Je vais vous présenter certains concepts de Deleuze et Guattari qui se sont inspirés des travaux du premier sur Foucault. J’ai opté pour une présentation un peu particulière sous formes de liste car j’ai appréhendé ces petits monstres de façon disparate et étalée dans le temps et les sources. La liste est un peu la forme de cette discontinuité mais forcée dans un semblant de linéarité. C’est essentiellement les propose de Deleuze et Guattari que j’essaye de synthétiser mais j’y inclurai quelques remarques, réflexions et critiques personnelles.
Agencements (ou machines concrètes)
- Se fait dans les strates
- Prélèvent dans les milieux décodés un territoires. Ils font territoire : “découvrir la territorialité qu'ils enveloppent” (Mille plateaux, p.629)
- Acquièrent une valeur de propriétés
- Dans les agencements il faut distinguer contenu et expression dans une relation de présupposition réciproque (l’un ne suppose pas l’autre, ils se présupposent mutuellement) et de non rapport comme les visibilités et les énoncés chez Foucault
- Expression : système de sémiotique, régime de signes. Contenu : système pragmatique, actions, passions
- Agencement machinique (qu'est-ce qu'on fait) et agencement d'énonciation (qu'est-ce qu'on dit)
- Les énoncés ou expressions “expriment des transformations incorporelles qui “s'attribuent” comme tels (propriétés) aux corps ou aux contenus” ( idem p.626).
- Réalise sous du formé et du formalisé du non formé et du non formalisé
- Les agencement se divisent sur un autre axe : ouvre sur des lignes de déterritorialisation. S’ouvrent sur d'autres agencements ou des machines abstraites qui les effectuent (rapport d'immanence entre agencement et machine abstraite : la cause est interne mais ne se dissipe pas après l’effet)
- Les agencements machiniques sont les machines désirantes dont ils parlent dans l’Anti-oedipe
- Il y a donc un écart, un présupposé réciproque, un non rapport entre désir et langage. L'agencement va être la réalisation de ce qui met un rapport ce non rapport. Dans le diagramme (ou machine abstraite) l’agencement met en rapport désir et langage en attribuant sur le corps et les désirs (forces interne dans l'homme) des forces du dehors. Le diagramme plonge dans les forces du dehors. Cette mise en rapport entre désir et force du dehors crée une nouvelle forme historique. Par exemple l'entendement humain mis en rapport avec l'infini va créer la forme Dieu, ou encore les forces dans l'homme avec les forces du dehors que sont sa propre finitude va former la forme Homme etc. L'expression formalise l'attribution des dehors sur les désirs. Voir le cours de Deleuze : Sur Foucault : Le pouvoir
Diagramme (ou machine abstraite)
Résumé des caractéristiques
- Correspond au couple virtuel (diagramme)/actuel (agencement) : du non-formé, non formalisé qui va s'actualiser
- Points de singularités, foyers de force qui s'actualisent grâce à une courbe (les énoncés) qui les intégralisent
- Définit par des fonctions, un type de multiplicités et un espace : diagramme disciplinaire : imposer une tache à une multiplicité peu nombreuse dans un espace fermé (quadriller, ranger, classer dans école, prison), diagramme du biopouvoir imposer à des multiplicités nombreuses dans un espace ouvert (la question du contrôle de la natalité sur une population)
- Contrairement au savoir c'est informel et c'est un rapport de force pas de forme. Des affects. Une spontanéité active sur une réceptivité passive capacité d'être affecté. Définition du pouvoir chez Foucault
- Différence du diagramme chez Foucault/ Deleuze et Guattari : Si c'est le pouvoir qui distribue les énoncés et la résistance qui le fait muter. Chez D & G, c'est le désir qui s'actualise dans les agencements et non le pouvoir. Le pouvoir est une “dimension stratifiée de l'agencement”. La ligne fuite est première. Dans un agencement la mutation ce n’est pas ce qui correspond à la riposte mais aux pointes de créations et de déterritorialisation. Voir la note de bas de page pp175-176 (Mille Plateaux). Autrement dit, le désir et le pouvoir se distinguent par le fait que le désir est stratifié dans le pouvoir. Même production désirante, machine désirante mais deux régimes différents. “la schizo-analyse ne fait aucune distinction de nature entre l'économie politique et l'économie libidinale” (p.461 in l’Anti-oedipe)
- Le capitalisme est une machine abstraite axiomatique
- La machine abstraite c’est le principe même du flux et de la mutation
- Elle tisse et trace les entrelacements du visible et de l’énonçable, du contenu (matériel) et de l'expression (structure)
- L’agencement est une territorialisation de la machine abstraite
- Un concept qui articule désir, capitalisme, politique, devenir et mutation
- Deleuze dans son cours sur le pouvoir chez Foucault va poser la question du 1er coup de dès, le 1er diagramme venu du dehors qui ensuite va influencé chaque lancé sur le résultat précédent. C’est une chaine de Markov : un lancé semi-aléatoire. Un nouveau diagramme s'appuie sur le précédent.
