Note : Pour que vous puissiez facilement distinguer ce que disent les auteurices de mes commentaires, je mettrai ces derniers en italique. De plus, les indications de pages sans précisions d’ouvrage renvoient à leur livre.
Les auteurices après avoir présenté la cité par projet et ce 3ème esprit du capitalisme dans un monde en réseau vont expliquer comment, à partir de la seconde moitié des années 70, et principalement dans les années 80, les critiques vont être désarmées face aux transformations du capitalisme lui permettant de reprendre le contrôle pour les raisons suivantes :
- Grâces aux exigences de liberté qui nait de la différence entre la critique artiste (exigence de liberté et d'autonomie, contre bureaucratie, taylorisme, préférant la liberté et autonomie à la sécurité, critique centrée contre l’aliénation, l’authenticité) et la critique sociale (exigence de sécurité critique centré sur le refus de l'exploitation). Toutes deux réunis ensemble en 68
- La défaite du syndicalisme à s'adapter à cette nouvelle idéologie,
- Domination du capitalisme financier, la montée d'une pensée économique dite néo-libérale, et un capitalisme beaucoup plus mobile, flexible un capitalisme fluide : le capitalisme dispersif chez Deleuze
- Celle-ci s'accomplissant par la société de contrôle : dans le monde réticulaire prend la forme principalement de « l’autocontrôle".
Un monde du travail déconstruit
Le contrôle y prend une forme mélangeant peur du chômage et un retour du pouvoir disciplinaire : où les salariés sont "traités comme autant d'individus séparés, capables de performances différentes et inégales, et qui, grâce à un mélange d'avantages différentiels et de peur du chômage, furent conduits à s'engager librement et pleinement dans les tâches qui leur étaient prescrites" (p. 317).
La justice sociale, quant à elle, peut s'atteindre par un projet d'accomplissement de soi "liant culte de la performance individuelle et l'exaltation de la mobilité à des conceptions réticulaires du lien social." (p. 317) Mais ceci s'est accompagné d'une dégradation de leur situation économique et de leur stabilité professionnelle (p. 318).
L'exaltation du moi est le principale ressort de l'autopolitique pour accepter une exploitation. Il y a un fort assujettissement (l'autopolitique défini une subjectivité très moïque, certains diraient narcissique). Dans « l'appareil de capture » (in Mille Plateaux) Deleuze & Guattari expliquent qu’un fort assujettissement (être une pièce de la machine, être défini subjectivement par elle) va avec un fort asservissement (être esclave de la machine) : il y a donc une forte dépendance existentielle et obéissance à ce système. On a là les prémices de l’uberisation.
Ce qui se joue, alors, ce sont une série de déplacements. Le poids de l'incertitude marchande est déplacée sur les salariées et les prestataires à travers le flexibilité, une main d'oeuvre malléable où des "entreprises maigres" viennent chercher leur ressources auprès de prestataires en périphérie. (p. 318) .
Le capitalisme est un pouvoir profondément périphérique. C’est dans les périphéries du monde (du point de vue occidentale) à travers la colonisation, qu’un devenir monde a été une des conditions du capitalisme. De plus, dans ce contexte une autonomie des périphéries que sont certains colons mais également des sociétés marchandes par rapport à un pouvoir centrale des états colonisateurs a redistribué la création de richesses vers des pouvoirs privés. Vous pouvez si vous voulez approfondir et voir cela en détail consulter le livre d’Alain Bihr, Le premier âge du capitalisme Tome 1. Maintenant que le monde entier est capitaliste, la pratique de la périphérie se fait à l’intérieur même de cette globalité. La pratique raciale de l’exploitation étant toujours une levé de fond primordiale à l’égards des Suds mais également en créant des extériorités dans les pays occidentaux dans certaines banlieues, des zones plus pauvres constituées essentiellement de personnes racisées. Il ne faut pas oublier que l’exploitation a besoin de créer un différentiel entre personnes dominantes et dominées pour opérer un asservissement. Ainsi, la race (comme le genre et toute fabrication de minorités) est prise dans la classe. Cette forme de colonisation au sein même de son propre territoire est très bien décrite par Jackie Wang dans les cas des USA dans le Capitalisme carcéral. Autrement dit, il y a des créations d’extériorité au sein d’un espace intérieur. Créer du dehors dans du dedans c’est que que Foucault appelle de l’hétérotopie.
