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Billet de blog 25 janvier 2025

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Éloge de l’amour de soi

Et si un sain amour de soi était un remède aux passions négatives (peur, racisme, égoïsme…) qui semblent triompher aujourd’hui ?

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L’amour de soi n’est pas un idéal : il est déjà là

Ce qu’il y a de bien, avec l’amour de soi, c’est qu’on n’a pas à le prescrire. « Aime-toi toi-même ». S’il existait un tel commandement, il serait encore plus absurde que le fameux « Aime ton prochain comme toi-même. » On ne saurait raisonnablement me commander d’aimer quiconque (mon prochain ou moi-même), car l’amour ne se commande pas. Mais on ne peut pas non plus me conseiller de m’aimer moi-même, car je le fais de toute façon. L’amour de soi n’est pas un idéal, mais une réalité présente depuis toujours en tout être humain, voire en tout animal. Et c’est tant mieux, car les idéaux sont la source de bien des maux.

Se fixer des idéaux, des normes abstraites et figées censées représenter une « meilleure version de soi-même », ce n’est pas seulement se faire souffrir soi-même : c’est aussi s’empêtrer dans une mauvaise conscience, une honte et un désespoir qui empêchent toute réelle amélioration morale. Car les idéaux, en tant que normes figées, sont la négation de la vie, si bien qu’on n’arrive jamais à les atteindre, et qu’on se sent coupable et honteux de ne pas « être à la hauteur ».

L’amour de soi, au contraire, est nécessairement impliqué par la vie animale. Par amour de soi, j’entends une activité par laquelle un être vivant s’efforce d’être en harmonie avec lui-même, de ne faire qu’un avec soi, et ainsi de parvenir à un sentiment de bien-être. C’est un processus à la fois biologique et logique : un mouvement visant à résoudre ses contradictions internes. Chez un être vivant doué de conscience et de pensée, comme l’être humain (et peut-être tout animal), c’est aussi un processus intellectuel et moral. Lorsque nous accomplissons ce que nous pensons être notre devoir, nous nous aimons nous-mêmes, car nous avons le plaisir d’être en paix avec notre conscience. L’amour de soi est donc le moteur de notre vie, que ce soit dans les activités visant à la survie ou à la santé du corps, ou dans des activités intellectuelles, et même dans des sacrifices parfois très douloureux accomplis par respect pour un principe moral.

Cela ne signifie pas que nous soyons indécrottablement égoïstes, ni que notre prétendu dévouement envers les autres soit nécessairement hypocrite. Cela veut dire que, même lorsque nous agissons de manière « désintéressée », mus par une authentique bienveillance, nous sommes tout de même motivés par un intérêt. Comme l’explique Leibniz : « Lorsqu'on aime sincèrement une personne, on n'y cherche pas son propre profit ni un plaisir détaché de celui de la personne aimée, mais on cherche son plaisir dans le contentement et dans la félicité de cette personne. Et si cette félicité ne plaisait pas en elle-même, mais seulement à cause d'un avantage qui en résulte pour nous, ce ne serait plus un amour sincère et pur. Il faut donc qu'on trouve immédiatement du plaisir dans cette félicité, et qu'on trouve de la douleur dans le malheur de la personne aimée. » Nous lions notre bonheur à celui d’autrui, si bien que nous nous aimons nous-mêmes en l’aimant. 

Un amour empoisonné

Mais si l’amour de soi est toujours déjà là, y compris dans l’amour des autres, à quoi bon en faire l’éloge ? Puisque tout le monde s’aime lui-même, pourquoi se casser la tête à montrer que l’amour de soi est une bonne chose ? La réponse à cette question, c’est que cet amour a été recouvert d’une épaisse couche d’illusions, de préjugés, de traumatismes et de mauvaises habitudes, si bien que nous avons des idées fausses à son sujet. Nous pensons que, « pour notre bien », nous devons nous infliger de grands sacrifices ou subir beaucoup de souffrances. Parfois, cette croyance est justifiée. Certaines maladies graves nécessitent un traitement douloureux. Et si une gangrène est très avancée, une amputation peut s’avérer nécessaire. Mais notre culture et notre organisation sociale nous imposent des souffrances, voire des mutilations, qui seraient évitables si nous parvenions à nous libérer de nos préjugés, de nos habitudes et des structures de domination dans lesquelles nous sommes insérés.

