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Billet de blog 2 novembre 2016

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«Cosmos» de M. Onfray, ou l'ontologie manquée: la critique d'un scientifique

Avec son dernier opus, Michel Onfray a l'ambition louable de refonder la philosophie sur la base du fonctionnement de la Nature, en particulier de la Nature vivante. Pourtant, le manque de profondeur et de rigueur dans la description et dans la compréhension des lois de fonctionnement du vivant affaiblit considérablement le propos.

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Disons-le clairement d'entrée de jeu : je suis d'accord avec Michel Onfray. Je suis d'accord sur le fond, je suis d'accord sur la démarche. Nous avons les mêmes références à la fois en négatif (la tradition judéo-chrétienne) et en positif (la pensée matérialiste et rationaliste). Nous partageons même, chacun dans son domaine, la même approche analytique de la pensée : pour comprendre ce que veut dire un concept philosophique, ce que signifie une découverte scientifique, il faut les regarder dans leur contexte historique et dans le contexte de la biographie de leur auteur. Je l'enseigne tous les jours à mes étudiants. Ce texte n'est donc pas une critique de la pensée de Michel Onfray, puisque je partage son avis. Je souscris également à l'ambition de débarrasser la pensée occidentale de son carcan idéologique platonien-judéo-chrétien pour arriver à une vision du monde fondée sur la réalité matérielle de la nature (y compris celle de l'homme et de son « âme », quoi que ce mot signifie) et qui ne fasse pas appel à des croyances, y compris celle - pourtant cartésienne, donc selon nos critères contemporains « rationnelle » - de la supériorité de l'esprit sur la matière, de la séparation « substantielle » (M. Onfray dirait probablement : ontologique) de l'un par rapport à l'autre.

Pourtant, j'ai de nombreuses critiques à adresser à son ouvrage, qui m'a laissé sur ma faim et m'a même, par ici par là, fait bondir et parfois fait sourire en raison des inexactitudes scientifiques qu'il contient.

Le propos est bien de (re)fonder une philosophie basée sur la nature et sur son mode de fonctionnement, sur sa neutralité vis-à-vis de ce que l'homme appelle « justice », sur sa valeur immanente, sur son indifférence vis-à-vis de la pensée religieuse et magique au sens large, sur l'absence de téléologie dans le monde naturel. Alors, on s'attendrait à ce que le propos sur comment la nature fonctionne soit juste, à défaut d'être exhaustif ; que l'on cite des sources scientifiques « solides », que l'on exploite davantage la pensée des scientifiques qui ont déjà réfléchi au sujet du « sens de la vie » naturelle, et par extension - ou plutôt par induction - de l'existence humaine.

J'ai bien peur d'être le seul scientifique à avoir lu “Cosmos” : je n'ai lu que des critiques dithyrambiques sur ce livre, qualifié (à quelque chose près) de « révolution » dans la philosophie. Pourtant, de mon œil de scientifique ayant une connaissance moyenne de la philosophie, je ne vois rien de bouleversant dans ce texte. C'est peut-être bien parce que moi, biologiste de l'évolution, athée, rationaliste, j'ai déjà parcouru tout le chemin, en compagnie d'intellectuels comme Michel Onfray ; parce que ce livre ne s'adresse pas à moi, mais à tous ceux qui croient en les vertus du vin biodynamique, à qui l'Auteur explique bien clairement qu'ils adhèrent à des fadaises monumentales. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas eu l'impression que la critique des différentes formes de pensée magique (de celles de nature religieuse, particulièrement celles dites « du livre », issues des croyances de bergers du Moyen-Orient de l'Age de Bronze, à celles plus fuyantes et récentes comme la pensée steinérienne, qui a donné lieu à l'agriculture biodynamique) fasse naître de façon solide et construite une nouvelle vision alternative du monde. Certaines conceptions matérialistes sont bien présentées, mais il s'agit de conclusions auxquelles la philosophie occidentale était déjà arrivée. C'est pour moi la limite principale du livre : excellent dans la pars destruens, mais manquant de force dans la pars construens ; on se retrouve, encore et encore, en compagnie d'Épicure et Lucrèce, de Nietzsche et parfois même de Bergson. La compagnie est excellente, mais insuffisante. Où est passé Onfray ?! Et où est passée la science contemporaine, pourtant susceptible d'étayer efficacement le propos matérialiste ? Ou bien la « construction » est réservée aux deux autres livres de la trilogie programmée ?