Revenons au texte après cette digression. Dans cette évolution du capitalisme qui s’opère tout doit être plus flexible et modulable par des transformations, réorganisations, plus d’autonomies, développement de la polyvalence via l’augmentation de la formation permanente qui a progressé (1 sur 2 en 1989 contre 1 sur 3 en 1977 (p. 321).
La formation permanente est un des leviers du capitalisme modulaire dont parle Deleuze dans son texte sur les sociétés de contrôle car permet une adaptation continue au marché du travail. C'est typique de l’enjeu à double faces entre l'autopolitique (récupération par le capitalisme de l’autogestion des groupes anticapitalistes anarchistes pour devenir de l’autocontrole) et l’autopuissance (autogestion des années 70 dans les groupes autonome et anarchistes) . Sur la face autopolitique : se faire exploiter ses propres ressources. Et sur la face autopuissance : porter par du désir de changer, exploiter son potentiel ou même aller vers son désir. Sachant que cette seconde face peut vite se faire récupérer par la première selon les lancés. Sur une même pièce d’ipséité (soi-même) se joue une partie avec deux états bien différents et binaire dans le fond mais qui peuvent très vite se confondre dans leur formes. Là ça va être vraiment dans le détail des droits de formations que l'une ou l'autre de ses faces peuvent se décider.
Dans cette déconstruction du monde du travail, s’opère également une augmentation de la création d'entreprise sans salariée : juste un patron indépendant transformant des salariés en prestataires et sous-traitant notamment dans le bâtiment. Mais dans cette diminution des tailles des entreprises se cache la croissante des grands groupes. Les emploies autrefois regroupés sont alors localisés dans des structures juridiques distincte. (p. 324). Se développe aussi le terme de "réseau" pour des groupes d'enseigne spécialisées : "Les réseaux peuvent vraiment être considérés comme des quasi-entreprise" (p. 327). C’est une des caractéristiques de l’autopolitique. Derrière la multiplication d'unités en apparence autonome et indépendante se cachent des oligopoles, des grandes entreprises sous forment de réseaux. Ici le réseau n'est plus un rhizome mais un pouvoir centralisé sur du multiple. Pour le dire de autrement, un rhizome est un réseau comme internet : telle une toile où les différentes parties sont interconnectées. Tandis que le réseau autopolitique serait plus proche de la télévision où il y a une émission d’un point vers de multiples autres. Néanmoins, cette métaphore a des limites car la capitalisation et les mots d’ordres proviennent d’un centre mais les actions, les risques, l’organisation et surtout l’exploitation se font dans une démultiplication rhizomatique. Le réseau autopolitique pratique une autoexploitation qui centralise le profit à partir d’une multitudes d’agents autonomes qui intériorisent les outils qui les asservissent sous couvert de liberté et d’indépendance. Pour reprendre la remarque de Guattari dans « Autogestion et narcissisme », l’autogestion comme mot d’ordre dans un monde qui n’est pas lui-même en autogestion, ne peut que devenir une justification et une récupération pour le pouvoir dominant. Pour ma part je propose d’appeler l’autogestion reprise par l’autopolitique : autocontrole.
Cette multiplicité engendre surtout une intensification de la concurrence dans l’emploi où une exclusion des postes qui sont moins qualifiés sont rejeté en périphérie et délocalisé. La périphérie est bien plus qu’un deus ex machina pour le capitalisme c’est sa condition de possibilité spatiale. C’est à dire, ce qui lui permet de se déplacer dans une grille de jeu de Go par exemple.
Les rapports de forces changent dans le sens où le droit du travail est mis à mal, la sélection se fait sur des critères psychologiques, sur la possibilité d'être formés et le potentiel d'apprentissage etc. Ce qui va définir une employabilité.
