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Billet de blog 2 décembre 2020

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L'ELOGE DES CRAPULES

Maradona est mort et on en a fait tout un - grand - pont. Ce n'est pas la question d'aimer le football ou pas. Ce qui est grave c'est de placer sur un piédestal des personnages aussi contestables que ce joueur argentin. De la démagogie là où il faudrait de la pédagogie . Aller dans le sens de ce que demande le peuple. Toujours. Du pain, des jeux. La tété. Quel qu'en soit l'odeur.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Ceux qui me connaissent assez bien pensent que j'ai horreur du foot. Ce qui est partiellement faux car j'ai aimé taper dans le ballon quand j'étais gosse. Et il n'y a pas si longtemps (vingt ans, ah oui, quand même !) j'allais jouer avec mes potes du journal sur le terrain de sable du Mourillon. Tous les mardis si j'ai bonne souvenance. Et que, dans les bleds où il n'y a pas de rugby, des mecs de vingt berges se retrouvent autour d'un ballon et puis d'un verre (enfin il y a souvent plus de verres que de ballons...) c'est particulièrement sain et souhaitable, mais hélas aussi en perte de vitesse. Du football ou d'autre chose. Car l'activité physique, surtout en groupe - le sport individuel renforce les propensions narcissiques - vaut toutes les visites chez le toubib, psy compris. Courir, sauter, nager, marcher, taper, ça défoule, ça aide la machine à fonctionner et c'est loin de nuire aux neurones. 

Non, ce que j'abhorre, j’exècre, je maudis, c'est le foot professionnel. Et pas que lui d'ailleurs. Lorsque j'étais jeune c'était ma bête noire parce qu'il incarnait à lui seul cette débauche de pognon et ce fanatisme détestable. Et le comparant à mon rugby, mais aussi au vélo et d'autres disciplines de bagnards, il m'apparaissait totalement indécent.

Depuis, toutes les digues qui protégeaient les valeurs, les vertus même de la compétition sportive ont rompu et le football en est incontestablement le fauteur.

Je devais être l'un des seuls journalistes sportifs au monde à dégobiller ainsi sur son support de travail - et sur ses abrutis de confrères -. Pour autant je ne suis pas certain non plus que tous ceux qui suivent le Front National en soient de farouches partisans. Et puis que je vous dise, jusqu'en 2006, le rugby s'était tout de même protégé de ces contrats extravagants, de ces salaires scandaleux. Il avait son économie parallèle, ces dessous de table, mais l'argent se mesurait encore et la sociologie très particulière de cette discipline faisait que les joueurs sortaient aussi bien des campagnes, que des milieux ouvriers, bourgeois, des universités. Car s'ils passaient pour des bourrins, les rugbymen étaient bien souvent les moins bêtes. Les mieux éduqués. 

Enfin toute cela est bien fini, le flouze s'est déversé comme une coulée de purin sur tous les stades, rugby compris. Et ma foi j'ai bien tourné le dos à tout cela. M'en fous ! Sauf lorsqu'on vient me chercher... 

Je ne regarde pas la télé mais fait une seule exception. Entre 23 heures et 23 h 15 au moment de ma tisane bienfaitrice. C'est elle qui, avec la chronique que vous avez devant les yeux, constitue mon anti-dépresseur, ma soupape de décompression. Là, je m'installe sur ce canapé que je n'use guère, pour regarder quelques infos. Les seules vraiment parfaites sont celles d'Arte, mais l'horaire ne me convient pas. J'ai longtemps insisté sur France Info. Mais il y avait un couple abject de suffisance et d'insuffisances, puis une sorte de matrone endormie et d'une stupidité franchissant tout de même le mur de l'entendement. Enfin la même chaîne d'infos s'alignait ostensiblement sur les vilaines, BFM, CNews et - mauvaise - compagnie. Ne me restait plus à cette heure tardive qu'une alternative : France 24. Il s'agit de la chaîne internationale de la télévision publique. Ce devait être bien, ça ! Ce le fut. 

J'apprenais enfin ce qui se passait dans le monde, souvent en Afrique d'ailleurs, mais enfin on n'est pas raciste - j'aime le rhum, les bananes et j'ai même un neveu par alliance qui n'est pas blanc et qui vient de là-bas dis donc ! - cela me changeait du type de Narbonne ou de Saint-Raphaël qui, chaque année et plutôt deux fois qu'une, nous fait visiter sa cave et le moteur du frigo grillé après les inondations ; fini le prêche de Monseigneur Salomon comptant et recomptant les nouveaux cas et ceux qui n'ont pas survécu et ne parlons pas de la chanson de gestes du président Macron…

Oui, ce le fut jusqu'à mercredi dernier. Un présentatrice qui pour dire vrai ne m'emballait déjà ni par son physique ni par son journal, se lança dans un véritable éloge funèbre de Diego Maradona. Vibrante et désespérée ! J'en conclus qu'il devait être mort et elle groupie du fouteux. Que c'était bien triste pour la famille mais qu'on n'était pas non plus sur Télé foot ou Stade 2. Ben figurez-vous que de spécialistes en studio à correspondants locaux à Buenos-Aires et à Naples, il ne fut question que de lui ! Petit homme et crapule notoire compromis aussi bien avec la mafia napolitaine que dans des histoires de dope, de fraudes, de menaces. 

Un odieux personnage comme il n'est hélas pas le seul sur terre ni dans son milieu. C'est même un petit peu la nouvelle loi du sport. Mais enfin, je n'ai pas entendu la moindre évocation directe des  méfaits et mauvais gestes de ce balloneur, ce tricheur patenté à qui l'on attribue au contraire "la main de Dieu". Et comment voulez-vous, alors que France 24 - une chaîne que j'imaginais convenable - fait l'apologie de ces infâmes sportifs, que l'opinion ne soit pas elle même confortée. Dans cette adhésion absurde et loufoque à une petite frappe roulant des mécaniques, gavé de millions par des supporters incapables de se loger et se nourrir correctement. 

Une autre sorte de complot en somme...

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