Le défilé nous montre une extraordinaire maîtrise des pas, de la discipline, une scène de théâtre et un discours qui m'ont fait pensé à Nuremberg en 1939. On ne peut pas critiquer dans ce discours l'exaltation de la bravoure russe lors de la dernière guerre mondiale et la capacité de ce peuple à payer un prix fort sans oublier que c'est la discipline forcée qui en est la diagonale de force. Quand un peuple paie si souvent un prix si cher, il est compréhensible qu'il trouvera l'excuse de son acceptation à la servilité par l'exaltation de sa bravoure. Je ne vais pas critiquer cela. Quant à Poutine, il n'est pas interdit de penser que Poutine croit en ce qu'il dit et que la réalité soit imbibée de paranoïa à la Hitler. Je ne critique pas un malade mais je ne plaindrai pas Poutine. Essayer de comprendre n'est pas accepter.
En dehors de cette représentation théâtrale maitrisée dans l' apparat, si souvent le scénario des autocraties, j'ai ressenti aussi une forme de ridicule par rapport à la vision que nous avons de la situation et la réalité du bordel de l'armée russe en Ukraine, je pensais à Charlie Chaplin dans le "Dictateur". Cela devrait d'ailleurs faire réfléchir sur la réalisation de l'investiture présidentielle à l'Aile Hissée. Une autre sensation m'a aussi titillé, le fond et la forme de Poutine dans la réécriture de l'Histoire m'a donné l'impression d'être un pré-testament pour l'écriture de Poutine dans l'Histoire de la Russie. Il voulait instiller une ligne de force du passé vers l'Histoire immédiate et à venir, pour la future lecture de ses actions actuelles. Je pense que Poutine n'est pas en pleine forme. Poutine sait que son destin sera celui de Nicolas II si sa santé survit à la défaite de sa deuxième guerre. Cette sensation de la construction du fil rouge de son pré-testament historique me dit qu'il n'entrevoit en aucune manière une guerre nucléaire ce qui nuirait à cette écriture de son histoire et d'ailleurs dans son discours il dit que c'est l'OTAN qui a parlé du nucléaire, sous-entendant qu'il n'y pensait pas car il ne veut pas que le peuple russe le pense capable de cette folie. Sa fin est proche.
Maintenant cela ne doit nous empêcher de balayer devant notre porte: nous pensons que l'Ukraine est le front de la défense de nos valeurs démocratiques quand nos démocraties sont des puits à sec dans la représentation de la volonté de nos peuples mais encore la défense de nos valeurs humanistes quand nous offrons tous les jours 800.000.000€ à Poutine pour financer son cirque en ce jour et attaquer nos démocraties malades, nos valeurs humanistes bradées au rabais. Nous nous soldons, nous repeignons notre lâcheté par le pragmatisme et ne devons pas nous étonné d'avoir comme ennemi un individu comme Poutine, notre lâcheté n'est pas meilleure que celle du peuple russe.
Courage, il n'est pas facile de se savoir lâche.