Quand on rentre dans le détail, et que l'on connaît quelque chose à la science (et en particulier aux sciences du vivant) on ne peut que rester surpris de l'approximation avec laquelle les connaissances scientifiques sont traitées dans ce livre, et on a envie de s'adresser à son Auteur pour lui dire : vous n'avez pas tout raconté ; la pensée scientifique est déjà allée plus loin, alors citez Darwin, Lewontin, J. Huxley et Dawkins davantage qu'Épicure et Nietzsche !

Ma première source d'étonnement scientifique se trouve en début de deuxième partie, là où on apprend (sérieusement) que l'homme descend des plantes. On va donc à l'encontre de tout ce que la biologie sait de l'évolution des organismes multicellulaires : à savoir que les organismes unicellulaires eucaryotes (ceux dont la cellule contient un noyau qui contient l'ADN) se sont très rapidement séparés entre ceux qui avaient entamé une symbiose avec un chloroplaste (qui ont donné les plantes) et ceux qui ne l'avaient pas fait (et qui ont donné les animaux et les champignons). En aucun cas « il [ne] reste en nous de la plante ». On comprend plus tard, vers la fin du livre, que ce concept a dû être glané chez feu Jean-Marie Pelt, qui n'était pas le conteur de sciences (botaniques, écologiques) le plus rigoureux au monde, et penchait plutôt vers le mysticisme (il était d'ailleurs croyant et chrétien et ne s'en cachait pas, loin de là). Il ne peut d'ailleurs non plus exister de « neurobiologie végétale » au sens propre (ni passée, ni contemporaine), dans la mesure où les plantes n'ont rien qui puisse ressembler à des neurones et des nerfs. Juste quelques lignes plus tard on apprend que « le monde est bien un immense terrain de jeu éthologique dans lequel la prédation fait la loi ». Or, si cela est plutôt vrai pour les animaux, c'est faux pour presque tous les autres. Étonnamment, l'exemple de prédation choisi pour en montrer la généralité est... une plante parasite, ce qui reste néanmoins un cas minoritaire. De plus, cette vision de la nature caricature le darwinisme, l'écologie et l'éthologie, qui savent au moins depuis le milieu du siècle dernier que d'autres interactions biologiques, comme la coopération et la symbiose, sont aussi importantes en nature que la compétition et la prédation. M. Onfray dans ce chapitre fonde ses arguments sur la biologie du XIXème siècle, c'est bien dommage. Un peu plus loin, deuxième partie, chapitre 1, la volonté de puissance nietzschéenne fait irruption (suivie de près par l'élan vital bergsonien) pour expliquer la tendance des plantes à éliminer leurs concurrents dans la course à la lumière, leur ressource la plus importante, voire à exploiter leurs voisins en grimpant dessus, puis en les tuant, pour arriver les premières à la lumière. L'utilisation des concepts de la philosophie pour décrire des phénomènes biologiques est ici pour le moins étonnante, sachant que M. Onfray témoigne savoir ce que dit la Théorie de l'évolution. Il serait donc facile de reconnaître que « l'élan vital », la « volonté de puissance » ont (du moins en biologie) un nom précis, qui fait référence à une propriété bien définie et à une quantité mesurable, donc tout ce qu'il y a de plus matérialiste : la « sélection naturelle » de Darwin et de la biologie de l'évolution du XXème siècle (et du XXIème, bien sûr). C'est bien cette force, ce mécanisme, qui explique les phénomènes qui sont décrits dans la deuxième partie de « Cosmos » à travers le prisme de la philosophie de Nietzsche et de Bergson. On ne comprend pas pourquoi utiliser des références lointaines et indirectes, quand la plus claire, plus facile, plus précise est à portée de main. La référence darwinienne aurait de plus eu le mérite de porter le raisonnement directement au cœur du sujet de la nature immanente, intrinsèque, des phénomènes biologiques, de leur manque de finalité : les individus qui se reproduisent le plus laissent plus de descendants, qui se reproduiront plus que leurs voisins (s'ils ont hérité leur plus grande fertilité de leurs parents), et par ce simple fait seront les « gagnants » de la course biologique. Tout est dit dans ce simple constat, élégant et factuel. Le « sens » du comportement du vivant est là, point de raison de le chercher plus loin.

