Le projet de budget 2011 de la Région est soumis au vote des élus régionaux du 15 au 17 décembre. Des débats retransmis en direct sur le site: http://www.iledefrance.fr/lactualite/conseil-regional/conseil-regional/a-suivre-en-direct-les-debats-budgetaires/
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Et, ci-dessous, le direct de la Région Basse-Normandie
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Dimanche 21 novembre 2010 7 21 /11 /2010 08:34
Discours de Cécile Duflot sur les orientations budgétaires 2011 de la région Ile de France
Cher-e-s ami-e-s,
Un débat budgétaire, n’est pas un document technique, ni une simple épreuve de passage. Nous voici aujourd’hui près de huit mois après l’élection de chacun et chacune d’entre nous présent dans cette salle.
Le 21 Mars 2010 n’a pas seulement été un moment d’humeur de quelques électeurs, il n’a pas seulement été une volonté de reconduire à l’identique une majorité sortante, le message des électeurs a été clair :
-répondre ensemble à la crise écologique et sociale que traverse difficilement des millions de franciliens
-amplifier la transformation écologique et sociale de nos territoires
-renforcer la région face à un Etat qui se désengage, qui renonce, laissant souvent orphelins les populations les plus en difficultés.
Depuis huit mois, nous avons travaillés, nous avons proposés ensemble des réformes, parfois ambitieuses, comme lors de notre engagement commun contre les paradis fiscaux, voté à l’unanimité par notre assemblée.
La question, qui nous est posée aujourd’hui est autre. Pendant les semaines qui viennent nous devons pour la première fois, définir ensemble, le cap, le sens commun, que nous donnerons à la politique régionale.
Notre assemblée est diverse et plurielle, l’exercice pourrait alors sembler périlleux, je pense au contraire qu’il redouble d’intérêt, ce que nous faisons ici c’est conjuguer nos inventions .
Face à un gouvernement et à un Président de la République, qui caporalise et uniformise la démocratie, faisant fi des oppositions, exaltant le passage en force comme seule méthode de gouvernement, nous avons ici et maintenant la possibilité d’inventer ensemble une autre démocratie, un partage des ambitions et des projets et une solidarité face à l’exercice des responsabilités.
Je voudrais remercier, ici spécifiquement et personnellement Marie-Pierre de la Gontrie, pour les efforts, qu’elle a mené, avec l’appui de Jean-Paul, lors de la préparation de ces orientations budgétaires, afin que la majorité puisse y apporter sa contribution commune.
Je ne vous apprendrais rien : un budget, c’est à la fois des recettes et des dépenses. Il est de commune mesure, de s’intéresser d’abord aux ressources, puis d’étudier ensuite les dispositifs auquel celles-ci doivent être affectées.
Permettez, moi de vous proposer ici d’inverser l’exercice. J’aborderais le volet des recettes, mais j’ai la conviction profonde, que celles-ci doivent être des moyens, et non des fins ; des outils et non des engagements. Les dépenses, elles expriment, notre volonté, ces paroles que nous avons dit aux franciliens et aux franciliennes lors de la campagne. Ce qui sortira d’ici c’est l’expression d’un cap, d’une volonté commune.
Celui que porte le groupe Europe Ecologie – Les Verts est simple : c’est la conversion écologique et sociale pour répondre aux urgences que traverse les franciliens. Nous avons la conviction, que nous ne pouvons pas répondre aux difficultés de ceux qui souffrent le plus d’une crise économique qui s’aggrave, du nombre de chômeurs qui s’accroît, sans affronter d’embler la raréfaction des ressources, la crise climatique et celle de la biodiversité. A chaque fois, avec le même objectif, un impératif de justice, une triple justice : justice environnementale, justice économique et sociale et exigence démocratique.