- Marche par ses ratés
- Le diagramme c'est le dehors de l'agencement, le diagramme plonge dans le dehors
- Le dehors c'est les coups de dès, il n'y a pas de 1er diagramme à proprement parlé il sont les uns dans les autres, sont immanent entre eux. D'un diagramme à l'autre il y a un coup de dès qui est le dehors (le hasard) qui va redistribuer les singularités du diagramme précédant
- C'est quand c'est agencé/stratifié ou formalisé dans le savoir que ça devient historique
- Il y a 3 éléments du diagramme de force. Rapport de force : les singularités sont prises dans les rapports de forces du diagramme : affecté, être affecté, résister. Résister c'est ce pole qui résiste au rapport de force. C'est ce qui de la singularité n'est pas pris dans le rapport de force du diagramme. Résister c'est ce qui est le dehors. C'est sur la résistance qu'il y a la mutation possible. Foucault se posera la question du dehors du pouvoir c'est à dire ce qui résiste au pouvoir. Le dehors c'est qui extérieur à l'extérieur. L'extériorité est du coté des formes, les formes d'extériorités, donc du savoir, c’est à dire, du visible et de l'énonçable. Le dehors du coté de l'informel, c'est pour ça que le diagramme vient du dehors. Mon hypothèse c'est que ce dehors c'est la béance, la faille, l'irréductibilité entre 2 formes. Il ne peut qu'être qu'extérieur à l'extérieur car il est une béante irréductible. Ce dehors est de nature logique et non pas spatial
- 3 exemples : 1/ le diagramme du pouvoir souverain : le souverain prélève et décide de la mort, Le sujet de droit sera dieu dans l'homme. 2/ Le diagramme du pouvoir disciplinaire : imposer une tache à une multiplicité peu nombreuse des espace fermé c'est à dire assignable, ça produit le sujet de droit, l'homme : “Il s’agit de composer des forces pour leur faire produire un effet plus grand que celui qu’elles auraient produit si elles étaient restées isolées. Composer des forces en fonction d’un effet utile à obtenir. Il ne s’agit plus de prélever, il s’agit de composer, c’est un tout autre but. Il ne s’agit plus de décider de la mort, il s’agit de discipliner les corps. Je crois que, et d’après les analyses de Foucault, on peut dire que c’est dans cette formations disciplinaire que la notion d’homme, que la forme juridique « homme », s’est constituée. Et ce qui compte dans une telle formation, en effet, ce n’est pas le rapport de l’homme avec le souverain, c’est le rapport de l’homme avec l’homme pour qu’en sorte le maximum d’effets. Le sujet de droit n’est plus le souverain, le sujet de droit c’est l’homme”(source : cours du 08/04/86). Le sujet de droit sera la personne dans l'homme 3/ Le diagramme de la biopolitique. On est plus dans la discipline mais le contrôle. Gérer (contrôler) une multiplicité nombreuse (une population) dans un espace ouvert ou quelconque (un espace non assigné, potentiellement infini), on est dans technologie probabiliste :“Elles ne seront traitables que par le calcul des probabilités, d’où le développement du calcul des probabilités et le sens des contrôles social des probabilités” (source : cours du 08/04/86) . Le sujet de droit sera le vivant dans l'homme. Un droit à une qualité de vie. par exemple les anti-avortements réclament un droit à la vie du foetus vs un droit à la qualité de vie des femmes. les sont sont sur le même sol archéologique, où le sujet de droit c'est le vivant pas la personne (source : cours du 08/04/86)