Le chapitre 1 de la Deuxième partie est également riche d'inexactitudes scientifiques. Les spermatozoïdes n'ont pas de cils, mais ils ont bien un flagelle qui leur permet d'avancer (comme certaines cellules végétales ; en revanche les cils sont très communs chez les cellules animales mais rares chez les végétaux). Et cette présupposée (mais erronée) présence commune d'un cil prouverait que « l'homme vient de la plante avant de descendre du singe ». Ah, si les preuves étaient si faciles à obtenir en biologie... Détail sans importance, me direz-vous ; mais la démonstration est fallacieuse et maladroite. Il faut également signaler à l'Auteur que les bactéries ne sont pas des molécules ; qu'une population d'arbres ne s'appelle pas « arboricole » car, justement, arboricole est ce qui vit dans les arbres ; que les chercheurs en évolution (qui en majorité excluent la présence d'un système nerveux chez les plantes) ne sont pas des « scientifiques vieille manière » ou des « positivistes mécanistes » ; et je ne rentre même pas dans le débat qui opposerait ce « positivisme mécaniste » à un supposé supérieur « vitalisme énergétique » : on frôle ici dangereusement le mysticisme à la Steiner... et on parle de choses que l'on connaît visiblement assez mal. Et d'ailleurs, les lois de l'univers ne « nous échappent [pas] absolument », même si, bien évidemment, il y a encore un tas de choses que nous ne savons pas expliquer.

Ailleurs (chapitre 3 de la Deuxième partie), on lit : « si Darwin a raison, ce que je crois, [...] ». Il n'est pas ici question de croyance, mais d'une discipline scientifique dont les fondations ont résisté à presque deux siècles de tentatives acharnées de réfutation. D'ailleurs, est-ce qu'on écrirait « si Isaac Newton a raison, ce que je crois » sans se couvrir de ridicule ? En appliquant cette formule dubitative à Darwin, Onfray reduit, de façon surprenante, la Théorie de l'évolution au rang d'opinion, et la sépare de la catégorie à laquelle elle appartient (celle du corpus des lois de nature avérées), comme un quelconque créationniste, la différence d'avec ce dernier étant que lui, Onfray, y croit.