Après la crise, notre région est aujourd’hui encore plus fragmentée, encore plus morcellée, et les inégalités prospèrent. Le premier de nos engagements, doit être celui de rééquilibrer et d’agir pour que le fossé entre nos concitoyens, que la fracture territoriale ne continue pas à se creuser. Cinq ans après les émeutes, à Clichy-Sous-Bois, à Villiers-le-Bel, nos services publics sont encore trop faibles et peu nombreux. C’est envers les populations des quartiers les plus défavorisés, les plus enclavés, que nous devons d’abord agir. Il nous faut clairement identifier nos besoins, nos urgences et nos priorités. C’est pour cela que nous appuyons la réforme de la critérisation engagée par l’exécutif, mais nous pensons que nous devons aller plus loin et que l’ensemble de notre budget devra exprimer, cette volonté, comme un engagement, comme une priorité.
Faire de la politique, c’est être capable de faire des choix. Pour cela, nous devons affirmer des priorités à nos investissements. A l’inverse de la logique promue par la réforme territoriale, nous nous félicitons que l’Ile-de-France continue à développer des politiques dans tous les domaines et à être un acteur majeur de toutes les politiques. Il n’y a pas en Ile-de-France de politique mineure, il n’y a pas de politique inutile, il n’y a pas de politique marginale. C’est pourquoi, nous défendons avec vigueur de maintenir la clause de compétence générale, pour les régions.
Le groupe Europe Ecologie – Les Verts affirme sa volonté que nous répondions aux urgences de la crise, tout d’abord avec quatre priorités majeures :
• La priorité de l’action régionale doit être celle des transports. On ne peut avoir une vision éloignée ou désincarnée, du moyen de transport, qu’emploie les franciliens tous les matins. Alors que la crise climatique s’aggrave, c’est notre urgence commune que de permettre au plus grand nombre d’accéder à des transports publics de qualité et accessible. Nous devons poursuivre l’amélioration, la rénovation de notre réseau de transport, avec le Plan de Mobilisation Transports, en parallèle du débat public mené sur Arc Express et le Grand 8. Mais nous devons impérativement tenir notre engagement de campagne, tant attendu par les franciliens et les franciliennes. Dès 2012, nous mettrons en place un Pass Navigo à zone unique. Il ne s’agit pas seulement d’une mesure technique de transports, pas seulement d’une mesure d’égalité entre les franciliens, mais bien d’une mesure d’appartenance territoriale avec cette idée claire : l’Ile-de-France appartient de la même manière à tous et à tout le monde.
• En Ile-de-France, c’est chaque jour plus cher, plus compliqué, plus difficile de se trouver un toit. Quelque soit les classes sociales, ils sont nombreux les franciliens, qui devraient bénéficier d’un droit au logement garanti par la Constitution, et qui ne parviennent plus ni à se loger, ni à se chauffer. L’Ile-de-France a innové en étant la seule région de France à rendre effective une politique sur le logement. Celle-ci a commencé à produire ses effets, mais lorsque l’Etat se désengage, c’est notre rôle que de répondre présent. Nous devons amplifier et accélérer nos efforts, en portant à un milliard sur quatre ans l’effort d’investissement consacré au logement.
• Depuis que Nicolas Sarkozy a été élu, la France compte un million de plus de chômeurs. Le gouvernement n’a pas tout essayé, et le renoncement ne tient jamais lieu de politique. Oui, nous devons faire de l’emploi, une priorité de l’action régionale, mais notre politique de l’emploi, ne peut être ni un sparadrad, ni une rustine sur un modèle économique en bout de course. Ce n’est que si nous engageons une volonté ferme d’engager la conversion écologique de notre économie, que nous pourrons créer des emplois durables, de qualité et de proximité. C’est ce que nous allons faire avec les Etats-Généraux de la conversion écologique et sociale, nous devons être à la hauteur de nos efforts en ce sens. Nous devons aussi appuyer, continuer et renforcer le dispositif emplois-tremplins, qui permet de financer l’Economie Sociale et Solidaire, et de maintenir vivant un secteur associatif, abandonné par l’Etat.