- Plusieurs types : “Il y a des types de machines abstraites qui ne cessent de travailler les unes dans les autres, et qui qualifient les agencements : machines abstraites de consistance, singulières et mutantes, à connexions multipliées ; mais aussi machines abstraites de stratification, qui entourent le plan de consistance d’un autre plan ; et machines abstraites surcodantes ou axiomatiques, qui procèdent aux totalisations, homogénéisations, conjonctions de fermeture. Si bien que toutes machines abstraites renvoient à d’autres machines abstraites : non seulement parce qu’elles sont inséparablement politiques, économiques, scientifiques, artistiques, écologiques, cosmiques – perceptives, affectives, actives, pensantes, physiques et sémiotiques – mais parce qu’elles entrecroisent leurs types différents autant que leur exercice concurrent.” (p.641 in Mille Plateaux )
Machine abstraite axiomatique
Un type de machine abstraite qui ferme : “Et il y a un troisième type : c’est que, sur les strates alloplastiques particulièrement propices aux agencements, se dressent des machines abstraites qui compensent les déterritorialisations par des reterritorialisations, et surtout les décodages par des surcodages ou des équivalents de surcodage. Nous avons vu notamment que, si des machines abstraites ouvrent les agencements, ce sont aussi des machines abstraites qui les ferment. Une machine à mots d’ordre surcode le langage, une machine de visagéité surcode le corps et même la tête, et une machine d’asservissement surcode ou axiomatise la terre” (p.640, Mille Plateaux). Le capitalisme est une machine abstraite axiomatique.
L'axiomatique fonctionne sur des flux décodés, le capitalisme fonctionne avec la forme-etat (p.541, Mille Plateaux) en réasujitissant les villes. car les états sont les “modeles de réalisation pour une axiomatique des flux décodés”.
Mais le capitalisme bien que réalisé par l'état moderne est une axiomatique mondiale indépendante. une mégamachine, une ville mondiale dans les états sont des quartiers (p.542). Elle n'est pas exclusivement commerciale ou économique, elle est aussi artistique ou religieuse. Elle ne fonctionne pas par homogénéisation et totalisation mais parce qu’elle passe partout. Ce n’est pas une “prétention homogénéisante”, c'est une “ prise de consistance ou consolidation du divers en tant que tel” (p. 543). Il y a une différence entre homogénéisation et isomorphie. Les formations sociales tendent à être isomorphes en tant que modèle de réalisation de l'axiomatique (production pour le marché) capitaliste : un seul marché mondial se réalise dans une hétérogénisation des Etats (pp. 543-544).