Cette notion de domination est très importante pour comprendre la haine ou le mépris de soi. Si, malgré l’amour que nous avons de nous-mêmes, nous avons une image négative de ce que nous sommes, c’est en grande partie parce que des personnes extérieures à nous nous renvoient cette image, nous persuadent que nous ne serons pas aimables si nous ne renonçons pas à la « mauvaise part » de nous-mêmes. Nous nous efforçons donc de contrarier durablement certains désirs, au risque de mener une vie terne, douloureuse, voire mutilée. Au lieu de chercher à unifier nos différents côtés, à surmonter nos contradictions internes (entre notre sociabilité et notre individualisme, notre paresse et notre goût pour le travail, nos tendances pacifiques et nos tendances agressives, etc.), nous nous sentons coupables d’être ce que nous sommes, et nous essayons d’atteindre un idéal inaccessible, en cherchant à détruire tout ce qui contredit cet idéal. Cela vient, au moins en partie, du fait que nous sommes dominés, durablement soumis, par des catégories de personnes qui nous obligent à faire passer leurs désirs avant les nôtres. Nous avons pris l’habitude de nous considérer comme égoïstes lorsque nous pensons à nous-mêmes, à notre bien-être, au lieu de nous dévouer à un prétendu « intérêt commun », qui n’est bien souvent que le masque des intérêts des dominants. Même si nous avons conscience de certaines injustices particulièrement criantes, nous n’osons pas remettre en question radicalement tous les systèmes d’oppression que nous subissons : domination masculine, capitalisme, racisme structurel… Nous avons peur d’être taxés de gauchisme, d’extrémisme, de radicalisme, parce que nous avons pris l’habitude de penser qu’il ne faut pas trop en demander quand même, qu’il faut rester réaliste, modeste, pas trop gourmand.

Même les dominants sont aliénés

Mais même si nous sommes dominants – en tant qu’hommes, ou en tant que personnes blanches, diplômées, hétérosexuelles, cisgenres, occidentales, etc. – l’amour que nous avons de nous-mêmes n’en est pas moins empoisonné par une aliénation sociale qui nous empêche de nous accepter tels que nous sommes. Pour bien comprendre cela, nous avons intérêt à lire ou à relire le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Dans ce texte célèbre, Rousseau distingue entre l’amour de soi et l’amour-propre (cf. la première annexe de cet article). L’amour de soi est ce sentiment naturel qui pousse les êtres humains et les autres animaux à se conserver eux-mêmes. L’amour-propre, qui naît de la vie en société, est un amour de soi dénaturé et source de grandes violences. En vivant en société, nous nous comparons à nos semblables, ce qui nous pousse à cultiver notre singularité, mais aussi à chercher l’approbation et l’estime des autres. Il en résulte un égocentrisme agressif : chacun cherche à être le centre de l’attention des autres, à capturer leur amour, leur admiration et leur respect. Cet amour-propre, au moins autant que le désir d’accumuler des biens matériels, est une des principales causes des rapports de domination : pour être sûr d’être au centre de l’attention des autres, on cherche à avoir sur eux un pouvoir permanent.

Il en résulte une aliénation sociale. Comme l’explique Rousseau (cf. deuxième texte en annexe), l’homme « policé » ("civilisé") a tellement intériorisé les relations avec son environnement social qu’il ne vit plus en lui-même, pour lui-même, mais pour capter l’attention des autres : « le sauvage vit en lui-même ; l’homme sociable toujours hors de lui ne fait vivre que dans l’opinion des autres, et c’est, pour ainsi dire, de leur seul jugement qu’il tire le sentiment de sa propre existence. » Rousseau parle ainsi du citoyen qui « fait sa cour aux grands qu’il hait et aux riches qu’il méprise ».

Mais ce qui vaut pour les gens ordinaires est aussi valable pour les « grands » et les « riches », qui sont presque toujours subordonnés à des personnes plus puissantes qu’elles, tels les nobles les plus prestigieux du royaume mendiant les faveurs de Louis XIV. Même ceux qui sont au sommet de la hiérarchie sociale sont perpétuellement insatisfaits de ce qu’ils sont et travaillent sans cesse à améliorer leur image. Ils cherchent non seulement à être adulés par leurs subordonnés (c’est l’amour de la gloire) mais à obtenir la faveur de leurs supérieurs.

Il y a donc un paradoxe dans cet égoïsme exacerbé que décrit Rousseau, et dont les formes contemporaines sont tout aussi nuisibles et méprisables : il ne consiste pas, comme on le croit, à ne penser qu’à soi, mais au contraire à trop penser aux autres. Si nous nous aimions davantage, si nous étions davantage en paix avec nous-mêmes, nous aurions beaucoup moins besoin des autres, et nous cesserions de vouloir les utiliser comme des miroirs nous renvoyant une image flatteuse de nous-mêmes. Nous cesserions aussi, sans doute, de vouloir les contrôler et les exploiter. En nous foutant la paix, nous foutrions la paix aux autres.

