : Bonjour madame Imauxdérée. Je suis autant choquée que vous.

La princesse : Bonjour. Vous avez un emballage d'essuie-verres accroché dans les cheveux. Je vais vous le retirer.

Mme Imauxdérée : Ah quelqu'un sort de chez l'opticienne.

La Princesse : Non madame. La marque est celle des caméras de surveillance que j'ai vu avant d'entrer.

La Folle de la reine : Oui c'est bien ça, l'essuie-verres en tissu se trouve dans la mallette distribuée à chaque maire.

Mme Imauxdérée montre du menton la salle à la Princesse : Merci. Les Autres me regardent, assis sur leur siège.

Elle sort un peigne de son sac banane, enlève la broche à l'arrière de ses cheveux et refait sa coiffure.

Un maire au second rang s'offusque et montre sa montre : Ah la secrétaire se refait une beauté au lieu de bosser.

Une mairesse : Que de sexisme et de dévalorisation d'un métier si utile !

Une mairesse : Cher confrère, si la Fonction Publique Territoriale parle de secrétaire de mairie, le métier dans le privé se nomme assistante administrative depuis l'invention de la bureautique au siècle dernier. Hum ! Acheter des caméras de surveillance ne fait pas de vous quelqu'un de moderne.

Rires dans la salle.

Le maire maugrée : Tout est connecté chez moi.

La mairesse moqueuse : Sauf les neurones et les synapses ? Je plaisante bien sûr.

Une partie de la salle rit pendant que l'autre réclame un peu plus de politesse dans les échanges.

Un maire : Il a raison. Il nous filme dès l'entrée de sa propriété puis nous présente à Alexa d'Amazon dans son salon. Et j'allais oublier qu'il communique sur Facebook. Pouvez-en dire autant ?

La mairesse moqueuse redevient sérieuse : Ne me dîtes pas que vous avez souhaité vos voeux de nouvelle année sur Facebook...

Une mairesse rigole et s'adresse au maire : Dis-leur Macronusse ! Souviens-toi, t'étais tout fier de parler en direct sur Facebook aux habitantes de ton intercommunalité. 

Des "la honte, pas étonnant que les citoyennes ne nous fassent plus confiance" sont réitérés pendant deux minutes dans toute la salle.

Le maire se renfrogne.

La mairesse en souriant : Décidément vous devriez suivre un cours sur les discriminations. Facebook est rarement accessible aux personnes n'ayant pas créé de compte et dans tous les cas vous ne pouviez interagir qu'avec celles en ayant un.

Une mairesse : Et c'est la honte de faire croire à ses administrées qu'il serait normal d'offrir ses données personnelles à des sociétés commerciales qui ont besoin de maintenir les internautes dans la dépendance et la médiocrité intellectuelle.

Le maire s'énerve : Vous êtes paranoïaques et complotistes ! Hystériques !

Les mairesses en choeur : Argumentez au lieu de montrer votre incompétence !

Mme Imauxdérée :  Cher monsieur j'ai participé à concevoir un programme qui analyse les enregistrements vidéo que vous faîtes de vos administrées sur la voie publique. C'est une surcouche logicielle, une application.

Le maire croise les bras et s'énerve : On ne peut plus rien dire.

Une mairesse s'étonne : La preuve que si. Ceux et celles qui ne peuvent plus rien dire soit se retrouvent en garde à vue, comme cette femme ayant écrit Macronavirus sur son balcon, soit voient apparaître suite à leurs propos un texte de loi sécuritaire qui réduit la liberté d'expression.

Un maire lentement : On ne peut plus rien dire. On ne peut plus rien dire. J'avoue que j'allais répondre "il a raison" mais maintenant que vous le dîtes, personne n'ira en garde à vue pour avoir reproché à une femme en mobilité réduite, qui a reçu des projectiles parce qu'elle a montré que son handicap ne la cloue pas en situation assise, de s'être recoiffée et d'être paresseuse.

Des rires discrets détendent l'atmosphère devenue électrique.

La mairesse : Il doit manquer à votre "on ne peut plus rien dire" un groupe de mots du style "sans être jugé" ou "sans voir aussitôt ses propos analysés" mais il n'est pas question ici d'un problème de liberté d'expression.

Un maire : Vous avez raison. Il s'agit d'une intolérance à la frustration. Monsieur a cru être applaudi pour ses propos humiliants. Monsieur ne supporte pas la critique.

Un maire s'agite : Bon ça commence à quelle heure déjà ?

Une mairesse : Dans trente minutes. Des intervenants sont en retard à cause des grèves des électriciens, des conducteurs de trains et des manifestations contre la réforme des retraites qui ont bloqué des centaines d'entrées/ sorties d'autoroutes.

Mme Imauxdérée à ses deux voisines : Quand le lobe frontal subit un choc physique, il est possible de perdre sa capacité empathique mais les handicapées sont rejetées depuis des décennies donc l'empathie n'a globalement jamais existé. La civilisation est intrinséquement violente.

Un maire au 1er rang bombe le torse en ajustant sa cravate bleue : Ah les femmes, toujours à exagérer.

Mme Imauxdérée : Ah les hommes, toujours à mentir.

Des invectives s'échangent dans la salle.

Mme Imauxdérée s'adresse au maire : Qui nous enferme dans des instituts, cache les violences que nous subissons, nous interdit d'aller déjeuner ou dormir chez les copains, copines en construisant des logements inacessibles, nous interdit d'aller chez le médecin pour la même raison, nous met des obstacles dans la rue pour nous empêcher de circuler, nous rend le quotidien impossible ? Qui ? Et qui a le culot de parler de nous comme des fainéantes, des bonnes à rien et nous réduisent à un coût ? 

Le maire sourit cyniquement : Ah les femmes, toujours à exagérer.

Mme Imauxdérée : Ah les hommes, toujours à mentir. Qui est responsable ? Vous toutes et vous tous, et moi aussi car au lieu de voter blanc quand aucun programme politique ne prend en compte tous les handicaps, je vote pour le parti le moins pire.

Mme Imauxdérée qui se tenait debout contre l'estrade, se rassied dans son fauteuil roulant et s'adresse à la Princesse : Selon ces personnes je ne suis pas en situation de handicap parce que je peux me lever. Quelle violence ! J'ai bien envie de faire la grève de la parole.

La Folle de la reine ajoute : La majorité des handicaps sont invisibles.

Un brouhaha se crée.

La Folle de la reine : Les ravages de l'informatique connecté sont patents. Etre informées en temps réel de sujets importants pour le bien vivre ensemble glisse comme l'eau sur le dos d'un canard.

La Princesse : Connecté à tout mais en oubliant de payer la facture aux peuples subissant les destructions de leur territoire pour fabriquer tous ces IoT, heu IoD en Soupolé, tous ces Internet des objets.

Une mairesse au 1er rang : Internet devait permettre à toutes les classes sociales d'accéder à la même connaissance. Qu'en pensez-vous ?

La Folle de la reine : Certes, mais un savoir déconnecté des besoins et portant en lui les germes de la violence rend ignare.

Mme Imauxdérée : L'ignorance est même un mode de gouvernance. Grâce à elle, la peur contamine, ce qui a toujours été la porte d'entrée vers un monde totalitaire car la peur fait taire ou rend passif.

La Princesse : Je suis d'accord. Et puis-je préciser que si l'ignorance s'obtient suite à une préférence pour le divertissement elle envahit aussi notre coraura quand les médias et les décideurs nous mentent ?

Elles hochent la tête.