Ce critère nouveau de sélection et de concurrence basé sur un savoir être et des dispositions psychologiques à être affecté par une injonction à une recherche de formation et d’acquisition constantes de nouvelle compétences fait des travailleureuses des sortes d’apprennant-e-s radicalisant l’homo œconomicus à se considérer comme des machines à s’améliorer sur le plan de leur intériorité. Je parlerais alors d’une plus-qu’humanité où nos émotions deviennent des objets techniques.
Dans cette concurrence radicale, les emplois considérés comme privilégiés subissent une concurrence des emploies plus précaires, ce qui fait pression et réduit les protections (p. 358). C’est une méthode classique dans la machine capitaliste : Marx dans le Capital livre 1 décrit comment des surnuméraires précaires, créent une armée de réserve du capitalisme.
Le remplacement du contrat de travail par un contrat commercial permet "d'écarter les contraintes du droit du travail", les unités plus petites qui sont des sociétés propres sont peu syndicalisés, pas de comité d’entreprise : "tout en étant très dépendantes de leurs principaux donneurs d'ordre" (p. 358). L’autocontrole est un déplacement du risque qui passe du socialisé vers l'individu, c'est un autorisque, qui fait disparaitre la protection et la sécurité.
Ces déplacements montrent dans l'enquête "conditions de travail" de 1991 que dans les grandes entreprise de + de 1000 salariés "les risques et pénibilités évoluent de façon plutôt favorable" alors dans les plus petites "la situation s'est dégradés" (p. 359). Puis en note (n°56) de fin de volume : l'enquête montre que c'est le cas également dans le secteur publique (p. 811).
Sur la question du temps de travail, il y a une augmentation de temps de travail relatif pour reprendre le terme de Marx donc surtravail relatif c'est à dire augmenter l’intensité (p.392) car tous les temps morts ne sont pas payés, facturés (p. 363). Comme le travail n'est plus séparé du travailleur le taux d'exploitation est augmenté et renforcée car ce qui est exploité se sont des capacité humaines relationnelles et affectives plutôt qu'une force de travail qui est séparé du travailleur (p. 368).
Les défenses affaiblies des Travailleureuses
La défense des droit du travail devient difficile dés lors que les principales institutions qui transforme la plainte individuel en une "dénonciation de caractère général et en protestation publique sont alors largement disqualifiées et/ou paralysées ». Le mouvement de désyndicalisation est à la fois symptôme et cause de la crise de la critique sociale (p. 378) : difficultés liées à un manque de modèles d'analyses et d'arguments opposables car reposant sur des représentation en termes de classes sociales. Les déplacements du capitalisme ont défait les catégories sociales objectivées. Si bien que de nombreux analystes ont considérés qu’elles étaient des division obsolètes (p. 378). De plus, les syndicats ont été victimes du succès de la critique artiste (moins pour la cfdt quand elle défendait l'autogestion) car associé à la bureaucratie et au monde hiérarchique. Le syndicalisme a tardé à s'adapté à ces nouvelles aspirations, là où le capitalisme a su y répondre. Le syndicalisme est souvent vu alors comme rétrograde (p. 406).
Un gros problème qui s’est posé alors à la division par catégorie c’est que la classe moyenne est devenue trop vague et en a absorbé beaucoup d’autres. Mais un problème se pose quand la classe moyenne des politiques keynesienne décline. L’impression qu'il n'y a plus de conscience de classe, d'appartenance a une classe a pour conséquence qu’il n’y en a pas qui s'oppose à une autre (les auteurices se basent sur des études et des enquêtes). Du fait qu'on ne peut plus agréger en classe, soit on a affaire qu'à des collections d’individus, soit ils appartiennent tous à la même classe moyenne (p. 420). Les syndicats n'ont plus alors de quoi s'appuyer pour établir leur critique car il n'y a plus isomorphie entre les représentants syndicaux et les représentés. Il n'y a plus de classes sur quoi établir des équivalences, des comparaisons, des similitudes. L'individualisation des conditions d'emploies rendant obsolètes les équivalences sur lesquelles s'appuyaient les identités sociales : met en difficulté la possibilité de faire union sur des rapprochements. De plus, la multiplication de ces différences exacerbée par la compétitivité a joué dans l'effacement des identités sociales (pp. 422-423).