Le deuxième chapitre de cette partie, qui met l'anguille à l'honneur, a également suscité, chez moi, nombre de doutes. En quoi l'anguille serait-elle « mémoire de la planète », plus que le rouge-gorge, le virus de la grippe ou le bolet ? Quand on parle de l'anguille en disant « ce serpent », est-ce une allégorie ? ou bien l'Auteur pense-t-il vraiment que l'anguille est un reptile ? (je n'ai pas réussi à me faire une idée : le doute plane sur tout le chapitre, c'est gênant). Je n'ai pas compris non plus la coïncidence entre « la lumière des étoiles mortes » et « les ondulations de la petite anguille vivante ». Mystère. Et les anguilles qui pondent dans le Pacifique ne plongent certainement pas à 11000 mètres sous les mers : car si elles pondent « à proximité » des monts sous-marins de la Fosse des Mariannes, cela ne veut pas dire qu'elles vont jusqu'aux pieds de ces montagnes, c'est-à-dire dans la fosse. Quelques lignes plus tard, on voit apparaître la « puissance d'exister » de Spinoza : mais c'est toujours la sélection naturelle... plus loin on apprend que « l'hominisation [...] réalise le plan de la nature ». Autrement dit, trois siècles d'histoire de la pensée biologique, qui s'est donnée beaucoup de mal pour démontrer que, justement, il n'y a pas de plan de la nature, sont piétinés et totalement ignorés. Mais le chapitre revient sur l'anguille, qui, on nous explique, « au bout du fil de la ligne [...] aspire goulûment un air qui va manquer », ce qui est étrange de la part d'un poisson, qui au contraire a le problème de manquer d'eau, pas d'air. Surprenant. La dernière phrase du chapitre m'a jeté dans le désarroi. Le « principe lucifuge » de l'anguille serait notre « causalité ontologique ». Je m'avère vaincu.
La récré des concepts scientifiques se poursuit dans le chapitre 3 de la deuxième partie. D'entrée, ce dont l'Auteur a constaté la disparition dans les rivières natales ne sont très probablement pas des algues vertes, mais des plantes (supérieures) aquatiques ; la nuance est de taille, du point de vue évolutif... et juste après, ne devrait-on pas reconnaître que la biologie a déjà démontré, au delà de tout doute raisonnable, que l'homme fait partie de la nature ? Je me rends bien compte que cela peut être nouveau pour l'éventuel citoyen lambda qui aurait méthodiquement refusé d'écouter la moindre information scientifique de toute sa vie (lira-t-il au moins Cosmos ?), mais ce n'est pas nouveau pour la science. Ne faudrait-il pas, peut-être, le rappeler ? M Onfray préfère citer Nietzsche... Ensuite, on cite une liste d'insectes : après les grillons, on trouve sauterelles, criquets (on reste dans les orthoptères, c'est bien)... et araignées. Lève la main le connaisseur même médiocre des arthropodes qui ne sait pas que les araignées ne sont pas des insectes. Je prendrai l'expression « intelligences homéopathiques » (en référence à la très grande sensibilité des invertébrés à des faibles concentrations de molécules dans leur milieu) comme une boutade : ça en doit être forcément une (mais il y a des lecteurs qui ne s'en rendront peut-être pas compte). Juste après, la capacité d'un parasite d'infecter plusieurs mammifères est portée pour preuve de la proximité évolutive de tous ces organismes. Un point pour Darwin. Sauf à oublier que par exemple le protozoaire responsable du paludisme, le Plasmodium, rend malade à la fois le moustique et l'homme que pique le moustique. Preuve de la proximité évolutive entre l'homme et le moustique ? Cet argument serait très mal noté dans n'importe quel examen de biologie. D'ailleurs, de l'infection de la part de Toxoplasma gondii à l'absence de libre arbitre, le bond est énormissime, je dirais même que c'est une caricature de raisonnement, alors qu'il suffit de lire des articles de vulgarisation en neurobiologie pour trouver des arguments très sérieux au sujet des contours du libre arbitre, fondés dans les études sur le fonctionnement normal du cerveau humain.