La Folle de la reine : L'oubli comme refuge ou comme convenance crée aussi l'ignorance. Les violences du passé sont invisibilisées pour faire croire que les enfants et les adultes seraient plus violents aujourd'hui.

Scratch ! 

- Zut ma lanière vient d'accrocher la patère.

Mme Imauxdérée rigole : Elle n'a pas été pensée pour les personnes qui font plus de deux mètres de haut et qui doivent éviter des déchets au sol.

L'homme qui vient d'entrer lui fait quatre bises.

Un maire excédé : Quatre ! Vous avez vu, il lui a fait quatre bises ! Nous n'allons jamais commencer à l'heure.

Le visage de l'homme prend soudain une mine inquiète : C'est mon ex ! Je travaille à côté. Je viens voir si elle a besoin d'aide.

Mme Imauxdérée : Merci Didier. Tout se passe bien. Nous sommes avec des représentants des citoyennes et des citoyens.

Didier soulagé : Si le milieu de la vidéosurveillance reste courtois alors je te laisse, parce que nous filmer dans nos vies privées reste d'une violence terrible...J'étais soucieux.

Il repart.

Des chuchotements commencent.

Mme Imauxdérée soupire : Je vous ai entendu messieurs. Vous vous demandez comment une personne handicapée peut avoir des relations sexuelles.

La Folle de la reine pâle : Je suis soufflée d'entendre ces réactions.

Mme Imauxdérée : Pas moi. Je suis habituée. Ils ont été élevés avec des histoires de Sirène, une femme handicapée et castrée. Pensez par vous-mêmes bordel ! 

"C'est vulgaire", "c'est grossier", "non elle parle juste populaire", s'échangent des maires.

Mme Imauxdérée narquoise : Oh je m'excuse pour ce mot qui peut choquer des oreilles éduquées à la monoculture. Un bordel est un grand désordre ce que je trouve préférable à une pensée unique.

La Princesse sourit : Capitalisme et patriarcat forment un combo dramatique. La propriété des facteurs de production du premier associé à la propriété du corps de toute personne dominée du second ne peuvent engendrer qu'esclavage, violences, génocides sinon elles disparaîtraient.

"Plus fort" crie les derniers rangs.

Mme Imauxdérée : Ils se pensent modernes mais ils occultent le fait qu'ils ne comprennent rien à leur environnement.

La Folle de la reine perplexe : Le sujet des violences sur les enfants me génère le même effroi

Mme Imauxdérée : Le rapport n°2023-09-27 VIO-59  du Haut Conseil à l'Egalité entre les hommes et les femmes insulte les défenseurs des Libertés numériques. Il faut lire les pages 124 et 125.

Mme Imauxdérée change sa voix pour imiter celle de la grande bourgeoisie : Le droit à la vie privée est souvent mobilisé pour entraver toute régulation d’internet. C’est la position de La Quadrature du Net (LQDN), qui s’oppose à toute forme de police administrative sur internet, même quand il s’agit de la diffusion de viols d’enfants (...) Accepter que tout est permis, c’est permettre les oppressions, c’est permettre la loi du plus fort, c’est remettre en cause ce qui sous‐tend notre contrat social : la dignité humaine. Or, l’enjeu de la régulation publique est la protection des plus vulnérables

Une mairesse hausse les épaules : Le Haut Conseil à l'Egalité ne comprend rien à internet et écrit des mensonges en tronquant l'information. Je ne sais pas si iels se sont excusées ou si iels ont publié un rectificatif.

Mme Imauxdérée : A quoi ça sert d'être aussi nombreuses pour établir un rapport si personne ne comprend rien à internet et ne fait pas l'effort de se former ? 

Une mairesse : J'avoue ne rien comprendre à ces sujets. Pouvez-vous m'expliquer ?

Un maire : Le Haut Conseil à l'Egalité dit que défendre la liberté d'expression ou un droit absolu à la vie privée sur internet revient à défendre une Liberté Totale.

La mairesse : C'est débile. Ce qui est interdit dans la vie physique est aussi interdit sur internet. La différence est que l'insulte raciste au travail est difficile à prouver sauf si elle est justement partagée sur le web car cela laisse des traces.

Un maire : J'approuve. Si un habitant me menace de mort sur internet parce que j'interdis aux chasseurs d'approcher des quartiers où vivent des enfants c'est facile à prouver.

Mme Imauxdérée : Voilà. Si c'est interdit ce n'est pas permis. 

Une mairesse : La pédocriminalité est interdite partout selon le droit donc la Quadrature du net n'a pas besoin d'écrire qu'elle est d'accord avec le fait que la pédocriminalité est à éradiquer. C'est évident.

Son voisin : Mettre les gens en prison n'empêche pas les viols donc ne tombons pas dans le piège de réduire encore nos Libertés.

Un maire au troisième rang : Sachez que les propositions de réduire nos Libertés viennent souvent d'Interpol et elles sont reprises faute de compétences au lieu d'être contrées en argumentant.

"Décidément ça vient de partout" lance une voix.

Un maire : C'est quoi ça Interpol ?

Une mairesse : C'est comme l'IPCC, appelé Giec en Soupolé. Vous savez les scientifiques d'une centaine de pays qui collaborent pour fournir un consensus sur la pensée de la science du climat à un instant t, en se basant sur les études. C'est une organisation intergouvernementale. 

Le maire : Oui mais si Interpol fonctionne aussi en partageant des informations entre pays, la comparaison s'arrête là. Il s'agit d'une organisation internationale de police criminelle. Des autorités de police d'une centaine de pays coopèrent pour lutter contre la criminalité internationale et donc contre la pédocriminalité.

Mme Imauxdérée : Un article de Médiapart sur la Coupe du monde 2022 au Qatar relate que de 2012 à 2022 ce pays de trois millions d'habitants a financé un projet, Stadia, mené avec Interpol, pour améliorer la sécurité des grands événements sportifs en utilisant la reconnaissance faciale. Et au final 15 000 caméras et des drones pouvaient savoir si vous étiez dans le métro ou au stade à partir d'une photo prise lors de votre entrée sur le territoire.

Des maires se disputent sur l'intérêt.

Mme Imauxdérée : La touriste était obligée de télécharger sur son téléphone deux applications utilisant le Bluetooth et la géolocalisation. Elles avaient accès à l'ensemble des données du téléphone et pouvaient déverrouiller le téléphone.

Une maire : Pour quoi faire ?

Mme Imauxdérée : L'Etat voulait pouvoir savoir si vous aviez rencontré des opposants, des travailleurs locaux, un syndicat, si vous aviez eu des relations sexuelles illégales, si vous aviez bu dans un établissement où c'est interdit. 

Un maire s'exclame : Donc Interpol ce n'est pas que des gentils qui luttent contre des criminels. Ce sont aussi des autorités de police participant à renforcer des dictatures qui condamnent à la prison à vie des opposants en inventant des accusations.

Mme Imauxdérée : Oui. Bref Interpol aime faire déployer des technologies de surveillance contraires aux droits fondamentaux; et elles peuvent favoriser les crimes de masse invisibles car oui le criminel international peut être l'opposant d'un dictateur.

Une mairesse : Et la pédocriminalité est un prétexte, comme le sport.

Un maire : Je suis agacé. Facebook interdit de publier une statue de femme aux seins nus, Microsoft permet que la pédocriminalité utilise son logiciel photos ou vidéo, Twitter bloque sans arrêt les comptes des militantes progressistes ce qui réduit la liberté d'expression mais le problème serait les défenseurs des libertés numériques ?