Bien plus : il y a isomorphie au centre et hétéromorphie et polymorphie en périphérie. L'axiomatique capitaliste “suscite et organise son “tiers-monde” (p.544) pour dépasser sa limite, elle la déplace sur des bords mutants. On retrouve là la fin du livre 1 du capital qui conclu sur les colonies comme l'espace qui permet à la survaleur de dépasser ses limites. Par rapport au désir, on peut dire qu'on est dans des machines désirantes dont le régime transforme en quantité abstraite l'objet petit “a”, l'objet du désir pour Lacan. C'est une quantité qui crée une faim insatiable car son objet est abstrait, sans matérialité. Donc pas de signal (le signal est du coté de la matière) de satiété possible. Dans une lecture Lacanienne le concept de jouissance permet de comprendre que survaleur (ou plus-value) égal plus de jouir. Comme il y a perte, il faut compenser cette perte par la production de plus de jouir: Multiplication d'un objet “a” abstrait qu'est la monnaie. On est proche de l’idée de la perte tendancielle du taux de profit qui nécessite d'être compenser par l'augmentation de la survaleur, donc du surtravail c’est à dire, de l'exploitation du capital variable qui n’est autre que les êtres vivants que sont les prolétaires. Lacan précise que la spécificité du capitaliste (par rapport au maitre classique) est de transformer en jouissance le fait de compter et comptabiliser ( in L’envers de la psychanalyse ). Il y a alors transformation de l'objet “a” qui est par définition manquant et manque, en une abstraction qui remplis un trou fondamentale. La jouissance est alors là car bouche les trous dans un toujours plus mais comme rien n'y fait il y a des trous elle continue à chercher de les boucher mais ce qui se répète dans ce processus c'est une perte car les trous sont pas comblable car logiquement il y a désir parce qu'il y a trou. La monnaie en devenant abstraction devient un désir transformé en jouissance universel. André Orléan dans L’empire de la valeur décrit la monnaie comme désir mimétique (René Girard) de liquidité universel : on pourrait dire un désir du désir de l'Autre universel dans un toujours plus qui se répète. Et comme ce qui se répète c'est la perte, cela revient à la mort :“ce qui nous intéresse en tant que répétition, et qui s'inscrit dans la dialectique de la jouissance, est proprement ce qui va contre la vie.(p.51, in L'envers de la psychanalyse). Pour en revenir à Deleuze et Guattari on pourrait dire que l’axiomatique capitaliste transforme la ligne de fuite en ligne de mort.
Distinguer le seuil et la limite
Revenons sur le dépassement des limites. Comment opère-t-il ? Pour le comprendre il faut passer par la distinction proposer dans Mille Plateaux entre le seuil et la limite. Le seuil est le dernier moment avant le changement. La limite est l'avant dernier qui permet de rester dans le même accord d’échanges. Deleuze et Guattari reprennent cette distinction de l'économie marginaliste (Mille Plateaux, pp 545-546).
Plus précisément, “Il s’agit d’une désirabilité comme composante d’agencement : chaque groupe désire suivant la valeur du dernier objet réceptible, au-delà duquel il serait forcé de changer d’agencement. Et tout agencement a précisément deux faces, machination de corps ou d’objets, énonciation de groupe. L’évaluation du dernier est l’énonciation collective à laquelle correspond toute la série des objets, c’est-à-dire un cycle ou un exercice d’agencement” (p.548) : c’est une énonciation collective de désir qui fait passer un agencement vers un autre.
Maintenant ce qui va suivre va être très important pour comprendre comment le capitalisme récupère ses critiques pour son propre compte. Les critiques n'ont pas fonctions de limites mais de seuil car elle fait changer d'agencement collectif d'énonciation en utilisant les termes de la négociation. des énoncés de demandes sont transformés en énoncés d'offre. Ce sont les mêmes termes mais dans un régime d'énoncé différents : la critique devient une justification d'asservissement à la machine, les désirs de libertés deviennent des engagements et des stimulations pour accepter d'être assujettis (pp. 548-549). C’est alors le définition d'une nouvelle subjectivité :
“Or, justement, cette nouvelle subjectivité sociale ne peut se constituer que dans la mesure où les flux décodés débordent leurs conjonctions, et atteignent à un niveau de décodage que les appareils d’État ne peuvent plus rattraper : il faut d’une part que le flux de travail ne soit plus déterminé dans l’esclavage ou le servage, mais devienne travail libre et nu ; il faut d’autre part que la richesse ne soit plus déterminée comme foncière, marchande, financière, et devienne capital pur, homogène et indépendant. Et, sans doute, ces deux devenirs au moins (car d’autres flux aussi concourent) font intervenir beaucoup de contingences, et de facteurs différents sur chacune des lignes. Mais c’est leur conjugaison abstraite en une fois qui constituera le capitalisme, fournissant l’un à l’autre un sujet-universel et un objet-quelconque. Le capitalisme se forme quand le flux de richesse non qualifié rencontre le flux de travail non qualifié, et se conjugue avec lui. [...] Autant dire que le capitalisme se forme avec une axiomatique générale des flux décodés.” (p.565). Une axiomatique qui se forme avec deux flux décodés: celui du travailleur qui n'est plus esclave et celui du capital qui peut circuler librement. Double libération. Une axiomatique qui est doublement libérale. L’axiomatique fonctionne tel une machine abstraite, par des fonctions abstraites non spécifiées, rendant abstraits le travail, la richesse et qui se réalise à travers des modèles de réalisations spécifiées et hétérogènes que sont les états : l'axiomatique est virtuel et s'actualise par les états (p.567). Il développe un ordre moléculaire, un pouvoir moléculaire. l'axiomatique fixe, distribue, organise les formations spécifiques. Ca s’applique !
