Ancien résistant et diplomate, Stéphane Hessel fut l’un des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Face à l’escalade sécuritaire de l’Élysée, il analyse les motivations profondes et anticonstitutionnelles de Nicolas Sarkozy.
Quel regard portez-vous sur le climat répressif développé par le chef de l’État ?
Stéphane Hessel. Son discours, notamment celui de Grenoble, est une véritable erreur et une violation des principes démocratiques de notre Constitution. Le président ne se rend pas compte que les deux politiques auxquelles il a donné son nom, l’une sécuritaire essentiellement répressive et l’autre d’immigration qu’il a appelée immigration choisie, sont des atteintes au droit, dues à sa prédilection pour la partie la plus réactionnaire de notre démocratie. Il puise dans les électeurs de droite et d’extrême droite une partie de son soutien. S’il souhaite être réélu, il doit donner des gages à cette partie de notre population, qui n’est fort heureusement pas majoritaire.
Ce jusqu’au-boutisme serait-il dû uniquement à fins électoralistes ?
Stéphane Hessel. Exactement, il profite de chaque fait divers un peu brutal pour se réaffirmer comme le défenseur inconditionnel de ceux qui pensent que la France doit se protéger des étrangers. C’est exactement l’inverse d’une politique intelligente pour notre pays.