Un maire : Qu'en pensez-vous madame ?

Mme Imauxdérée : Si la pédocriminalité est interdite dans la vie physique, elle semble pourtant permise par tous et par toutes car elle existe. C'est pareil sur internet.

Une mairesse : Et quand la Justice commence à condamner, comme suite aux violences ayant eu lieu dans l'établissement privé de Bétharram dans le sud-ouest, il apparaît que tout le monde était au courant mais soit étouffait la réalité, soit considérait que les enfants devaient mériter d'être punis, soit la gravité n'était pas comprise par les forces de l'ordre. C'est pareil sur internet.

Une mairesse : Oui la pédocriminalité ne perdure pas parce qu'il nous resterait trop de Libertés.

Une mairesse : Le Haut Conseil à l'Egalité et Interpol veulent-il que la police lise le contenu du courrier de toute la population avant distribution dans la boîte aux lettres ? J'ai cru cromprendre que c'est ce qu'ils veulent faire avec nos courriels.

Des ricanements dans la salle sont interrompus par des "chut".

Un maire : A quoi sert la Quadrature du net si iels n'arrivent pas à être soutenu par suffisamment de Soupolés pour empêcher les dérives autoritaires ?

Mme Imauxdérée : Les générations futures sauront grâce leur travail remarquable que la Fatalité n'existe pas et que réduire les Libertés était bien un choix d'une partie de la population.

La mairesse : N'empêche que l'espèce humaine régresse au niveau intelligence. Les pesticides peuvent être responsables. J'avais entendu qu'une partie est volatile et des chercheuses retrouvent des molécules, les métabolites, oh je ne sais plus comment on dit, dans les zones glaciaires dépourvues d'agriculture. C'était en 2020.

La Princesse : Le sujet de la reconnaissance faciale me rappelle ma grand-mère. Elle disait que la mentalité du "Toutes punies mais les problèmes demeurent" est à bannir car elle permet l'installation d'un fascisme en habituant à répondre à une forme de violence par une autre forme de violence.

Mme Imauxdérée : Si comme ce rapport le dit des images de pédocriminalité sont visibles sur Facebook en mode public alors les internautes les voyant sans les dénoncer devraient être condamnés pour non assistance à enfance en danger. Facebook sait qui a regardé telle page. Pas besoin qu'Interpol aille lire tous nos courriels ou tous nos échanges privés pour vérifier si nous partageons des images relevant de la pédocriminalité.

La Princesse sort un carnet et écrit : Protéger le libre marché ou protéger les individus des violences il faut choisir. Sujet à traiter.

Mme Imauxdérée s'agace  : Toute aussi idiote est la phrase précédent ce que je vous ai lu du rapport du HCE. Il est écrit que Ce rappel des limites à la liberté d’expression et à la liberté de communication est utile pour contrecarrer les argumentaires fallacieux déployés (...) par un certain nombre d’acteurs et d’actrices du numérique défendant la « neutralité du net », comme si internet pouvait rester une zone de non droit au sein de laquelle tout était permis.

La Folle de la reine éclate de rire : Oui cette phrase est irrésistible. La neutralité du Net porte aussi le nom de neutralité des réseaux car il s'agit de transporter toutes les données de la même manière.

Mme Imauxdérée : La neutralité empêche un fournisseur d'accès à internet de pratiquer la discrimination. Tout le monde peut envoyer des courriels, regarder des vidéos, aller sur des réseaux sociaux avec son forfait. Un opérateur télécoms ne peut pas ralentir le débit quand nous regardons les vidéos d'une filiale d'un concurrent.

Un maire : Ah oui moduler la vitesse de débit en fonction des contenus. Obama avait voulu protéger la neutralité du Net, puis Trump y avait mis fin en 2018 ce qui montre que les moins fortunés n'ont pas de valeur à ses yeux, puis Biden l'a réactivé puis Trump le défaira s'il est réélu en 2025. Les Etats-unis sont un bon exemple de la guerre entre les classes sociales.

Mme Imauxdérée : L'ignorance choisie, et non subie, amène des décideuses à affirmer que perdre ses libertés numériques ferait disparaître la pédocriminalité. Même si c'était vrai l'intelligence consisterait à mettre fin à la pédocriminalité tout en gardant ses Libertés.

Je vous lis un extrait du livre "Internet et Libertés" de Mathieu Labonde, Benoît Piédallu, Lou Malhuret et Axel Simon, de La Quadrature du net.
Normalement, un routeur "neutre" a besoin de lire seulement l'en-tête du paquet, pour savoir dans quelle direction l'orienter, mais si on rompt la neutralité du Net, pour des raisons techniques ou policières, alors il est important de connaître la nature des données transportées, pour savoir si elles sont prioritaires...ou suspectes. Les techniques sont les mêmes. Autrement dit, si la neutralité du Net est capitale, c'est aussi parce qu'elle est un frein à la surveillance de nos échanges numériques. Et dans la tête des législateurs peureux et sans imagination : contrôler, c'est surveiller.

Un brouhaha clot l'échange.

La Folle de la reine à la Princesse : Le Grand vizir passe au minimum une loi diminuant des droits fondamentaux tous les ans depuis plus de cinq ans toujours au nom d'un besoin supplémentaire de sécurité ou au prétexte d'une lutte noble, comme celle contre les violences subies par les enfants.

Le silence revient, avide d'informations.

Une mairesse au 1er rang : Le Grand vizir ne croit pas lui-même à l'efficacité de la quantité de droit qu'il fait ajouter sinon il n'y aurait plus besoin de nouvelle loi.

Rires dans la salle et une partie applaudit.

Une mairesse : Détrompez-vous ! L'efficacité dont il parle s'applique à la protection des intérêts d'une classe aisée dont la délinquance est devenue décomplexée. Réduire nos libertés est indispensable pour ce monde des affaires.

"Complotiste !", "gauchiste", "communiste", "staliniste", "elle veut qu'on soit tous pauvres" sortent de mains en porte-voix.

Mme Imauxdérée : Elle a raison. Les milliardaires achètent des médias pour y invisibiliser le programme politique des partis d'opposition.

Une mairesse : Vu le niveau de leurs journalistes, pas sûre qu'ils soient en capacité de lire le programme de la France Insoumise et de le comprendre. Déjà quand les députés veulent parler de droit international, c'est trop complexe pour eux ou alors iels affirment que le droit international ne peut quand même pas autoriser de prendre les biens situés en Europe et appartenant à des russes pour financer l'armement ukrainien. 

Une mairesse : Donc prendre la richesse des oligarques russes serait mal mais retirer les allocations familiales d'une famille parce que le fils a fait une bêtise ou a exprimé une colère légitime sur la voie publique ce serait bien. CQFD sur la Justice de classe de ce Royaume.

Une trentaine de personnes se met à parler en même temps en rouspétant contre ces propos d'extrêmes gauchos avant de se taire.

Un maire : Il y a journaliste et journaliste.

Un maire courroucé : Mais enfin vous n'avez pas entendu la publicité ? Grâce à la vidéoprotection partout et à l'obligation de naviguer sur internet avec son identité numérique visible fini les pédocriminels.

Une partie de la salle applaudit, une autre applaudit à "ben oui abruti nous vivrions dans une prison à ciel ouvert, comme les palestiniens, et les pédocriminels séviraient toujours", une autre écoute.

