Si, malgré quelques avancées, les derniers textes de lois dits Sapin 2 n'ont pas été vraiment à la hauteur des enjeux, celui sur le secret des affaires, qui sera adopté sans aucun doute au Parlement (depuis adopté et validé par le Conseil Constitutionnel), s’affiche comme une arme de dissuasion massive contre tout citoyen qui s’aventurerait à rendre publiques des informations d’intérêt général telles que par ex. le Mediator, Luxleaks ou les PanamaPapers. Quel signal négatif donné par l’Etat à la société civile et donc aux potentiels futurs lanceurs d’alerte !
Pour que l’intérêt général prime sur les intérêts financiers et politique, l’Alerte doit être d’utilité publique et rien ne doit permettre d’en freiner la manifestation.
Alors, depuis quelques temps déjà, un petit groupe d’une vingtaine d’ONG, dont l'association ANTICOR, planche sur un projet de création d’une Maison des Lanceurs d’Alerte, sous la forme d’une association, qui aura pignon sur rue (pourquoi pas d'ailleurs par l’affectation d’un bien mal acquis, comme cela se passe en Italie).
Ce projet est à présent bien avancé : les statuts sont pratiquement terminés, les formes de financement sont en cours de discussion.
Quelles seront les missions de la MLA ? En amont et en aval, le lanceur d’alerte :
- Sera accompagné juridiquement, procéduralement, psychologiquement, financièrement ;
- Il aura un accompagnement vis-à-vis des médias/pour l’aider dans sa communication ;
- Il sera aidé dans sa reconstruction/sa réinsertion ;
Nous espérons bien voir s’ouvrir bientôt la Maison des Lanceurs d’Alerte en marquant ce jour par un événement médiatisé qui pourra être répété chaque année.
Imaginez si les Snowden, Assange, Deltour, Gibaud, Martinelli, Boussié et bien d'autres si libres et courageux, avaient eu un abri de secours, ils auraient été moins seuls, soutenus dans leurs difficultés, les procès sans fins et aidés dans leurs propres réinsertions.
Face à cela, c’est à nous, la société civile, les associations de prendre les choses en main afin que la crainte et la peur soient dépassées pour soutenir et défendre tout lanceur d’alerte qui en aura besoin. C'est une question de solidarité.
Si l’idéal est un rêve, l’utopie est un projet.

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Je vous invite donc à suivre l’évolution de ce projet, d’en parler autour de vous. Nous sommes tous potentiellement des lanceurs d'alerte. Il faut répondre présent pour qui en aura besoin demain.
Je terminerai en citant Nelson Mandela : < J'ai appris que le courage n'est pas l'absence de peur, mais la capacité de la vaincre >.
Merci à toutes et tous et vive les lanceurs d’alerte.
(Intervention de J-Y Lucas lors de "la journée de l'alerte citoyenne" organisée le 12 avril 2018 à Bastia par l'AFC-Umani et dont Anticor était participante).
Mise à jour le 10 août 2018.