Tu parles que moi, je me croyais presque en vacances ! Prêt à accueillir les petits-enfants pour des parties de pêche et de ping-pong - la belle (fin) de vie quoi ! - et puis aussi concevoir un petit frère à Marie-Po et Tintin, mais sans tourmente, pour ne pas rajouter à la lourdeur de l’Ukraine, de Gaza et d’un peu partout d’ailleurs, dans un monde frappé de schizophrénie. Mais voilà que, tel un éléphant - ou plutôt un âne – dans un magasin de porcelaine, Saint-Emmanuel-les-mains-jointes à refait des siennes, achevant en quelque sorte son travail de destruction de la société française. Appliquant en vieux politicard véreux qu’il est depuis son entrée maléfique dans le jeu politique, cette idée machiavélique et dégueulasse consistant à diviser- là on peut même employer le verbe disloquer - pour mieux régner.
Et comme pour rajouter un peu plus de piquant à sa perversité, il s’est empressé de choisir des dates tellement serrées, qu’il sera bien difficile aux oppositions, de s’organiser. Encore que le président des « Républicains » ne s’est pas laissé prendre au dépourvu et pas plutôt annoncée cette dissolution, il était déjà prêt à fusionner de corps et d’esprit (certes pas très sain et même bien dérangé) avec la Walkyrie des Le Pen. Macron qui, indéniablement, entrera dans la mémoire des siècles pour avoir mis un merdier historique dans l’organisation de la vie politique, aura déjà obtenu de faire exploser et très bientôt disparaître, le plus grand parti politique de la Cinquième République. Celui qui accompagna avec Debré, Pompidou et Chaban, le Général de Gaulle dans cette grande et longue aventure, connut avec Chirac son prolongement et avec Sarkozy, sa déchéance. Ciotti jouant un rôle de croque-mort qui, même jusqu’à l’apparence physique, lui convient parfaitement.
Mais enfin ce qui se passe à droite où un tiers va donc trahir le Gaullisme jusqu’à l’indignité et les deux tiers aller à la soupe libérale dont ils connaissent et adorent le goût, ne m’intéresse guère. Et ce qui se passe à gauche ne m’inspire pas une confiance inouïe, contrairement d’ailleurs à la dizaine d’amis et lecteurs qui chacun à sa manière s’est évertué à tenter de me rendre un peu moins pessimiste - le mot est faible -. Certes, au moment où j’écrivaishier, ma chronique, j’ignorais que Ruffin avait ressorti des limbes le « Front populaire », ce qui ne me semble d’ailleurs pas la meilleure de ses idées. Je pense que l’Union des gauches écologiques et sociales convenait mieux au contexte très particulier qui menace notre société et nos libertés.
Eux qui s’invectivaient, deux jours auparavant, dans l’espoir de réduire l’écart ou de marginaliser le concurrent, eux qui souvent n’ont pas grand-chose à partager au plan des idées - et j’aime bien rajouter des idéaux -, se sont retrouvés et embrassés comme s’ils ne s’étaient jamais invectivés et parfois détestés. Il n’y a, entre un social-libéral du PS et un militant de gauche, quasiment plus rien à partager. Les uns approuvent et épousent la loi du marché, de la consommation et de la croissance destructrice de la nature ; les autres n’aspirent qu’à la justice sociale, le partage et la préservation absolue de l’environnement. Je ne vois rien de commun entre Mme Delga et Clémentine Autain (pour faire très court et féminin).