Mme Imauxdérée croise ses bras : Comment pouvez-vous autant induire en erreur ? Les pédocriminels sévissent à cause du refus d'entendre les enfants et de comprendre ce qu'iels disent. Et surtout à cause de la pensée que l'Ordre, l'Ordre, l'Ordre doit primer sur le reste. Toutes les classes sociales sécrétent des pédocriminels et pour préserver l'Ordre ferment les yeux et demandent à tout un chacun de pratiquer l'oubli.

La Princesse : C'est vrai partout. Toute la communauté à laquelle appartient un pédocriminel ressent de la honte. Elle préfère dire que les enfants exagèrent plutôt que de se voir juger par les autres communautés. Reconnaître la réalité c'est remettre l'Ordre en question. Ce qui est stimulant pour des personnes est insupportable pour d'autres. Entacher la réputation d'une communauté est plus grave que subir des violences.

La Folle de la reine : C'est à cause des idées reçues qui considèrent que le comportement d'un individu reflète celui de sa communauté. La communauté pouvant se résumer à une famille.

Une mairesse : Oh dîtes donc les hommes et les femmes politiques qui considèrent qu'il faut retirer les aides sociales aux parents des enfants qui se retrouvent condamnés, et qui donc punissent toute la famille, ne participent-iels pas à cette assimilation que le comportement d'un membre de la communauté refléterait celui de toute la communauté ?

Un maire très agacé : Bon ça suffit les digressions. On commence quand ?

Une mairesse : Avec les grèves et les manifs il y a du monde en retard. Regardez, en voilà encore.

Une vingtaine de personnes entrent, s'asseoient et ouvrent en silence la mallette qui était sur leur siège.

Mme Imauxdérée : Internet n'a absolument pas rendu la population plus éduquée pour être moins violente. Iels ne savent toujours pas que le handicap prend différentes formes. Allez je teste si mon ordinateur sous Linux est compatible avec cet écran.

La Folle de la reine est heurtée par une boule de papier couleur aluminium qui en retombant roule jusqu'aux pieds de la Princesse. Deux gardes du corps se placent immédiatement devant elles, tapent sur le sol avec chacun un sceptre Technopolice, et un troisième hurle : Garde à vous !

Aussitôt un silence cotoie un bruit de mouche posée sur un micro puis des chuchotements confirment la présence des yeux et des oreilles de la reine. Une voix s'extasie devant la beauté des sceptres.

La Folle de la reine chuchote : Ne vous fiez pas à la beauté. La cruauté s'y cache. Des caméras de surveillance minuscules sont incrustées dans l'Asphodeline lutea et dans les yeux de l'Huîtrier-pie.

La Princesse : Oh j'étais en train de m'interroger sur la qualité des gemmes.

La Folle de la reine chuchote : Elles sont connectées au petit salon de la Reine qui est peut-être en train de nous regarder.

La Princesse a ramassé la boule. Elle la déplie et lit chaque feuille successivement : Faire un don. A qui ? A la Quadrature du net. Pas de défiscalisation. Bercy veut pas. A vot'bon coeur ! Financez les luttes pour les libertés numériques ! Un jour nous en érigerons le musée numérique.

Une technicienne de surface qui commençait à ramasser et à balayer, avec un accent burkinabé : Bonjour madame, ne les jetez pas. Je vois une analyse anti-technopolice au verso de chacune. Je vais les montrer à mon mari.

Illustration 1
don laquadrature du net

https://video.lqdn.fr/w/6aMhTgir5dGpn8ByQjR87i

La Princesse lui donne les sept feuilles : Venez-vous du Royaume Mossi ? Votre pendentif ras du cou...

La technicienne de surface : Oui. Je m'appelle Yen. Je suis une descendante de la Princesse Yennenga. 

Les écrans publicitaires s'avancent et entourent la salle.

Courliscoucou ! La start-up "Tchouzefransse" nous fait l'honneur de tester son dernier prototype, un modèle d'IA générative qui vous propose des publicités personnalisées à un ou plusieurs mots que vous avez prononcé.

Voici la publicité générée avec les mots "huîtrier pie" ! Le son associé est "klip klip klip".

- Oh des pattes roses ! 

- Roses ?

- Oui des pattes roses et un bec couleur orange. Les innovations naturelles sont si belles ! 

- Sûr, sûr...Elles ne gaspillent pas les ressources. Leur économie est circulaire.

- Sûr, sûr...Contrairement à l'innovation humaine qui gaspille. Souviens-toi. Dans les années 1990 nous cachions la production de tonnes de déchets informatiques en les envoyant en Afrique ou en Asie. 

- Je disais déjà : Quand l'acceptation sociale est obtenue par le mensonge, douter de sa Liberté de conscience est important.

- Regarde mon smartphone ! Il est rose et le logo de l'opérateur de télécommunication est orange. Il a l'air neuf et pourtant il est périmé. 

- Ah oui. Il n'est plus compatible avec Soupolé Connect et MonIDentitéNumérique. 

- Quel gachis ! Et il exhale les souffrances de tant de vies. Quand je le tiens, il me brûle les mains; je vois des enfants et des adultes souffrir dans des mines, devant leur puits à l'eau empoisonnée, près du lac sans poissons, devant le sol toxique de leur potager, dans leur tête en pensant à leur école détruite, et toute cette souffrance est acceptée pour nous fabriquer des objets connectés et de l'énergie.

- Chut ! Il ne faut parler que du gâchis alimentaire. 

- Sûr, sûr...Au nom de l'innovation imposée par une minorité, tous les déchets ne doivent pas être exposés sur la place publique.

- Que de morts cruelles pour une alimentation sous plastique ou pour communiquer en obéissant à l'Ordre dominant, des fléaux, alors que les pattes roses appartiennent à un cycle de vie et de mort relevant de l'ordre naturel.

- Des pattes roses et un bec couleur orange ? En Amérique du sud ? En Asie ? Les européens n'ont-ils pas déjà détruit tous les habitats et l'alimentation des oiseaux au nom de l'innovation, celle déconnectée de l'écoconception ou celle éloignée d'une démarche low-tech ?

Un livre s'ouvre.

- Non. Regarde cette photo. Je ne sais dire s'il s'agit d'un male ou d'une femelle.

Illustration 2
Huitrier pie dans l'atlas du gnom

- Etonnant ! Un male avec des pattes roses. Au siècle précédent, les garçons n'avaient pas le droit de porter du rose.

- Il s'agit d'un huîtrier-pie. Cherchons si c'est une espèce en voie d'extinction.

- Que la nature produise des pattes roses, je n'en reviens pas.

- Le Groupe Ornithologique Normand vient de sortir sa troisième version de l'atlas des oiseaux

- A quoi sert-il ?

- Depuis 1989, il cherche à répondre à la question "quels sont les effectifs des oiseaux en Normandie ?"

- Pourquoi compter le nombre d'individus à pattes roses ?

- Les raisons sont très nombreuses. Ton cerveau est prêt à en mémoriser combien ?

- Heu ! Quatre max.

- Alors, d'une, pour comprendre ce qui se passe autour de soi, il faut observer.

- Ah bon ? Tu es sûr ? Ne suffit-il pas de chercher sur internet ?

- N'importe quoi. Tant que les données numériques normandes ne sont pas publiées sur internet, elles n'existent pas sur internet.

- Ah oui c'est vrai. Je commence à devenir totalement idiot.

- De deux, la productivité alimentaire dépend directement d'une biodiversité de qualité. 

- Ah oui c'est vrai, la Grande Fatalité est un mensonge. Les marchands de doute font croire que si les pesticides polluent bien l'eau, l'air, le sol, il est obligatoire de les utiliser au nom de la productivité. Or, leur efficacité oblige à importer de nombreux fruits et légumes. Absurde.