Remèdes

Mais comment parvenir à guérir l’amour de soi, à le désintoxiquer de la peur de manquer (de biens matériels, d’affection, de respect, d’attention…) et des rapports de domination qui l’imprègnent ? Schématiquement, on pourrait dire qu’il y a deux voies complémentaires. La première consiste à prendre soin de soi, comme on peut prendre soin d’un enfant malade qu’on chérit tendrement. Cela peut être s’accorder un peu de repos, ou des moments où l’on fait quelque chose pour soi et non pour son entreprise ou sa famille… En ce qui me concerne, je pratique depuis des années une forme de méditation dite de « pleine conscience ». Cela consiste, très simplement, à prendre quelques minutes tous les jours où je fais attention à ce que je suis en train de vivre, ici et maintenant, avec bienveillance, sans porter de jugement sur moi-même – y compris lorsque je m’aperçois que je n’arrive pas à rester plus de dix secondes concentré sur le moment présent, y compris même lorsque je me rends compte que je n'ai pas pu m'empêcher de me juger ! Une telle pratique constitue, pour l’un de ses promoteurs les plus connus, Jon Kabat-Zinn, une forme radicale d’amour – comme on peut l’entendre à la vingtième minute de cette conférence.

La voie que je viens d’évoquer est surtout personnelle – même si on peut pratiquer la méditation ou d’autres loisirs en groupe. Il est clair que cette voie ne suffit pas. Si nous sommes malades, si nous nous aimons si mal, c’est parce que nous vivons dans des sociétés structurées par des rapports de domination : patriarcat, suprématie blanche, capitalisme, aristocratie bourgeoise, hiérarchies religieuses, hétéronormativité, validisme… la liste n’est pas exhaustive. Il nous faut donc changer en profondeur cette organisation sociale pathogène. Or, un tel changement ne peut être simplement une affaire individuelle. C’est en nous associant à d’autres personnes, au sein de groupes informels ou d’organisations (syndicales, associatives…) que nous pourrons nous émanciper. Et cette émancipation doit se faire à tous les niveaux : nation, région, commune, monde du travail, mais aussi familles – sans oublier les organisations censées nous émanciper, alors qu’elles sont elles-mêmes empoisonnées par du sexisme, du racisme, de l’autoritarisme, etc.

Les deux voies (transformation personnelle et luttes sociales) ne sont pas du tout opposées, bien au contraire. Plus nous prenons soin de nous-mêmes, plus nous nous aimons nous-mêmes, et plus nous sommes capables de résister à l’oppression sous toutes ses formes. Car en prenant confiance en nous-mêmes, nous pourrons plus facilement surmonter les sentiments négatifs (peur, honte, culpabilité) que les dominants s’efforcent d’entretenir en nous pour mieux nous manipuler. Réciproquement, plus nous serons unis face aux dominants, plus nous aurons les moyens matériels et la force psychique de nous libérer de ces sentiments et de prendre soin de nous-mêmes.

Le singulier coïncide avec l’universel

On le voit, un sain amour de soi n’a pas grand-chose à voir avec l’égoïsme. Plus nous nous exerçons à être indépendants affectivement et moralement des autres, plus nous prenons soin de nous-mêmes, moins nous ressentons le besoin d’utiliser les autres comme de simples moyens destinés à combler nos manques. On peut même aller plus loin, et considérer que la paix intérieure rend possible un authentique amour des autres. Je pourrai d’autant mieux m’intéresser aux autres, chercher à les connaître et à prendre soin d’eux, que je serai moins obsédé par mes propres souffrances. En m’autorisant à éprouver de la compassion pour moi-même, je peux soigner mes blessures, aller mieux, et me rendre ainsi davantage capable de compassion à l’égard d’autrui. Je peux aussi, du même coup, avoir un sain plaisir à découvrir chez autrui ses qualités intellectuelles, morales, esthétiques, techniques, sans éprouver de la jalousie ni une admiration servile.

Par ailleurs, l’émancipation à l’égard des structures de domination n’entraîne pas seulement une libération du sujet individuel à l’égard des groupes sociaux qui l’oppriment : elle donne accès à un véritable universalisme. Moi, sujet singulier, je refuse de me réduire à mon genre, à ma classe, à toutes mes « identités » familiale, sociale, ethnique, nationale, etc. : je suis un sujet pensant et sentant absolument unique. Mais ce faisant, je découvre que je suis en un sens identique à tous les autres « je ». Certes, chacune ou chacun d’entre nous se définit par une expérience personnelle unique. Nous ne sommes nullement interchangeables. Mais en nous émancipant de toutes les structures de domination qui nous empêchent d’être pleinement nous-mêmes, nous découvrons que nos différences sont largement le résultat des hasards de l’histoire et de la géographie, et que nous ne sommes pas condamnés à rester séparés par la peur, la haine, la méfiance et le désir de contrôler autrui. Lorsque chaque je se libère de ses chaînes sociales et politiques, un véritable nous peut advenir – et réciproquement.

