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Billet de blog 25 septembre 2011

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Une Française victime des nervis de Bachar El Assad

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Une Française victime des nervis de Bachar El Assad

Entrevue avec Saadia Ali

Saadia Ali [1] vit à Paris et a participé aux rassemblements de soutien aux révolutions dans la région arabe. Vendredi 26 août, elle était présente lorsque le rassemblement quotidien du Châtelet en soutien au peuple syrien a été infiltré puis attaqué par des sbires de Bachar El Assad dont il est avéré qu’il s’agissait pour l’essentiel de membres du personnel diplomatique, protégé par leur immunité. Saadia Ali continue de manifester aux côtés des Syriens en lutte. C’est lors d’un rassemblement au Châtelet qu’elle a répondu à nos questions.


Saadia Ali, vous êtes franco-tunisienne, pourquoi tenez-vous à exprimer votre solidarité aux Syriens ?
Je manifeste avec les Syriens, mais aussi avec le monde entier, pour la liberté et la dignité humaines.


Que s’est-il passé le 26 août exactement ?
Ce jour-là, lors du rassemblement place du Châtelet, c’est moi qui avais le micro, dans une main, et de l’autre, je tenais un drapeau syrien. Je scandais des slogans. Jamais dans ma vie auparavant, je n’ai participé à la moindre bagarre. Une femme m’a insultée, avec des mots vulgaires. Elle m’a traité en arabe de « sale pute », m’a accusé de toucher de l’argent pour venir manifester ! C’était en arabe syrien et c’est une autre manifestante qui m’a traduit les insultes.

Qui était cette femme ?


Comme je l’ai dit, j’étais tellement occupée par les slogans que je n’avais pas vu les nervis s’infiltrer dans notre cercle. J’ai soudain entendu des cris et tout le monde s’est mis à courir dans tous les sens. J’ai voulu m’enfuir, mais c’est là que je me suis retrouvée en face de cette nervis, une jeune femme vive et sportive, qui portait un pantalon et un blouson en jean et qui m’a porté plusieurs coups. Et moi, j’ai cinquante-quatre ans. Je lui ai dit de me laisser, que j’étais malade et sans forces. Mais j’ai perdu l’équilibre et j’ai eu une entorse à la cheville droite.


Vous a-t-elle menacée ?


Oui, elle m’a menacée. Et parfois, j’ai peur de la croiser dans la rue, qu’elle m’attaque à nouveau, à chaque fois que je viens aux rassemblements ou lorsque je rentre tard chez moi le soir. Quand je quitte les rassemblements, je m’arrange pour prendre les transports en commun avec d’autres manifestants et ne pas être seule.


Avez-vous porté plainte ?
Après la bagarre, j’ai été conduite aux urgences de l’Hôtel Dieu. J’ai passé des radios qui ont détecté une entorse et on m’a donné un certificat médical attestant de la présence d’ecchymose au bras gauche. On m’a posé une attelle au pied. Jusqu’à maintenant j’ai du mal à marcher. Quand je suis sortie de l’hôpital, j’ai été au commissariat, mais comme il y avait trop de monde, c'est-à-dire les manifestants contre Bachar et les nervis de Bachar, j’ai dû revenir le lundi 29 août et là j’ai déposé plainte. Ensuite j’ai passé un examen médical sur réquisition judiciaire.
Dès le lendemain, vous avez tenu à revenir manifester au Châtelet…
Oui, je reviens et je reviendrai manifester avec d’autres victimes de l’injustice. Je veux dire Basta à tous les dictateurs et montrer qu’on n’a plus peur. Vive la liberté et la démocratie. Car nous sommes tous nés égaux.

Propos recueillis par Luiza Toscane le 10 septembre 2011

[1] Se reporter à « Femmes victorieuses contre l’impunité », 5 janvier 2009, http://memorial98.overblog.com/article-26463208.htm

Le Post, par Saied mabrouk

http://blogs.mediapart.fr/blog/ivan-villa/030811/paris-sit-quotidien-pour-soutenir-le-peuple-syrien

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