Jaco 48 (avatar)

Jaco 48

Retraité journaliste - Toujours blogueur et encore debout

Abonné·e de Mediapart

483 Billets

0 Édition

Billet de blog 1 juin 2023

Jaco 48 (avatar)

Jaco 48

Retraité journaliste - Toujours blogueur et encore debout

Abonné·e de Mediapart

Vieux motards que j'aimais

Éprouvante journée je vous jure, que la mienne aujourd’hui en Aubrac. Déjeuner au buron de Born,  le plus beau restaurant du monde, c’est pas la question. Mais c’est aussi le plus copieux, même si le camarade Privat aux Grands Buffets de Narbonne, se défend bien ! Et c’est là que le bât blesse.

Jaco 48 (avatar)

Jaco 48

Retraité journaliste - Toujours blogueur et encore debout

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 A trente ans, le kilo de faux-filet et la bétonnière d’aligot, tu les sens pas passés. Pourtant tu as déjà englouti un kilomètre de saucisse à l’huile, de saucisson, de terrine et de jambonneau. Pour finir les quatre ou cinq fromages locaux dont le major laguiole et la tarte Bastide, pomme, caramel et glace, passent tout seul avec l’aide éventuelle d’un bon marcillac voisin. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le vent peut souffler abondamment sur ce refuge de montagne perché à 1300 mètres : tu risques rien de t’envoler en sortant de table. Mais enfin, quand tu en as le double -c'est à dire soixante et plus si affinités -, c’est pas de t’envoler que tu risques, plutôt de t’effondrer !
Vous l’avez compris nous sommes ici très loin de toute civilisation libérale et ce qui m’ennuie beaucoup c’est qu’entre celui-ci et les restos d’altitude alpins ou ceux des plages de Porquerolles, y a pas photo ! Et depuis que les bo-bos s’en sont rendus compte, faut réserver longtemps à l’avance. Ce qui me dérange alors carrément c’est que les camping-cars de Maurice seront bientôt remplacés par les Ferrari et autres audi Q de ces messieurs de la "haute". 
Éprouvante aussi parce que, au bout de sept ans et après avoir fait 400 bornes, pour me planquer dans un nid de milan royal - le seul monarque autorisé sur le territoire – je me fais régulièrement déniché par les Varois que j’étais parvenu à fuir ! Ici ce n'étaient pas des bourgeois en Tesla, mais des motards en peaux de bête.
Alors bien entendu vous avez saisi le contre-pied et l’antiphrase. Que retrouver de magnifiques personnes – et j’en ai laissé un paquet là-bas ! - constituait l’un de ces moments privilégiés dont on ne peut que souhaiter qu’ils s’éternisent. Bien bouffer dans un endroit de rêve, quand on sait que des millions de gens parviennent péniblement à grignoter un morceau de pain, qu’elle jouissance ! Pas vrai ?
Par contre des conneries de ce genre il s’en dit quand même pas mal, surtout lorsque devant la quille de marcillac au milieu, il y a un convive prénommé Stef autour. Une boule de nerf, un magasin de souvenirs, une annexe de google, une gouaille toute seynoise. Et même s’il fut le seul à parler - bon moi je me suis quand même efforcé de lui donner la réplique - on s’est quand même entendus. Car à côté, Marcel-Paul sautille de bribes de phrases en interjections, avec la vivacité d’un demi-de-mêlée jouant sur la vista. La concision est de mise face à ce grand débit de parole, également ancien numéro 9 de la Mecque, mais dans un style plus percutant. 

Ça tombe bien, il y a un expert. En concision. Alors lui, il fallait vraiment que je vous le présente. Didier. Il aurait d’ailleurs pu tenir le rôle du chien dans le film éponyme d’Alain Chabat. Il avait des culottes et des bottes de moto, un blouson de cuir noir avec une aigle sur le dos… Ça vous parle ? Y a intérêt ! Nous avons passé tous les cinq, trois heures succulentes et il ne m’a dit que deux mots. Bonjour. Et au revoir. Remarquez la chaleur qu’il y mit, compensa leur brièveté. Et alors la différence avec son ami Stef, avec lequel il a dû faire un peu le mariole dans les processions de Harley, c’est qu’il ne mange jamais froid. Je l’admire d’autant plus que c’est l’un de mes principaux objectifs, une quête, une marotte, presqu’une obsession. Manger chaud !
Ce que réussit aussi Fred que j’ai rencontré assez incidemment un jour de match à La Seyne et avec lequel la connexion s’est faite immédiatement. Tu parles, il était de Lozère. Du Malzieu certes, mais on fait ce qu'on peut ! Un peu grâce à sa femme aussi. En tout bien tout honneur, vous rigolez ou quoi ! Mais Joëlle avant de prendre un peu de champ hélas, a milité chez les « cocos » et chez " Besancenot and Poutou ". Vous avez peut-être deviné que ça ne me déplaisait pas ce genre de penchant pour la révolution prolétarienne ! Je la crains d’autant moins qu’avec les voisins qu’on a et les enfants qu’on a fait, elle n’est pas pour tout de suite ! Mais enfin nous si, les cinq là, on est chaud. Comme le steak de Didier.
Oui alors je disais que Fred, qui s’offre le luxe de s’entourer d’amis rarement lisses et inconsistants, non seulement croquait aussi dans une viande encore chaude, mais me donnait, par ce petit air entendu et ce sourire en coin, le nette impression qu’il jouissait d’un spectacle vivant, de scènes piquantes ou épiques, dans cet esprit d’équipe sans lequel de Victor Marquet, au Malzieu, il ne serait véritablement lui-même et en tout les cas, pas complètement heureux.
Voilà j’avais envie de chroniquer simplement aujourd’hui sur ces petits faits de vie, presque ordinaires, auxquels nous n’avons pas encore totalement renoncé malgré les injonctions de nos amis véganes, nos sœurs féministes et nos frères d’En Marche, qui voudraient bien nous emprisonner dans leur valeur travail, jusqu’à la mort…
Souvenez vous du Buron de Born (sans E) et mieux encore de cette philosophie essentielle : " un grand resto, c’est une bonne table et de belles personnes autour ! "

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.