Le but de l’axiome est d'empêcher que ça fuit. C'est un point d'arrêt des flux décodés qui sinon vont fuir de toute part : “Les grands axiomaticiens sont des hommes d'Etat de la science, qui colmatent les lignes de fuites” (p. 576). Cela peut paraître paradoxale avec le sans limite mais par exemple l'axiomatique capitaliste empêche que la grande hétérogénéité des états ne développent trop de régimes autonomes, multiples, différents, pour appliquer un marché global unique (p.579). Le capitalisme déplace ses limites par l'énonciation de nouveaux axiomes (“Les axiomes du capitalisme ne sont évidemment pas des propositions théoriques ni des formules idéologiques mais des énoncés opératoires”, p.577) ou par des retraits (“création d'axiome exclusifs”) via des luttes locales qui débordent. C’est un principe d'équilibre, éviter d'être saturé d'axiomes (p.590) en repoussant constamment ses limites l'axiomatique capitaliste, ne peut le faire qu'en suscitant des flux qui lui échappe, c’est une machine instable : “la loi la plus profonde du capitalisme : il ne cesse de poser et de repousser ses propres limites, mais il ne le fait qu’en suscitant lui-même autant de flux en tous sens qui échappent à son axiomatique. Il ne s’effectue pas dans les ensembles dénombrables qui lui servent de modèles sans constituer du même coup des ensembles non dénombrables qui traversent et bouleversent ces modèles. ”. On peut dire que l'axiomatique capitaliste est une machine abstraite qui s'applique, se déploie sur, avec, par, dans, et entre les autres diagrammes/machine abstraites. Il est dans plusieurs modes spatiales. C'est une application opératoire immanente. Autrement dit, l'abstraction n'a pas besoin d'homogénéisation car s'applique à tout.
Différence entre l’axiomatique chez Robert Blanché et l’usage qu’en font Deleuze & Guattari
Les deux auteurs citent et reprennent les travaux de Blanché sur l’axiomatique (Robert Blanché, L'axiomatique) lorsqu’ils parlent de la saturation des axiomes dans le capitalisme. Seulement, ils ne le font qu’au prix d’un contre-sens.