De plus, l’aile la plus libérale, souvent droitière du PS, s’est repliée sur un militantisme pro-sioniste (souvent expliqué par ses propres origines) qui les rend extraordinairement obtus, infâmants, parfois à la limite de la diffâmation. A titre personnel, j’en ai plus qu’assez de me faire traiter d’antisémite sous le prétexte que je soutiens la France Insoumise et à travers elle l’extrême gauche, dont la pensée structurée me semble la dernière acceptable pour l’Humanité. En quoi, condamner le régime d’extrême-droite d’Israël, dénoncer le génocide perpétré à Gaza, soutenir le droit du peuple Palestinien à vivre en sécurité dans ses propres frontières, ferait de moi un antisémite ? Toute ma vie, sociale, amicale, familiale, j’ai dû m’insurger face à des propos antisémites. Souvent ils émanaient de sympathisants de la famille Le Pen, laquelle parade, il est vrai et désormais, dans les défilés de soutien aux Israéliens. De la même manière que j’ai toujours combattu les propos racistes, à l’encontre des arabes et/ou musulmans essentiellement. Un combat anti-raciste ou MM Dray, Guedj et Glucksmann apparaissent bien mois zélés… Leur comportement me fait plus penser à Meyer Habib, ce fou furieux de l’Assemblée, qu’aux militants de Jewish Voice for Peace.
Il faut évidemment s’engager pour se préserver de l’extrême-droite, mais il me semble indispensable de mettre un terme définitif à ce jeu malsain et malhonnête sur lequel s’appuie Macron pour garder le pouvoir. Son pouvoir. Comme si la France était à lui et que toutes les méthodes étaient acceptables pour qu’il soit éternellement ainsi. En finir avec le jeu de dupes, les alliances factices et malsaines. Y compris et surtout, à la gauche de l'échiquier.
Derrière Ruffin ou un autre, oui, il est possible de reconstituer un bloc de gauche déterminé et sincère englobant les anti-capitalistes, les écologistes, les communistes et les insoumis. Là il n’est pas compliqué d’imaginer les contours du projet : renouer avec le progrès social et l’égalité des chances ; restaurer le service public (tous les services publice de l’éducation au rail en passant par l’hôpital et les soins à la personne) financé par les droits de succession et l’augmentation des impôts des plus aisés jusqu’aux milliardaires, contribuant ainsi et aussi à un rééquilibrage des revenus ; prioriser la qualité de vie en agissant sur tous les leviers permettant de préserver la nature et de lutter sans concession contre le dérèglement climatique. Personne se prétendant de gauche ne peut se désolidariser de l’esprit d’un tel programme. Personne… sauf une bonne partie des socialistes !
Et je ne mélangerai plus jamais mon vote avec ceux qui, par leur silence où leurs déclarations, soutiennent Netanyahou et les voyous d’Israël, encouragent outrageusement l’islamophobie, soutiennent les lois anti-sociales qui nous ramènent au XIXe siècle et approuvent la construction d’autoroutes, de méga-bassines et la répression policière et judiciaire qui l'accompagne.
Comme vous pouvez le constater, je n’ai pas encore entamé ma cure de camomille. Quelques semaines au jus de citron et au café ! Durant lesquelles je vais embêter mes amis, ma famille, mes proches, mes voisins. Redoubler de conviction, de passion, d’énergie. Ensuite si tout cela devait s’achever en désastre, nous jeter malgré tout dans les eaux saumâtres du fascisme ou nous replonger dans la fange pestilentielle du macronisme, je me retirerais empli de tristesse, mais avec l’apaisement du devoir accompli. Je n’interviendrais plus ; me contenterais de voir les gens tomber de leur chaise, du haut de leur infinie bêtise. Et n’accepterais pas pour autant, de procès en lâcheté.
Ce qui serait lâche aujourd’hui, serait de laisser le pire advenir sans avoir tenté de l’empêcher. Ensuite il sera bien tard...
Le Média et Porcher décryptent la dissolution
Ne manquez pas l’analyse de l’économiste de gauche Thomas Porcher. C’est sur le Média qui vient d’être retenu parmi les 25 candidatures au renouvellement des antennes de la TNT. Et à la place de BFM ou de Cnews, ça nous irait bien. Si vous avez un peu de pognon, profitez-en pour les soutenir !
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