Annexes

Note 15, à la fin du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, de Jean-Jacques Rousseau

Il ne faut pas confondre l’amour-propre et l’amour de soi-même ; deux passions très différentes par leur nature et par leurs effets. L’amour de soi-même est un sentiment naturel qui porte tout animal à veiller à sa propre conservation et qui, dirigé dans l’homme par la raison et modifié par la pitié, produit l’humanité et la vertu. L’amour-propre n’est qu’un sentiment relatif, factice et né dans la société, qui porte chaque individu à faire plus cas de soi que de tout autre, qui inspire aux hommes tous les maux qu’ils se font mutuellement et qui est la véritable source de l’honneur.

Ceci bien entendu, je dis que dans notre état primitif, dans le véritable état de nature, l’amour-propre n’existe pas. Car, chaque homme en particulier se regardant lui-même comme le seul spectateur qui l’observe, comme le seul être dans l’univers qui prenne intérêt à lui, comme le seul juge de son propre mérite, il n’est pas possible qu’un sentiment qui prend sa source dans des comparaisons qu’il n’est pas à portée de faire, puisse germer dans son âme ; par la même raison cet homme ne saurait avoir ni haine ni désir de vengeance, passions qui ne peuvent naître que de l’opinion de quelque offense reçue ; et comme c’est le mépris ou l’intention de nuire et non le mal qui constitue l’offense, des hommes qui ne savent ni s’apprécier ni se comparer peuvent se faire beaucoup de violences mutuelles quand il leur en revient quelque avantage, sans jamais s’offenser réciproquement. En un mot, chaque homme ne voyant guère ses semblables que comme il verrait des animaux d’une autre espèce, peut ravir la proie au plus faible ou céder la sienne au plus fort, sans envisager ces rapines que comme des événements naturels, sans le moindre mouvement d’insolence ou de dépit, et sans autre passion que la douleur ou la joie d’un bon ou mauvais succès.

Extrait de l’avant-dernier paragraphe du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes

Ce que la réflexion nous apprend là-dessus, l’observation le confirme parfaitement : l’homme sauvage et l’homme policé diffèrent tellement par le fond du cœur et des inclinations que ce qui fait le bonheur suprême de l’un réduirait l’autre au désespoir. Le premier ne respire que le repos et la liberté, il ne veut que vivre et rester oisif, et l’ataraxie même du stoïcien n’approche pas de sa profonde indifférence pour tout autre objet. Au contraire, le citoyen toujours actif sue, s’agite, se tourmente sans cesse pour chercher des occupations encore plus laborieuses : il travaille jusqu’à la mort, il y court même pour se mettre en état de vivre, ou renonce à la vie pour acquérir l’immortalité. Il fait sa cour aux grands qu’il hait et aux riches qu’il méprise ; il n’épargne rien pour obtenir l’honneur de les servir ; il se vante orgueilleusement de sa bassesse et de leur protection et, fier de son esclavage, il parle avec dédain de ceux qui n’ont pas l’honneur de le partager. Quel spectacle pour un Caraïbe que les travaux pénibles et enviés d’un ministre européen ! Combien de morts cruelles ne préférerait pas cet indolent sauvage à l’horreur d’une pareille vie qui souvent n’est pas même adoucie par le plaisir de bien faire ? Mais pour voir le but de tant de soins, il faudrait que ces mots, puissance et réputation, eussent un sens dans son esprit, qu’il apprît qu’il y a une sorte d’hommes qui comptent pour quelque chose les regards du reste de l’univers, qui savent être heureux et contents d’eux-mêmes sur le témoignage d’autrui plutôt que sur le leur propre. Telle est, en effet, la véritable cause de toutes ces différences : le sauvage vit en lui-même ; l’homme sociable toujours hors de lui ne fait vivre que dans l’opinion des autres, et c’est, pour ainsi dire, de leur seul jugement qu’il tire le sentiment de sa propre existence. Il n’est pas de mon sujet de montrer comment d’une telle disposition naît tant d’indifférence pour le bien et le mal, avec de si beaux discours de morale ; comment, tout se réduisant aux apparences, tout devient factice et joué ; honneur, amitié, vertu, et souvent jusqu’aux vices mêmes, dont on trouve enfin le secret de se glorifier ; comment, en un mot, demandant toujours aux autres ce que nous sommes et n’osant jamais nous interroger là-dessus nous-mêmes, au milieu de tant de philosophie, d’humanité, de politesse et de maximes sublimes, nous n’avons qu’un extérieur trompeur et frivole, de l’honneur sans vertu, de la raison sans sagesse, et du plaisir sans bonheur. Il me suffit d’avoir prouvé que ce n’est point là l’état originel de l’homme et que c’est le seul esprit de la société et l’inégalité qu’elle engendre qui changent et altèrent ainsi toutes nos inclinations naturelles.

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