Rires.

- De trois, une faible diversité et de faibles effectifs favorisent la dissémination de maladies.

- Tu m'en avais parlé pendant la pandémie de Sars-cov-2 mais j'ai tout oublié. 

- Ah ?

- Par contre je me souviens de trucs complètement inutiles comme la marque des téléphones des collègues.

- Ha zut. Donc j'explique mal ou pas assez. Prenons le sars-cov-2. Imaginons qu'il était étudié dans un laboratoire chinois et qu'une mauvaise manipulation la fait sortir dehors. Il a contaminé les humains facilement mais il aurait pu contaminer un seul animal domestique, Sam le chien, compagnon du technicien chinois célibataire, celui sorti du travail en voiture avec le virus. En 2019 le corps du chien ne devenait pas contagieux au contact de ce virus donc la contamination aurait pu s'arrêter là.

- Ah oui c'est vrai il faut que je me documente sur le projet One Health, une seule santé pour une planète unique. La santé animale, donc la santé humaine, et la santé environnementale sont liées.

- De quatre, la situation géographique des effectifs d'oiseaux peut nous alerter sur un problème nous concernant aussi. Un changement de territoire par exemple. 

- L'oiseau abandonnant son territoire doit être sévèrement puni et renvoyé sur le territoire de naissance de ses parents. L'exil est interdit aux dominés financièrement. Tous les médias des trop riches le disent.

Les deux éclatent de rire.

- Donc je disais qu'il faut rechercher les causes de l'exil. Un oiseau peut partir parce que le niveau de l'eau augmente ou parce que son habitat est détruit pour laisser passer des tracteurs devenus trop grands. A l'inverse, les causes d'une hausse inhabituelle des effectifs sur un territoire peuvent être que le climat leur devient favorable ou qu'un prédateur est en voie d'extinction, ce qui diminuerait la diversité et pourrait augmenter la transmission de maladies.

- Tu éveilles ma curiosité. Est-ce que savoir quelle espèce d'oiseaux arrive à vivre à temps partiel ou à temps complet à tel endroit en Normandie peut donner des idées pour améliorer notre qualité de vie ?

- Oh que oui ! La baisse des effectifs des oiseaux des champs a indiqué une agriculture créant ou favorisant les leucémies, la maladie de Parkinson, les troubles cognitifs, le cancer de la prostate, le cancer du sein etc.

Un homme portant des vêtements montrant d'énormes formes géométriques dessinées par des dollars et des euros alignés :  Excusez-moi de vous interrompre. Monsieur Daborretoupourmoi. Je représente la classe aisée prédatrice. N'ébruitons pas l'information.

Il sort un ordiphone en forme d'oreille humaine : Allo ? Mes médias ?  Des gens sont payés à occuper un faux travail. Ils fainéantent dehors à observer les oiseaux. Scandaleux n'est-il pas? Je compte sur vous pour répéter que depuis trente ans il est obligatoire de baisser la dette de l'Etat en diminuant la dépense publique car sinon ce sont nos enfants de dans trente ans qui seront obligés de rembourser cette horrible dette qui enrichit financiers et ménages disposant d'une Assurance vie. Que dîtes-vous ? Je n'entends pas. Il y a de la friture dans la liaison satellitaire. Ah mais si les téléspectateurs et les internautes sont des couillons. Il suffit de leur répéter. Tout cerveau mémorise mieux avec la répétition. Désignez les ornitho machins en disant qu'ils creusent la dette publique. Parlez de mauvaise dépense et que c'est pour ça que seule l'informatique peut être financée pour obtenir des services publics de qualité. 

- Monsieur excusez-moi de vous interrompre. Regardez ce livre. Certes des salariés du GONm ont participé aux 26 000 heures de prospection mais l'estimation du bénévolat valorisé est proche du deux millions d'euros : 1 800 000 €, ce qui correspond à plus de 30 salariés à temps plein pendant les périodes utiles que sont décembre-janvier et avril-juillet.

Monsieur Daborretoupourmoi bouche bée : Qui peut être assez couillon pour travailler gratuitement ?

- Et le travail hors prospection est estimé à 7 600 heures dont 5 600 heures pour la rédaction, les corrections et la bibliographie. Le coût global de l'atlas est donc de 2 320 000 euros. Il ne comprend pas l'impression et la diffusion financés par la région, les départements, la DREAL normande, l'AESN-Normandie, l'ANBDD et l'OFB.

Le représentant de la classe aisée prédatrice : Oooh ! Ooh ! Oh! L'office français de la biodiversité ! Les méchants qui contrôlent les chasseurs. Les méchants qui vérifient si les agriculteurs ne polluent pas trop l'eau au lieu de vérifier qu'ils dépensent bien dans des objets connectés. 

- L'OFB ? Les agents sont sous la tutelle des préfets et sous l'autorité des procureurs pour les volets judiciaires

Le représentant de la classe aisée prédatrice : Ah mais moi je dis juste que le syndicat agricole, la FNSEA, veut sa peau.

- Dîtes-leur que les consommateurs veulent de l'eau potable au robinet, pas d'épandages de pesticides à côté des écoles et des contrôles du respect des règles par les chasseurs. Les consommatrices adorent les contrôles des agents de l'OFB et les trouvent même insuffisants. Moins de 10% des exploitations sont contrôlées, non ?

Le représentant de la classe aisée prédatrice : Ah mais moi je dis juste que les droites dont Laurent Wauquiez et Gabriel Attal, soutiennent les riches exploitants agricoles qui sont peinés de voir leur liberté de polluer restreinte. 

- Ah mais moi je dis juste qu'aller se promener en forêt et voir son chien abattu sous ses yeux parce que le chasseur n'a pas respecté les règles ne devrait pas être normal.

Le représentant de la classe aisée prédatrice : Pff. Il vous en rachètera un. 

- L'animal n'est pas un bien de consommation mais un compagnon.

Le représentant de la classe aisée prédatrice : Le secteur de l'agrochimie est aussi en colère contre ce besoin de limiter le droit de polluer au nom de la santé globale. Franchement on s'en fout de la santé d'un cours d'eau, d'un collembole ou d'un enfant, non ?

- La liberté de polluer tue. Celui qui l'utilise pour s'enrichir est un criminel.

- Et aucun agent de l'OFB n'a tué d'agriculteur alors que des agents se sont fait tuer par des exploitants. Donc il existe bien des criminels chez les exploitants agricoles les plus riches.

Le représentant de la classe aisée prédatrice : Décidément on ne peut plus rien dire. On ne peut plus mentir. Si c'est ça je m'en vais.

Il part.

- Revenons à nos oiseaux Normands ou de passage en Normandie. Pour lutter contre l'amnésie environnementale, le Groupe Ornithologique Normand a cartographié la répartition de 277 espèces dont l'huitrier pie.

- Et que raconte leur synthèse ?

- Si la chasse au gibier d'eau influait sur le nombre d'oiseaux habitant les lieux dans le passé, il semblerait qu'aujourd'hui la surfréquentation des milieux littoraux par l'animal humain soit le frein à l'accroissement des effectifs nicheurs.

- Ah oui c'est vrai qu'il vaut mieux se promener sur la vélomaritime que d'écraser un oeuf de gravelot à collier interrompu en marchant dans le sable de la plage du coin.