L'axiomatique chez Blanché est formalisée, c'est même la formalisation par définition. L'abstraction est indéterminée car non réalisée : commun à ce qui la réalise. L'axiomatique est la formalisation abstraite de ce qui est commun entre plusieurs chose réalisées. C'est pas quelque chose qui s'applique malgré les différences ou grâce aux différences mais l'expression de ce qui est commun. Elle ne rend pas les choses isomorphe à elle mais cherche ce qui est isomorphe entre les choses. Plus on réduit les axiomes plus l'axiomatique trouve des possibilité d'application et des changements mais les changements doivent rester non- contradictoires. Les axiomes sont indépendant car ça les réduit : il y a moins d'axiomes qui peuvent à la fois être indépendants et non-contradictoires. ça garanti la non saturation des axiomes dans un système donné. La problématique est celle-ci : si on réduit les axiomes, on réduit la contradiction et on élargit son extension, son champs mais on perd en compréhension. Blanché explique que réduire le nombre d'axiomes allonge les discours explicatifs. Mais augmenter les axiomes augmente le risque de contradiction dans l'extension du système à d'autres choses. L'axiomatique est certes politique mais dans le sens de garantir quelque chose qui cherche à réduire l'écart entre intuition (subjectif) et raison (objectif) : formaliser et démontrer c'est garantir chaque marche de la décision pour qu'elle ne soit pas le fruit de quelque chose qui nous échappe. Mais le principal problème de leur contre-sens c’est que Deleuze et Guattari confondent indéterminé et informalisé !
Le capitalisme fonctionnerait plutôt avec des idées zombies, qui sont contredit par l'experience mais qui persiste et persévère. Même quand on le pense enterrés elle reviennent et survivent (voir John Quiggin in Economie zombie. Pourquoi les mauvaises idées ont la vie dure) . Ainsi, il n'y a pas d'axiomatique capitaliste car le capitalisme ne fonctionne qu'avec des logiques contradictoires.
Strates
Dans son cours du 20/05/1986 sur Foucault, Deleuze explique que les strates sont composés d'énoncés (courbes) : ce qu'on peut dire. Mais également de visibilités (tableau) : ce qu'on peut voir/saisir, du coté de l'être savoir, du savoir, à savoir ce que Foucault nomme « archive ». Les strates correspondent à quelques nuances près aux formations historiques chez Foucault
Résumés de la théorie des énoncés chez Foucault reprise par Deleuze
- Extrait tiré d'un corpus de mots de phrases et de propositions dans une formation historique donnée
- Le corpus ne sera pas constitué des textes de philosophes ou de recherches mais des écrits de travailleurs par exemple les nounous etc
- Ne se réduits pas, aux phrases, mots et propositions
- Les énoncés sont fait de foyers de pouvoirs et de ce qui leur résiste (pour Deleuze & Guattari : de désirs et lignes créatives de mutations). Cette différence avec Foucault peut s’articuler par le fait qu’on peut avoir une règle de transformation dans le changement de seuil que pousse à faire une limite (révolte), c’est à dire, un nouveau discours de justification et d'engagement capitaliste. La règles des changement de seuils des énoncés d'une machine abstraite axiomatique capitaliste : sur la ligne de la critique (résistance), il y a mutation qui fait que les discours qui étaient des énoncés de désirs et de résistances deviennent des énoncés de désirs et de pouvoirs. Même discours mais énoncés différents. Et ceci parce que le capitalisme déplace sa limite et pour déplacer sa limite, elle doit franchir un seuil qui change alors l'agencement. Le changement de seuil se fait au niveau des énoncés. L'agencement combinera des énoncés avec du visible. Le nouveau régime du visible avec le néolibéralisme et le nouvel esprit du capitalisme deviendras le réseau : un système où chacun se voit être vu et s'évalue. Un régime de visibilité des affects. Pour Foucault le visible c’est la lumière et le scintillement : ici le régime de la lumière inonde nos émotions, notre façon d'être, d'être en relation. l'oeil capitaliste veut scruter notre capitale humain et émotionnel. Ce n'est plus l'homme-machine, mais l'homme-humain qui est devenu la force de travail
- Correspond au « on parle » , au « il y a du langage » : comment le langage est rassemblé puis distribué
