La musique me répare
La musique me répare
Mieux que l’eau, mieux que le vent
Elle est le baume qui se glisse dans les fissures les plus ténues
Jusqu’aux fêlures de l’âme qui entament le corps
Et que l’on tait car ce ne sont que de petites coupures
Dont il serait indécent de se plaindre
La musique est en moi ce que la danse ou la course sont à d’autres
Elle fait naître la joie au cœur des fibres
et dans l’habitacle de chaque cellule
elle enrobe les fractures
comble les abîmes
Elle est fraîcheur
Elle est chaleur
Elle est soie et ciment
Argile et miel dans le chaos de mes blessures
Ça chante en moi, ça vibre, ça caresse si bien que la peine s’épuise
Parfois une larme déborde, presque invisible
elle fait ruisseler l’amer de ce qui reste tû
La musique dévoile la beauté perdue de vue, le silence des défaites
Elle pose sur les mots et les pensées une marée de couleurs
dans laquelle je renais quand tout s’éteint
Elle est ma fortune, ma richesse,
Si commune pourtant et si précieuse
Unique en ce qu’elle sait aller dans nos âmes où on ignore qu’un vide béant espère
Elle comble
Elle me comble de sa force de sa finesse de sa puissance et de son rire
Elle nourrit la famine qui me ronge
Elle enchante le terne et le morose qui font le siège autour de nous
J’écoute de tout mon être le chant du monde
l’infinité des voix dans le temps qui s’unissent et tissent le filet qui me berce
Me voici suspendue dans ce hamac où s’abolissent les douleurs
J’écoute ce qui est à la fois solitude et partage
Dans la musique je renais, jamais neuve – ce ne serait pas un bonheur, oh non –
mais renouvelée à moi-même et au monde
Revenue des mille accrocs de la vie qui déchire
La musique est le battement de mon cœur, la vibration de mes os
Elle m’enchante et me ré-enchante
Elle me répare
Isabelle Maurin