Illustration 3
gravelot à collier interrompu en 2024 dans le Calvados

- Oui. Iels écrivent que l'industrialisation, comme au port du Havre, l'intensification de l'agriculture avec ses conséquences en matière de pollution et de destruction des haies, le dévelopement du tourisme balnéaire laissant peu de chances de survie aux nicheurs, le développement de l'éolien offshore aux impacts encore mal connus, sont des activités humaines qui nuisent à la reproduction et à la qualité de vie.

- Si l'homme n'était pas obsédé par l'argent, la recherche et développement aurait inventé des éoliennes efficaces avec peu d'impacts et pas des conneries comme ChatGpt fin 2022 qui n'améliore pas notre qualité de vie mais la détruit avec ses besoins en électricité et en eau.

Bang ! Le livre est refermé.

- Bref avec ce livre les décideurs ne pourront plus dire qu'ils ne savaient pas.

- J'en doute. Crois-tu sérieusement qu'ils savent lire et comprendre ce genre d'atlas ?

Illustration 4
Atlas des effectifs des oiseaux de Normandie

Picmar Picnoir ! Les écrans publicitaires se reculent.

- C'est pas une pub !

- C'est pas une pub ! C'est une saynète !

- Elle est nulle votre IA !

Un homme sur la scène devant un micro sur pied :  Vous avez raison. Ce n'est évidemment pas de notre faute. Cette IA est stupide et n'a pas compris la demande. Nous avons une technicienne, Edwige, au dernier rang, qui va corriger tout ça tout ça dans les programmes.

Yen s'écrie : Quel bonheur de ne pas avoir entendu les mots intelligence artificielle ! 

La Princesse hoche la tête : Un livre papier comme témoin de son époque.

Yen les yeux brillants: Un livre posé nonchalament sur une table attise la curiosité des passants ce qui ne peut pas arriver avec une liseuse. 

La Folle de la reine hoche la tête : L'informatique du chacun pour soi versus le partage.

Les écrans publicitaires s'avancent et entourent la salle.

Courliscoucou !

Voici la publicité générée avec les mots "intelligence artificielle" !

Vous cherchez la photo d'un huîtrier pie et vous avez la flemme d'aller la faire vous-mêmes? Voici celle prise par une internaute sur l'île manchoise de Tatihou en 2023.

Illustration 5
Huitrier-pie sur l'île de Tatihou dans la Manche en 2023

- Mais pour l'utiliser il vous faut rémunérer l'autrice de la photo ou au moins la remercier. 

Cent voix off en même temps : Oh non j'ai pas envie.

- Evidemment vous refusez de la rémunérer car pour vous voler n'est pas un délit et votre valeur travail comprend dans sa définition que "tout travail venant d'une Autre ne mérite pas salaire s'il doit me coûter". Savez-vous que notre générateur d'images, Oublileréel, répond parfaitement à votre demande ?

Voici une image générée en écrivant "A bird, an oystercatcher on the Normandy coast" soit "un oiseau, un huitrier sur la côte normande". Vous remarquez que les travailleuses à Madagascar et ailleurs ont bien étiqueté cet oiseau sur les photos que nous nous sommes procurées. Sans l'annotation réalisée par des humains, vous auriez peut-être la photo d'un pigeon, d'un pingouin ou d'une pie voleuse, voire d'une tondeuse si même l'annotation oiseau n'existait pas.

Illustration 6
fausse ou vraie photo de huitrier pie générée par un logiciel

Voici maintenant une image générée en écrivant "A bird, an oystercatcher, is waiting for the bus" soit "un oiseau, un huîtrier, attend le bus".

Illustration 7
fausse image d'un huitrier-pie générée par une machine

Venez créer un monde sans queue ni tête sur Oublileréel.faux.com ! Voici l'image d'un huitrier portant une couronne et lisant un livre.

Illustration 8
image d'un huitrier-pie générée par une machine

Si vous vivez dans la rue, exigez un ordiphone connecté à internet pour pouvoir vous droguer à la génération d'images psychédéliques.

Picmar Picnoir ! Les écrans publicitaires se reculent.

- Mesdames, messieurs nous nous excusons pour cette double dose publicitaire en moins de deux minutes. Notre technicienne, Edwige, est en train de vérifier le paramétrage. Nous ne comprenons pas ce qui se passe. Il doit s'écouler au moins dix minutes entre deux publicités. Excusez-nous pour la gêne occasionnée.

Yen continue de ramasser les déchets.

La Princesse les yeux embués en regardant le pendentif : Oh vous avez été obligée de quitter votre Royaume.

Yen hoche la tête : La Grande Fatalité s'était abattue sur mon pays.

La Princesse croise les doigts de chaque main puis dit avec trois mouvements de rotation des poignets : Mon professeur de Soupolé l'appelle La Grande Brutalité.

Yen éclate de rire : Oui la Grande Fatalité désigne des choix qui découlent de conflits d'intérêt. Des conflits d'intérêt qui empêchent d'autoriser les alternatives et qui, en outre, nous sont imposés par les puissances de l'argent à travers un ordre moral diablement approprié

Un encravaté vient saluer : Quel plaisir ! Toi ici !

La Folle de la reine : Bonjour Giganti. J'accompagne la Princesse.

La Princesse : Bonjour.

Giganti montre une moue inquiète : Bonjour madame. Ah oui la prophétie. Je ne suis pas très pressé que le Prince revienne aux affaires. Je préfère ses parents qui obéissent sans se poser de questions.

La Folle de la reine éclate de rire : Oui je me souviens de ses derniers voeux éveillés. Il avait émis le souhait, le premier janvier, au peuple, que ses parents dépensent mieux l'argent public. 

Giganti prend un air consterné : Je n'en avais pas dormi de la nuit. Il avait aussi remis en cause l'inscription d'office à l'ordre du Mérite de tout propriétaire d'un patrimoine supérieur à 1 million d'euros. 

La Folle de la reine : Oui. Il est formidable.

Giganti : Ah bonjour madame Imauxdérée. Je suis content que vous ayez pu venir malgré les grèves.

Mme Imauxdérée : Bonjour. Mon laboratoire de recherche est en grève et notre grève consiste à donner des cours gratuitement donc cela ne change rien.

Giganti soupire : Qu'est-ce que vous êtes compliquée ! 

Mme Imauxdérée : Ah.

Giganti : Je propose de lancer la vidéo d'introduction. Nous sommes en retard. Tenez prenez ce micro.

Mme Imauxdérée : Merci.

La Folle de la reine : Je crois qu'elle est courte. Nous pouvons rester debout.

Giganti : Je ne sais pas. Je ne l'ai pas vue.

Mme Imauxdérée au micro : Nous allons commencer par cette tradition orale transmise dans la communauté matriarcale Soupolophone des Contregnons et des Contregnonnes. Elle s'inspire des légendes belges dont celle de la marionnette Tchantchès vivant à Liège et de la légende allemande de La Loreleï, une ballade faussement romantique écrite en 1801 par le poète Clemens Brentano puis remaniée. Elle incite à se méfier des larmes qui peuvent couler pour des raisons très éloignées de celles du poème "la séparation" écrite par le russe Boris Pasternak. Une hérétique vient de la coucher par écrit.

Giganti : Aidé de son violon, Ingo, un ex compagnon du Prince Lebo de Soupolé, va nous raconter cette légende donnant une origine possible de la vidéosurveillance. Elle était intitulée "la mâle sirène au désir pervers de surveillance"  mais le titre fut jugé wokiste et il a été renommé par l'Académie Soupolée en "le Lapollon protégeant le patriarcat du sommet d'un poteau". 

Ingo monte sur l'estrade et prend la parole.