- Il y a un seuil qui fait passé les énoncés vers d’autres
- Une famille d'énoncés : sont les énoncés qui partagent les même vecteurs les mêmes règles de variabilité
- Produit des postures de sujets : auteur, narrateur, signataire
- L'énoncé est fait des règles qui le bascule d'un système homogène vers un autre. Par exemple, un énoncé de sexualité chez Richard von Krafft-Ebing (Psychopathia sexualis) c'est quand ça bascule de la langue allemande à la langue latine !"L'objet :“L’objet discursif, c’est le monde dont s’entoure tel énoncé dans sa différence avec tout autre énoncé.” et “L’objet de l’énoncé, c’est l’objet qui correspond à l’énoncé comme règle de passage” (cours du 19/11/1985)
- Les variables ne sont pas extrinsèque avec une constante intrinsèque comme une linguistique structuraliste mais les variables sont intrinsèques
- L'énoncé c'est une courbe qui passe au voisinage des points de singularités (foyers de pouvoir) et qui les intégralisent. Par exemple, AZERT. Mais aussi cette Interview de Duras Apostrophes : Marguerite Duras "L'amant" prix Goncourt 1984 | Archive INA : “je pose des mots beaucoup de fois, des mots d'abord, vous voyez ? C'est comme si l'étendue de la phrase était d'abord ponctuée par la place des mots. Et que par la suite la phrase s'attache aux mots, les prends et s'accorde à eux comme elle le peut. Mais que moi je m'en occupe infiniment moins que des mots”. Elle explique juste avant que les choses l'aveuglent ! les choses sont les scintillements sur lesquels une lumière tombe. Une lumière tombe sur les choses qui scintillent et brillent au point d'aveugler. Les choses sont là des intensités !
Conclusion
Si vous êtes arrivez jusqu’ici : Bravo. Je me rends compte que ces synthèses sont assez denses, abruptes et abscons car se sont plus des prises de notes rédigées que des explications pédagogiques. Néanmoins, je peux vous indiquer la chose la plus importante à retenir pour la suite. A savoir, une série d’articles qui à partir du Nouvel Esprit du capitalisme de Luc Boltanski et Eve Chiapello et de ce que j’ai présenté ici, répondra à cette question : comment le capitalisme récupère la critique. Dès à présent, je peux vous en résumé le principe général qui s’appuie sur ce que je vous ai dit plus haut sur le fonctionnement des seuils.
Le capitalisme n’a pas de limites car en place et lieux de celles-ci il n’y a que des seuils. Le capitalisme est constitué que de seuils. Autrement dit, c’est une machine où il y a du dernier (seuil) mais sans avant dernier (limite) ce qui est absolument impossible sur le plan logique : le capitalisme marche par des contradictions, du contradictoire et des impossibilités logiques (sans oublier un déni féroce de la physique car fait comme-ci l’entropie n’existait pas : mais c’est un autre sujet que j’aborderai plus tard avec le problème écologique). Son pseudo formalisme peut prendre des apparences mathématiques mais sans consistance logique (en logique la consistance c’est l’absence de contradictions entre les axiomes d’un système). Ici des propositions mathématiques passent d’un seuil d’énoncés mathématiques vers des énoncés capitalistes ce qui donne l’économie orthodoxe qui découle de l’école néoclassique.
C’est justement sur les basculements de seuil que le capitalisme récupère la critique. En résumé c’est une négociation entre des revendications multiples qui vont motiver une résistance au capitalisme d’une époque et la nécessité pour que l’accumulation de capital puisse se poursuivre. Le capitalisme a besoin de la force de travail non seulement pour fonctionner mais surtout c’est sur l’exploitation de celle-ci (surtravail) que le « toujours plus » de plus-value (ou survaleur) peut opérer (ce que nous explique Marx dans Le capital). Or, pour cela dans un contexte démocratique (où les prolétaires vendent soit disant leur forces de travail librement) il faut avoir une pseudo libre adhésion du peuple pour le motiver et l’engager dans le processus d’accumulation. Le capitalisme va donc répondre à ces demandes du moins partiellement. Mais comme elles sont acceptées dans le but de poursuivre un mot d’ordre cumulatif, elles sont déjà transformées en autre chose bien qu’utilisant les même termes. Mais ce ne sont plus les mêmes énoncés.