En exacerbant les différences ça abouti à cet autopolitique. Mais c'est possible que grâce à la création d'une classe moyenne indifférenciée beaucoup trop vague pour faire lien. Ici c'est une ordre de particules individualisées engendré par une catégorie beaucoup trop massive. Cette masse indifférenciée qui génère par la suite des sur-différentiations est trop massive pour tenir quoique soit. Un peu comme comme quand un concept est trop vaste et fourre-tout pour pouvoir dire quoique ce soit avec. Ici on est évidemment dans une contradiction éclatante ce qui est du bain béni pour que la machine capitaliste puisse continuer sa quête de la croissance sans borne.
Dés lors les grilles vont progressivement devenir de plus en plus souples. Les entreprises vont classer elles-même contrairement aux grilles Parodi qui imposent leur classement. Les entreprises dans les 90 vont alors élaborer leur propre hiérarchie d'emplois (pp. 427-428). Tous ces déplacements du capitalisme vont aller dans le sens de la flexibilité, la baisse de la protection salariale et du discrédit des syndicats. Ce qui va bouleverser la façon dont les catégorie statistiques socio-professionnels pouvaient rendre compte de la structure sociale (p. 430). En conséquence de quoi les différences vont être exacerbées où nous avons affaire à des juxtapositions d'individus (p. 437).
Cet agrégat d’individus exacerbés par leur différence dans un régime horizontal de concurrence sont fondamentalement séparés car ne forment pas un collectif comme l’envisageait les visions autogestionnaires de certaines critiques en Mai 68. Guattari différenciait dans son texte La transversalité (1964), les groupes sujet et les groupe assujettis :
Le groupe sujet : “s'efforce d'avoir une prise sur sa conduite, il tente d'élucider son objet et, à cette occasion, secrète les moyens de cette élucidation. Schotte pourrait dire de ce type de groupe qu'il est entendu et entendant, et que de ce fait, il opère le dégagement d'une hiérarchisation des structures qui lui permettra de s'ouvrir vers un au delà des intérêts du groupe”. On est dans l'immanence, travaillant sur des lignes de fuites vers l'extérieur, il y a mutation possible. Les groupes sujets s’appelleront par la suite chez Deleuze & Guattari « des agencement collectif d’énonciation". Antoinette Rouvroy dit que se sont la 4ème personne du singulier. Cet article d'Arthur Brügger définit cette 4ème personne du singulier ainsi « cette voix se caractérise par l’emploi du pronom nous ou on dans son usage embrayé, à valeur de nous, se rapportant à un sujet collectif dont l’étendue varie généralement au cours du récit. Ce narrateur pluriel transcende ainsi les identités individuelles de ses membres: il est en mesure d’agir et de penser comme une seule entité ainsi que d’entrer dans les consciences des individus qui le constituent ». Ce groupe ne cherche pas à être éternel et n’est pas replié sur soi. Ici il y a une machine abstraite qui ouvre. C'est une autopuissance multividuelle. On est dans une ligne transversale. La transversalité ouvre des œillère, il y a “un coefficient de transversalité” qui est la mesure de cette ouverture dans l’institution : “elle tend à se réaliser lorsqu'une communication maximum s'effectue entre les différents niveaux et surtout dans les différents sens. C'est l'objet même de recherche d'un groupe sujet”. La transversalité est le régime de visibilité dans les agencements collectifs d’énonciation.
Le groupe assujetti : “ne se prête pas à une telle mise en perspective ; il subit sa hiérarchisation à l'occasion de son ajustement aux autres groupes. On pourrait dire du groupe-sujet qu'il énonce quelque chose, tandis que pour le groupe assujetti, “sa cause est entendue”” . De plus c'est un groupe qui cherche un éternel et qui est replié sur soi. Il est soumis par une ligne verticale et hiérarchique, par un mot d’ordre par exemple tout en étant lui-même dans une horizontalité “où les gens s'arrangent comme ils peuvent de la situation dans laquelle ils se trouvent”.