Pendant que les habitants fêtent dans les jardins et dans les parcs une future facture énergétique pas trop élevée grâce à l'été indien, monsieur Lapollon se trouve au commissariat. Il porte plainte pour le vol de sa femme. Après avoir donné l'identité de l'auteur des faits et expliqué la situation il en sort abattu et en colère contre les législateurs qui n'ont pas prévu de protéger les victimes d'un tel vol.

Il se sent infiniment malheureux d'avoir perdu son jouet.

Il se met à pleurer longuement sur son si triste sort.

Il se demande quelle erreur a pu se produire. Son contrôle mental était pourtant opérationnel.

Il ne peut provoquer le voleur en duel. Il tient à la vie et il n'aime pas les gnons.

Il se sent pris de vertige. Il pleure.

Il ne peut perdre d'habitudes, sa santé mentale en serait affectée.

Il doit continuer à la couver du regard. La protéger.

Il entend sa voix enthousiaste décrire un nid de cigognes, en haut d'un poteau dédié à la télécommunication, dans la rue où elle a emménagé avec le délinquant.

Illustration 9
Deux cigognes dans un nid construit en haut d'un poteau

Il prête peu attention au fait que l'échassier est une espèce bio-indicatrice de la qualité des marais mais que, là, le couple a construit son habitat, par opportunisme, près d'un centre d'enfouissement des déchets.

Il tend l'oreille quand elle claquète que les cigognes sont parties au Mali ou au Niger et qu'elles ne reviendront pas avant le mois de février.

Il raccroche et décide de s'installer illico dans leur maison sans toît.

Illustration 10
deux cigognes dans leur nid

Il prend ses aises dans cette aire de presque trois mètres de diamètre pour deux mètres d'épaisseur d'où la vue est dégagée.

Il la voit rentrer du marché, les fruits et légumes dans une huche en osier qu'elle a fabriqué pour remplacer son sac à dos troué.

Il se met aussitôt à enregistrer mentalement ses entrées et ses sorties.

Il ne voit pas la porte mais peu importe son angle de vision, ses yeux fixent l'endroit où elle apparaît forcément, un mètre plus loin.

Il a envie de pleurer toutes les larmes de son corps pour purger son inefficacité.

Il choisit de la désigner par la latitude et la longitude de son logement pour effacer toutes les émotions déplaisantes associées à son prénom.

Il se demande comment ce transfert de propriété a pu se produire.

Il pleure sur son si injuste triste sort.

Il regrette amèrement de ne pas avoir consacré plus de temps à vérifier la qualité de sa surveillance.

Il pleure.

Il ne mérite pas ce vol. Il est tellement intelligent.

Ah, se lamente-t-il, si seulement j'avais mieux réfléchi à l'efficacité de la protection, j'aurais pu prévoir et rendre mon objet docile avec de la drogue médicamenteuse ou alcoolisée.

Il pleure.

Il ne l'a jamais vue aussi heureuse, décidément son nouveau compagnon manque d'autorité.

L'humiliation et la frustration laissent place à un sentiment puissant de haine envers toutes les femmes.

Il est stupéfait. Son jouet s'est fait la malle. L'eau ruisselle sur ses joues et part clapoter dans l'avaloir.

Elle ressort avec le réchauffement de l'air et des gouttes partent former un nuage en haut du poteau.

Il est stupéfait. Son jouet est devenu invisible.

Il baisse la tête puis tourne sur lui-même. Rien. Il ne voit rien. 

Il rêve alors à des yeux augmentés dotés d'une vision nocturne, brumesque et empêchant la buée de se former.

Il ressent une douleur insupportable.

Il ne peut plus contrôler les entrées et les sorties de madame et même de monsieur et même des enfants et même des voisines.

Il ressent un manque à combler.

Il a des vapeurs. Et il se sent poisseux et oh ! la teneur en humidité atmosphérique ne cesse d'augmenter.

Il a épuisé son stock de larmes ou oh !

Il constate avec horreur l'arrêt de l'évaporation de sa transpiration. Il est en train d'autocuire.

Il a besoin d'eau douce et potable pour rafraîchir son intérieur. Tout de suite. Immédiatement.

Il se sent tout tourneboulé. La pression atmosphérique diminue si rapidement. Le nuage est secoué.

Il le voit se transformer en une forte pluie qui s'abat brutalement sur le béton. L'architecture du sol la dirige vers le réseau d'eaux pluviales.

Illustration 11
avaloir à Ste Honorine des Pertes, Calvados, en février 2025

Il voit ce dernier devenir rapidement plein. Ses yeux observent l'eau stagner dans des endroits interdits. Ebahi, il fixe impuissant une inondation se créer.

Il assiste à la montée des eaux. Les piétons se perchent sur des capots de voiture, des poubelles, des murets.

Il en entend se plaindre que les militants écologistes ont encore dû user de magie pour empêcher les fossés d'être curés.

Il les écoute se traiter d'idiots, l'une rappelant que le premier fossé se trouve à la campagne à une distance de 85 kilomètres, l'autre relativisant qu'avec le niveau d'ensoleillement parmi les plus bas depuis trente ans les sols non bétonnés n'absorbent plus si rapidement, et les autres que depuis que la Grande Fatalité s'est abattue les solutions sont devenues tabous.

Il se rappelle que les médias dominants rejettent la responsabilité de l'inaction des gouvernements successifs sur leurs opposants, défenseurs de l'environnement, et dénigrent les solutions car elles nuisent au commerce et à l'enrichissement sans fin des puissants.

Il s'avise de la fin de l'épisode en voyant l'eau s'arrêter au niveau du cou d'une employée de la centrale nucléaire, assise dans un fauteuil roulant se mouvant grâce à une batterie électrique.

Il perçoit la peur de tomber dans les yeux de son collègue qui a grimpé sur un accoudoir et qui accroche ses mains au toît de l'abri de la navette de leur employeur, un minibus dont le fonctionnement au diésel avait prévenu tous les appareils respiratoires alentours de son arrivée imminente avant de s'arrêter cinquante mètres trop tôt.

Il estime le coût des réparations à venir en tant que banquier-assureur, et, il en conclut que le contrat d'assurance de la commune va être résilié et qu'il faudra en souscrire un autre chez un concurrent, qui coûtera cent fois plus cher.

Il récite son bréviaire : nous devons récompenser les courageux actionnaires de notre société d'assurance, et, pour plaire à ces investisseurs nous devons maintenir les dividendes à un niveau stable.

Il s'étonne tous les ans de la hausse des bénéfices et des dividendes versés par le secteur de la banque-assurance alors que le nombre de catastrophes naturelles explose.

Il se souvient du désarroi des chefs d'entreprise Pas-De-Calaisiens en constatant que l'indemnisation par les assureurs, des dégâts causés par l'inondation,  s'accompagnait d'une multiplication jusqu'à cinquante des franchises. 

Il avait passé de 10 000 à 250 000 euros les franchises d'une société d'électronique et d'un atelier de condiments ce qui avait amené leur délocalisation 300 kilomètres plus loin.

Il se sent dans une situation inconfortable. 

Il a des oeillères. Il avait. Il a. Le financement de l'économie génère des drames qui enrichissent les financeurs. Les Etats devraient donc être en train d'inventer une nouvelle façon de financer les investissements nécessaires au bien-être général.

Il soupire en pensant aux augmentations d'impôts et au creusement de la dette de l'Etat pour éponger les catastrophes, faute d'avoir eu des gouvernements stratèges travaillant pour l'intérêt général.

