Pour ECOUTER Eva Joly sur Europe 1
Créé le 10/01/09 - Dernière mise à jour à 11h21
L'ancienne magistrate Eva Joly, qui a instruit notamment l'affaire Elf, a qualifié samedi de "régression" la suppression des juges d'instruction, estimant que cette réforme proposée par Nicolas Sarkozy était "un verrou pour empêcher les enquêtes qui gênent le pouvoir". Le juge d'instruction, actuellement chargé de l'enquête pour les affaires judiciaires les plus graves, serait remplacé par un "juge de l'instruction" qui ne "dirigera plus les enquêtes" mais en contrôlerait le déroulement.
C'est un véritable bouleversement qui s'annonce dans l'appareil judiciaire avec la suppression proposée par Nicolas Sarkozy de la fonction de juge d'instruction, magistrat indépendant chargé des enquêtes les plus complexes. "Le juge d'instruction en la forme actuelle ne peut être l'arbitre. Comment lui demander de prendre des mesures coercitives, des mesures touchant à l'intimité de la vie privée alors qu'il est avant tout guidé par la nécessité de son enquête ?", a déclaré le chef de l'Etat lors de l'audience solennelle de rentrée de la Cour de Cassation. Nicolas Sarkozy propose donc que l'actuelle fonction de juge d'instruction cède la place à un "juge de l'instruction", qui ne dirigerait plus les enquêtes mais en contrôlerait le déroulement.
L'ancienne magistrate Eva Joly, qui a instruit notamment l'affaire Elf, a qualifié samedi sur Europe 1 de "régression" la suppression des juges d'instruction, estimant que cette réforme proposée par Nicolas Sarkozy était "un verrou pour empêcher les enquêtes qui gênent le pouvoir". "Dans la solution qu'il propose, votre président de la République, les enquêtes seront confiées à un parquet qui lui est soumis", a commenté Eva Joly. Les magistrats du parquet sont hiérarchiquement soumis au ministère de la Justice. "Comment est-ce qu'on peut croire cinq minutes qu'un parquet aux ordres mènera plus et mieux les enquêtes et assurera mieux les libertés publiques qu'un juge?", a-t-elle demandé. "Pour moi c'est une régression (...) un verrou pour empêcher les enquêtes qui gênent le pouvoir politique" et "cette réforme ne doit pas passer", a insisté l'ancienne magistrate à la double nationalité franco-norvégienne, qui est signataire du rassemblement Europe-écologie autour de Daniel Cohn-Bendit en vue des élections européennes de juin 2009.