La flexibilité capitaliste par son exacerbation des différences engendrant repli sur soi et concurrence radicalisée transforme des revendications transversale en les aplatissant par le pouvoir capitaliste en une ligne horizontale. Il serait temps de lever la tête et de serrer les poings pour la redresser.
Revenons au livre de Luc Boltanski et Eve Chiapello. La critique se retrouve désarçonnée s'étant fondé sur les inégalités des inclus. Mais ce système crée une masse dont on est soit inclus ou soit exclus. Les exclus seront ceux ne participants pas au processus de production de la valeur. Il y a là un déplacement des inégalités vers un extérieur : les exclus (p. 437).
Ces déplacements vont jouer sur les épreuves. Un déplacement des épreuves de grandeurs qui sont instituées et catégorielles vers des épreuves de forces où la qualification porte sur un nombre infini de rapport non formé, non formalisé, non spécifiés. ce qui reste c'est juste un rapport de force. C'est le déplacement, toujours circonstanciel. L'épreuve de forces change avec le déplacement, les points sur lesquelles ils s'affrontent. Cette absence de qualification et de spécificité font que ça peut perdurer. Ici ça bouge trop pour qu'il y ait une épreuve instituée par des règles nommées. Pas de référence à des conventions de justices : va de différence en différence et de proche en proche. Il y économie de la catégorisation et des conventions et normalisations (pp. 452-454).
On retrouve là la définition du pouvoir chez Foucault comme rapport de force non spécifié et non formé. Les forces sont les rapports aux points singuliers non reliés par le savoir (énoncés et visibilités). Ce pouvoir va se formaliser et se former dans des dispositifs et des agencements que les auteurices vont désigner comme « cité par projets » dans les années suivantes. C’est à dire les années 90.
En effet dans un second temps pour que ces épreuves déplacées puissent répondre aux exigences de justice il va falloir reconstituer des catégories de jugement (p. 454). Et c'est là que la critique fait office de recatégorisation car elle juge ces déplacements en termes de justice et vise à améliorer la justice des épreuves. Le paradoxe de la critique contre les déplacements c’est qu'elle doit identifier des souffrances, les dire, les nommer passer par la forme discursive; et aussi pouvoir mettre en équivalence des situations individuelles avec des généralités ce qui induit la constitution de catégories et dans la visée juridique à la définition de règles. Ceci crée en tension et impose des contraintes sur les épreuves pour limiter les déplacements de forces. Mais entre la vitesse du déplacement des jeux de forces et celle de la catégorisation plus lente, il va y avoir un décalage. Si la critique est toujours en retard c’est par contre elle qui réunit ces disparités et leur donne sens. Le monde à déjà changé alors que les changements n'ont pas encore été enregistré (pp. 455-456). Dans un monde en changement constant la sociologie doit anticiper en sélectionnant au présent ce qui sera porteur dans l'avenir (p. 460).
Conclusion
J’anticipe un peu sur la discussion finale du livre mais je peux déjà vous annoncer là où je m’écarte des auteurices qui voient la critique comme ce qui permet de limiter et ralentir pour un temps la course à la croissance infini. Si on suit cette logique elle n’a de rassurant que dans un monde infini où la fin des ressources et l’épuisement final de la vie n’existent pas. Il y a une borne, celle des êtres vivant et de notre planète qui à force d’être dévorés vont ne plus être. De plus la croissance n’est pas une poursuite constante mais exponentielle (pour le flux des actifs et dividendes dans le marché financier). A cette course on ne peut que se faire distancer de plus en plus. Et même si des résistances plus physiques s’instaurent comme lors de manifestations et de grèves. La logique capitaliste pousse à l’usage de la répression à travers les gouvernements. Même si la critique arrive à rattraper son retard par anticipation suffisante, la machine capitaliste usera de violence comme c’est de plus en plus le cas actuellement.