Il se sent groggy. Il est trempé. Un chat noir grimpe jusqu'au nid pour s'y rouler en boule. Il n'aime pas les chats.

Il cherche à donner du sens à ce qu'il vient de voir; toutefois sans remettre en question l'Ordre artificialisant les terres.

Il ne veut pas être mal vu.

Il sent l'incohérence se transformer en souffrance. Alors.

Il a besoin de se faire plaisir. Là. Tout de suite. Immédiatement.

Il désire expressément endormir cette souffrance.

Il se met alors à sourire et ses yeux, en forme de ronds de jumelles, fixent chaque femme dans la rue pour lui donner l'impression d'être unique.

Il entonne un chant langoureux d'amour et de respect qui pénètre le coraura de chaque femme passant en mobilité douce ou traditionnelle près du nid .

Il voit, ravi, qu'un sentiment, attribué faussement au coup de foudre, les envahit et change leur comportement.

Les femmes en capacité de procréer se mettent à le supplier de devenir le père de leur prochain enfant.

Toutes sautent en l'air pour essayer de toucher le haut d'une de ses cuisses mais il reste hors de portée...

Le chant rend le voyeur si attirant que les yeux féminins ne peuvent s'empêcher de se lever et des accidents se créent.

Les maris viennent se plaindre qu'elles travaillent moins efficacement à la maison et que leur productivité chute.

Ils sont en colère parce que les ecchymoses tracent, contrairement aux gifles et aux coups bien ciblés, et les séquelles coutent. Alors ?

Il met à jour son logiciel mental et destine son chant langoureux d'amour et de respect uniquement à la liégeoise Nanesse.

Il renforce son voyeurisme. Des yeux en forme de ronds de jumelles apparaissent sur 360° tout autour de sa tête.

Il jouit de son emprise. Les femmes font fi d'être suivies dans leurs allées et venues car ce chant les envoute.

Il fixe leurs yeux qui brillent du désir d'être aimée comme cette Nanesse.

Il les convainc par la force de la répétition que la Nanesse est heureuse d'être constamment surveillée et donc jugée.

Il plante son regard dans le leur et pourtant...

Il ressent le besoin de faire des claquettes. Il souffre à nouveau. Voir ne lui suffit plus. Il veut voir plus, toujours plus loin, plus près de l'objet de sa haine.

Il innove alors en développant une vision qui lui permet de voir le contenu des sacs à main et ce qui est écrit sur un mémorandum ou sur l'ordonnance médicale.

Il zoome passionnément et s'imagine devenir le super-héros des temps modernes : Supervoyeur ou Superpervers ?

Il se rend compte que le vocabulaire n'est plus adapté car il ne se cache pas et oh! 

Il rêve de poser des jumelles dans le nid puis, de son canapé, d'observer à travers elles mais las ! il ne dispose pas de cette technologie.

Il ajuste son chant pour que l'illusion occupe de plus en plus de temps de cerveau disponible.

Il apprend avec joie que les femmes deviennent tellement soumises à leur conjoint, qu'elles en oublient de se révolter.

Les hommes se rendant compte de l'efficacité d'une telle surveillance discriminatoire dans la rue, décident d'en installer partout, sans avoir pensé à ce jour funeste où elle commença à être utilisée contre tous et toutes et pour tout et n'importe quoi. 

Ingo salue le public avec son violon.

Mme Imauxdérée au micro : Je vous vois rester coi mais vous pouvez applaudir Ingo.

A des applaudissements mous succède un brouhaha commentant la légende.

Giganti sur l'estrade tape dans ses mains : S'il vous plaît, silence. Place maintenant à monsieur Heintrau Duquetion.

- Bonjour. Comme notre ligne de vie décrite dans le livre La Grande Fatalité l'indique, la surveillance généralisée, fusion de celle du privé et de celle du public, s'avère inéluctable du fait de vos désirs les plus cruels. Aidé de cette guitare, voici la chanson que m'a commandé le ministre de l'intérieur.

O  Royaume Soupolé,
Pays du voyeurisme,
Qui chérit le plaisir de 
Punir, sévir, surveiller,
Enfant comme adulte,
Obtient la béatitude,
En demandant d'installer,
La vidéosurveillance
Partout avec bienveillance.

Une partie du public applaudit.

Heintrau Duquetion : Malheureusement la Grande Fatalité doit affronter des mouvements rebelles. Des autodafés de La Grande Fatalité ont lieu régulièrement.

- Des terroristes hurlent des maires.

- Tuons-les, lance un maire en se mettant debout sur son siège et en mimant le chasseur qui tue pour le plaisir de voir un corps convulsionner, le sang se répandre puis qui savoure la vue de la mort d'un corps chaud, comme aujourd'hui les spectateurs des films de la vidéosurveillance, autrefois habitué à reconstituer une scène de crime.

- Non mais ça va pas bien lui répond une maire. De quel droit vous prenez la vie de quelqu'un qui vous déplaît ? Vous vous prenez pour qui ?

- C'est pareil avec la vidéosurveillance. Qui est propriétaire des images qui nous filment ? Qui s'arroge un droit de propriété sur ma vie privée ? Une version moderne du serf du moyen-âge ?

La Folle de la reine chuchote à la Princesse : Les fées veulent abolir la propriété pour la remplacer par la notion de communs et d'autogestion. Ne vous avisez pas, ne serait-ce que d'évoquer ces idées, vous risqueriez d'être assassinée par des fanatiques de la propriété.

La Princesse écarquille les yeux : Le refus d'argumenter et de contre-argumenter, d'écouter des idées différentes de soi relève-t-il de la Cruauté ou de la peur d'être convaincue ?

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Histoire précédente : https://blogs.mediapart.fr/isabelle-clere/blog/261024/qui-reveillera-lebo-de-soupole-8z

Histoire suivante : 

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Sources

Mes photos de cigognes ont été prises dans le Calvados en février 2025.

https://www.mediapart.fr/

https://www.mediapart.fr/search?search_word=numerique+videosurveillance

https://www.mediapart.fr/search?search_word=technopolice+videosurveillance

https://www.lemediatv.fr/

ou garanti sans traqueur/cookie youtube https://video.lemediatv.fr/c/chaine_officielle/videos
Reflets, NextInpact, Alternativeséco, Reporterre, Disclose, cqfd, lesEchos, Basta, Ouest-France, La Manche libre etc


https://mamot.fr/@odile31

https://www.handi-social.fr/

Entre 5 et 10% des parcelles à refaire. Ouest-France 15 février 2025.

Les Echos Inondation : l'inquiétude reste vive dans le Pas-de-Calais. 1er octobre 2024.

Les Echos du 27 février 2025. Axa enregistre des résultats record, et soigne un peu plus ses actionnaires.

https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/violences-faites-aux-femmes/travaux-du-hce/article/rapport-pornocriminalite-mettons-fin-a-l-impunite-de-l-industrie-pornographique

L'OFB :

https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/020224/ecologie-surfant-sur-la-crise-agricole-la-fnsea-fait-feu-sur-les-organes-de-controle
https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/230324/depuis-la-mobilisation-agricole-le-difficile-travail-de-la-police-de-l-environnement
https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/160125/mis-en-cause-par-bayrou-et-des-syndicats-agricoles-les-agents-de-l-office-de-la-biodiversite-se-mettent
https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/150225/poitiers-l-immense-desarroi-de-la-police-de-l-environnement
https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/200225/l-incroyable-lettre-antipolice-environnementale-de-laurent-wauquiez-aux-agriculteurs

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.