Une fois n'est pas coutume, ce billet sera court et peu philosophique. J'ai appris par le Huffington Post, que le RN a annoncé vouloir profiter de sa niche parlementaire du 31 octobre pour faire voter une abrogation de la réforme des retraites. Même si le contenu de la proposition de loi n'est pas encore connu précisément ni avec certitude, il semblerait que le RN veuille un retour à l'âge légal de 62 ans pour le départ en retraite, ainsi qu'aux 42 annuités de cotisation (ce qui abrogerait du même coup la "réforme" Touraine).
Naturellement, il y a encore beaucoup d'incertitudes. On peut penser que le RN aura du mal à convaincre son allié Ciotti (l'article du Huffington Post n'en parle pas). On peut aussi se demander si le projet du RN est sérieux, et si ses déclarations ne sont pas seulement une manœuvre pour semer le trouble et la désunion chez ses adversaires de gauche. Enfin, on peut espérer que le Nouveau Front Populaire parviendra à présenter une proposition de loi avant le RN. Mais supposons qu'il n'en ait pas le temps et que le RN reste ferme sur sa position. Que devraient alors faire les parlementaires du Nouveau Front Populaire ?
Il me semble que la réponse est assez facile. Voter contre ou s'abstenir permettrait d'avoir la satisfaction de ne pas se salir les mains, en évitant toute alliance - même ponctuelle et de circonstance - avec le parti d'extrême droite. Cela empêcherait aussi le RN de se présenter - mensongèrement - comme l'avant-garde du combat pour les retraites. Mais ce serait aussi rater une occasion de faire adopter une mesure sociale importante. Ce serait par ailleurs déplorable pour l'image du NFP : le RN aurait beau jeu d'accuser cette coalition d'être incohérente (puisque l'abrogation de la dernière "réforme" des retraites est une des principales mesures du programme du NFP) et de privilégier des intérêts partisans au détriment de l'intérêt général. Cette dernière accusation a d'ailleurs été proférée par un député RN à l'encontre de la France Insoumise, suite à des déclarations de Sébastien Deloglu (cf. l'article du Huffington Post, encore une fois).
Bref, je pense qu'il ne faudrait pas hésiter longtemps entre les deux possibilités. Dans les deux cas, le RN serait gagnant en termes d'image. Mais ne pas voter pour sa proposition serait encore plus désastreux, à la fois pour les travailleurs et travailleuses, et pour l'image du NFP. Je crois qu'il faudrait donc, à titre exceptionnel, voter comme le RN, tout comme de nombreuses personnes de gauche ont voté comme le Front National au moment du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen. On peut voter comme ses adversaires, parfois, mais pour des raisons différentes.