• Jamais la rentrée scolaire n’aura été aussi agitée que cette année. Des professeurs bombardés dans des classes sans préparation, des postes supprimés à tous les niveaux et enfin des manuels qui n’étaient pas là le jour de la rentrée. Nous avons pourtant répondu présents de manière solidaire, en garantissant la gratuité des manuels scolaires pour toutes les familles. N’en restons pas là ! Nous devons à la fois remplir notre mission pour les élèves, leurs professeurs et leurs parents, en consacrant un effort conséquent à la rénovation et à la construction des bâtiments des lycées, mais nous devons aussi inventer et innover pour faire des lycées d’Ile-de-France, des lieux de vie et d’apprentissage de la citoyenneté et non pas des casernes obsédées par la sécurité. La seule réponse apportée par le gouvernement à la colère lycéenne, a été de tirer sur les manifestants ! Une autre politique est possible : celle de la démocratie. Faisons le pari des politiques éducatives pour permettre une meilleure participation des lycéens à la vie de leurs établissements, c’est le sens de la niche que nous présenterons.
Ambition, Volonté et Invention, voici le défi que nous proposons pour la région au service d’un seul projet : mener de pair le bouclier social et la conversion écologique.
Mais alors, me direz vous, que de belles paroles, lorsqu’elles ne sont pas possibles face aux marges de manœuvre des collectivités qui se réduisent ?
Là aussi , je vous inviterais à l’ambition et à l’invention. Les écologistes ne sont pas des inconscients, qui auraient oubliés l’ardente obligation de tenir nos responsabilités, notamment financières. Si nous voulons répondre aux promesses que nous avons prises devant les franciliens, notre budget ne pourra pas être un budget de retrait, ne pourra pas être un budget de recul. Alors que le gouvernement professe l’austérité et la rigueur, nous maintiendrons nos engagements et le niveau de notre dépense devra être identique à celui de l’année 2010, en tenant compte du niveau de l’inflation.
Chers amis, chers camarades, ne prenons pas ici des leçons chez ceux-là même qui nous ont enfoncés dans la crise. Dans les pays d’Europe ou du Sud, ils ont professés les mêmes recettes, avec les mêmes échecs. Ils ont traversés l’ensemble des collectivités locales, vêtus de leur prétendu sérieux, et faisant souvent courir les mêmes risques à de nombreux élus. Ils sont les pompiers pyromanes des débats budgétaires, délivrant tranquillement leurs recettes sur la qualité de l’andouillette. Les agences de notation ne seront pas ceux qui devront nous dicter les solutions pour notre région.
Nous n’avons ni religion, ni totem. Lorsqu’il demeure raisonnable, prépare l’avenir et fait preuve d’une stratégie pour les générations futures, l’emprunt des collectivités est une solution pour financer nos politiques. Mais ne nous laissons pas gagner par la contagion d’un gouvernement qui détruit nos services publics, il n’y a pas de dogmatisme à avoir : lorsqu’il est juste et permet de financer des services publics de qualité, l’impôt est aussi un outil majeur pour faire de la région une puissance publique responsable. Nos marges de manœuvre sont aujourd’hui faibles, mais si nous jugeons cela nécessaire, alors ne nous interdisons pas d’y avoir recours. Chers amis, chers camarades, n’oubliez jamais qu’en temps de crise, ceux qui suppriment l’ISF nous enfoncent dans le bourbier, et que les plus progressistes, qu’ils s’appellent Roosevelt, Blum ou Mitterand n’ont jamais hésités à faire de la fiscalité un moyen de financer la justice et l’égalité.
Chers collègues, lorsque nous voterons le budget, nous aurons un choix à faire. Ce choix n’est pas indigne. Ce choix ne résume pas à des familles ou à des courants politiques. Dans cette assemblée, nous souhaitons tous tenir nos engagements face à nos électeurs. Pour ce faire, nous pouvons choisir un réformisme d’accompagnement, qui privilégie la gestion et la raison à l’ambition. Nous pouvons aussi faire le pari d’un réformisme radical et de transformation. Avec le groupe Europe Ecologie – Les Verts, nous plaiderons pour le second. Non pas parce que nous pensons être meilleurs, plus purs ou que nous voulons donner des leçons, mais parce que nous avons une conviction : c’est le réformisme du cœur et de la passion.
Je vous remercie
Cécile Duflot
Présidente du groupe Europe Ecologie Les Verts