Le chapitre 1 de la Troisième partie contient aussi quelques abus scientifiques. C'est admirable que l'Auteur fasse ressurgir les opinions de Celse contre celles d'Origène ; mais la « prévoyance » chez les animaux reste largement à démontrer, vu que seulement chez l'homme, pour l'heure, on a des preuves en faveur de l'existence de l’auto-conscience (et même là-dessus il y a parfois débat, tout comme sur le libre arbitre...). Dans la cinquième partie, chapitre 4, on nous parle de grottes dans lesquelles des hommes auraient vécu il y a des millions d'années, ce qui parait difficile puisque l'homme moderne aurait fait son apparition sur Terre il y a environ deux cent mille ans. Dans ce chapitre consacré au Land art, on apprend aussi que les travaux de Chantal Jègues-Wolkiewitz « secouent la corporation des préhistoriens ». Déjà quand ont traite une communauté scientifique de « corporation », c'est mal parti. Il est sans doute vrai que le milieu scientifique peut se révéler conservateur, particulièrement envers les femmes (je pense à l'exemple de Barbara McKlintock, traitée de folle pendant des décennies par ses collègues généticiens pour ses découvertes, plus tard récompensées avec le Prix Nobel), mais il est également vrai que beaucoup d'hypothèses farfelues ont été rejetées par les « corporations » pour de très bonnes raisons. Il est vrai également que les « changements de paradigme » de Kuhn prennent du temps à se réaliser, mais force est de constater que les travaux de Mme Jègues-Wolkiewitz ne secouent pas grande choses pour l'heure (certes, il se pourrait bien qu'ils le fassent d'ici dix ou vingt ans, bien sûr).

Un autre passage obscur nous attend dans le chapitre 5 de la cinquième partie, au sujet de la musique. Je me dois de citer la phrase en entier : « La théorie matérialiste se voit une fois de plus confirmée : au sens épicurien, les simulacres constitués par la musique, autrement dit les nappes de particules détachées de la matrice, ces nappes circulent dans l'air et modifient les simulacres dont l'âme est composée ». Stupeur. Que veut dire tout ça ? la musique serait-elle faite de particules ? je me souviens bien d'une histoire d'électrons détachés de la matière par un rayon de lumière, mais il s'agit de l'effet photovoltaïque (celui qui a mérité le Prix Nobel à Albert Einstein). Cette description de la nature de la musique et de son action sur le cerveau me semble extravagante. Ou alors c'est encore une allégorie, comme là où on dit que l'anguille est un serpent ? Bref, je suis perdu dans ce matérialisme qui a parfois très peu de concret.

Tout cela, même si on voulait considérer la majorité de ces erreurs comme des détails mineurs qui n'affectent pas l'essentiel du raisonnement (mais a-t-on le droit d'étayer un raisonnement, quel qu'il soit, avec des arguments inexacts ou erronés ?), engendre un problème méthodologique : si là, où je sais de quoi on parle, je constate que le texte est riche en erreurs, dois-je en déduire que les autres parties, que je suis moins apte à juger, le sont aussi ? C'est un problème très gênant, il faut avouer.
Le dernier chapitre me laisse avec une question : comment concilier l'admiration apparente pour les pratiques religieuses de l'Age de pierre, pour le mode de vie des anciens, connecté de façon intuitive et « corporelle » à la nature, avec la déclaration du début de la Deuxième partie : « [...] ni religion new age, ni écologisme néopaïen, ni spiritualités néochamaniques » ? Se peut-il qu'entre la deuxième et la cinquième partie l'Auteur ait changé d'avis ?

En conclusion, que dire de « Cosmos » ? Je reviens à mon point de départ : je partage l'approche et le point de vue de Michel Onfray. Néanmoins je trouve que le manque de rigueur dans la description des phénomènes naturels et des principes de fonctionnement de la nature nuit sérieusement au propos, car de deux choses l'une : ou bien la nature n'est qu'une excuse, un point de départ pour une réflexion qui s'en détache entièrement, et alors je ne vois pas la différence avec n'importe quelle autre approche « métaphysique » ; ou bien on veut sérieusement fonder une nouvelle philosophie sur la nature, avec l'homme dedans, et alors il faut commencer par une compréhension approfondie de cette même nature, en se rapprochant des courants modernes de la pensée scientifique (et tout particulièrement, relativement au sujet de ce livre, biologique) pour aller au delà des intuitions d’Héraclite, d'Épicure, ou bien de Spinoza, Nietzsche ou Bergson. Au final, le manque de précision et d'approfondissement dans ce domaine font à mon avis de cet ouvrage, et je le regrette, une occasion manquée.

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