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Billet de blog 28 mai 2008

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Les mal-logés de la rue de la Banque, six mois après

 Le 14 décembre 2007, les familles qui occupaient la rue de la Banque pour obtenir un logement décent levaient leur « campement » suite à la signature d’un accord avec le ministère du Logement, dans lequel le gouvernement s’est engagé à reloger l’ensemble des 374 familles dans un délai d’un an. Le 14 juin a été franchi le cap des six mois. Durant cette période, combien de familles ont été relogées ? Rappel du mouvement de l’hiver 2007 et rapide état de la situation.

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Le 14 décembre 2007, les familles qui occupaient la rue de la Banque pour obtenir un logement décent levaient leur « campement » suite à la signature d’un accord avec le ministère du Logement, dans lequel le gouvernement s’est engagé à reloger l’ensemble des 374 familles dans un délai d’un an. Le 14 juin a été franchi le cap des six mois. Durant cette période, combien de familles ont été relogées ? Rappel du mouvement de l’hiver 2007 et rapide état de la situation.

Entre le 3 octobre et le 14 décembre 2007, plusieurs centaines de familles ont occupé les abords du « ministère de la Crise du logement », 24 rue de la Banque, face à la Bourse dans le IIe arrondissement de Paris, pour obtenir un logement décent et durable.

Françaises ou immigrées avec des papiers, ces familles, dont un ou plusieurs de leurs membres travaillent, sont inscrites sur les listes d’attente pour un logement social depuis plusieurs années.
Plus des deux tiers vivent dans des hôtels, certaines depuis de nombreuses années. Elles payent jusqu’à plusieurs milliers d’euros par mois pour des chambres minuscules, souvent insalubres, sans cuisine, et où il est la plupart du temps interdit de recevoir. Une partie de ces « loyers » exorbitants est prise en charge par les collectivités.
Les autres sont hébergées par des membres de leur famille ou des amis et dans des foyers ou sont au bord de l’expulsion.

Les 374 familles, «1500 personnes dont 900 enfants» selon l'association Droit au logement (DAL), demandent à sortir de ce système d’hébergement précaire institutionnalisé qui les déplace d’un habitat insalubre à un autre, entraîne la promiscuité et l’insécurité, pour un coût qui ôte tout espoir d’amélioration.

Après avoir investi la rue de la Banque la nuit du 3 octobre, les familles se relaieront pendant deux mois et demi pour dormir dans la rue, d’abord sous des tentes puis sous des bâches. Les mères et les pères, continuent de travailler, d’emmener leurs enfants à l’école, de vivre…
Aidées par le DAL, le Comité actions logement (CAL), le Comité des sans-logis et plusieurs autres associations de défenses des mal-logés, les familles recevront le soutien de diverses personnalités, dont Josiane Balasko, Emmanuelle Béart et Guy Bedos, de plusieurs syndicats, d’acteurs de la vie politique et de citoyens anonymes.

Entre le 3 octobre et le 1er novembre, la rue sera évacuée cinq fois par les forces de l’ordre, les tentes et matériels de couchage confisqués, certaines personnes interpellées, parfois brutalement.

Les discussions avec la ministre du Logement, Christine Boutin, aboutissent à une première rencontre, le 26 octobre, alors que les médias commencent à donner un certain échos aux mal-logés de la rue de la Banque. D’autres suivront, sans résultat. Le 23 novembre, le porte-parole du DAL, Jean-Baptiste Eyraud, et de Carole Bouquet rencontrent Nicolas Sarkozy à l’Élysée, grâce à la médiation de l’actrice. Les négociations sont relancées.

Le vendredi 14 décembre, les associations soutenant les familles signent un accord avec le ministère du Logement dans lequel l’État s’engage à reloger les 374 familles d’ici un an.

Selon les termes de l’accord, le campement est démonté dans la soirée et les familles regagnent leurs hôtels, leurs foyers d’hébergements.



Quelles sont les avancées à la moitié de l’échéance ?

Le 14 juin, sur 374 familles, 32 ont été relogées et 40 autres examinent des propositions de logement, selon les chiffres du DAL.

Le 18 avril, les familles s’étaient à nouveau réunies devant le «ministère de la Crise du logement» menaçant de se remobiliser pour alerter sur la lenteur des relogements. Alors, 18 familles avaient été relogées, soit moins de 5 par mois, et 25 avaient reçu une proposition. Dans un communiqué, le DAL déclarait : «Depuis quatre mois, l’Etat aurait dû reloger un tiers des familles. Au rythme actuel, il faudra plus de six ans pour terminer les relogements.»

Depuis, le nombre de propositions est en légère augmentation, celui des relogements également, il a dépassé les 5 familles par mois. 342 sont toujours en attente d’un logement. Reste moins de six mois d’ici le 14 décembre 2008.



(Photos : Devant le « ministère de la Crise du logement », le 2 novembre 2007, au lendemain de la cinquième évacuation du «campement» de la rue de la Banque.
Ce billet a été écrit le 28 mai et actualisé le 21 juin.)

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