Heureusement pour mon équilibre psychologique et ma tranquillité d'esprit, l'essentiel de ceux qui me sont chers et proches, partagent cela avec d'ailleurs bien peu de nuances. D'autres, que j'aime bien, sont au contraire des soutiens plus ou moins assumés de l'odieux - leur Dieu -, suivez parmi les abonnés de Macronique, trois regards.
Je ne voudrais pas leur déplaire - d'autant que j'ai déjà coupé les ponts avec pas mal de mes relations anciennes - mais attribuer un quelconque crédit - et je ne parle même de sympathie ou d'admiration - à cette homme-là, relève soit du cynisme, soit d'un manque d'âme et d'esprit, soit témoigne d'un mimétisme que je n'ose envisager.
Jean-Claude Grosse, l'auteur/éditeur du Revest sur les eaux des Égarés et que je remets souvent sur le tapis mouvant de mes complicités, reprend en page 61 (chouette, plus que dix fois plus à lire !) de "Et ton livre d'éternité ?" cette proposition de Pascal : " Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre. "
Ne plus avoir à subir l'absurdité du monde et la violence des hommes qui dans leur expression autant que dans leur manière d'agir vous font amèrement regretter d'avoir franchi, tête en avant, le col de l'utérus... Ma relation à Saint-Emmanuel-les-mains-jointes tient à peu près à ce détail : "qu'est-ce que je suis venu faire sur terre, pour tomber sur un tel olibrius ?"
Ne vous égarez pas - mais je vous fais confiance vous ne vous égarerez pas ! - ce n'est pas le mot "emmerder" qui m'a révolté, même s'il y a sûrement matière à plus de raffinement lorsqu'on dirige le même pays que celui à qui Molière, Flaubert et Hugo donnèrent ses lettres de noblesses. C'est toujours dans la manœuvre sournoise, le petit calcul de banquier étriqué, que ce président se distingue sans qu'apparemment cela ne choque quarante cinq pour cent des sondés. Son mode de communication est grossier dans la mesure où il est prévisible et fait appel aux ficelles les plus vulgaires.
Pour galvaniser son électorat, Jean-Marie Le Pen provoquait en parlant de " Durafour Crématoire" et à propos des camps de concentration de "détail de l'histoire". Il s'agissait là de pure cruauté et néanmoins de propos parfaitement étudiés et maîtrisés. Et malgré l'ignominie, cela n'empêcha pas le monstre nationaliste de figurer au second tour de la Présidentielle 2002 !
"Emmerder les Français non-vaccinés" dans la forme cela relève seulement de la crudité de langage sans grande importance. Mais c'est la traduction d'une tendance lourde chez ce monarque machiavélique. Désigné une catégorie de Français : ceux "qui sont illettrés ", ceux "qui ne sont rien", ceux " qui coûtent un pognon de dingue", ceux " qui n'ont qu'à traverser la rue ", les "Amish et leur lampe à huile", " les gaulois réfractaires" et j'en oublie... Les personnels de santé qui manifestaient et que l'on a matraqué dans la rue avant de les faire applaudir sur les balcons, les Gilets Jaunes à qui l'on a enlevé des mains, des yeux et surtout la dignité, avant de leur envoyer un chèque de cent balles, les retraités que l'on maltraite en voulant les maintenir au travail et en leur faisant peser toute la responsabilité d'une situation économique désastreuse qui ne sourit qu'aux riches...
En désignant ainsi une sous-catégorie de merde, à laquelle sont donc venus se rajouter les gens qui n'ont pas envie de se vacciner, Friquet à la houppe poursuit son dessein sordide. Rejetant tous les opposants dans le camp des vilains marginaux et des méchants nationalistes, il se pose en rassembleur d'une belle France de lèche-bottes vaccinés et de bons élèves disciplinés que je situerai un peu plus haut, entre mes fesses !
Combien en restera t-il de ces complices d'un libéralisme abject qui rejette et humilie, à l'heure du vote ? Tous ces contents d'eux-mêmes, qui souvent n'ont pas de si belle vie que ça, mais qui ont cependant peur qu'on la leur prenne pour aider ceux qui qui en ont encore moins. Tous ces poltrons, ces minables qui n'ont qu'un objectif : avoir et paraître, ayant abandonné toute envie d'être et de partager ? Lorsque je constate l'énormité de la manœuvre et l'adhésion qu'elle suscite, je crains - sans étonnement - le pire.
Ne plus sortir de ma chambre, m'y enfermer avec Pascal - puisque je suis désormais trop vieux pour caresser ne serait que l'idée de la moindre Pascale - voici ce qui m'attend si l'ignoble stratagème de cet individu est finalisé.
Sur le même thème, je vous propose de lire deux excellents papiers.
D'abord la très belle lettre ouverte de Serge Raffy (écrivain, rédacteur en Chef de l'Obs)
Ainsi que l'analyse de Serge Fourquet, directeur de l'IFOP, pour l'Express.