Honorable, respectable, indispensable même, ça d’accord ! J’ai cherché en quoi cela pouvait être confortable et je me suis dit qu’effectivement le matin en passant devant la glace c’était quand même mieux d’être avec les deux tiers qui souffrent qu’avec ce tiers qui se tape sur le ventre et méprise le peuple avec cette arrogance qu’offre le pognon, mais pas l’intelligence. Raison pour laquelle la plupart des intellectuels - les vrais pas ceux de l’ENA ou de HEC -, sont de gauche.
Et puis n’exagérons rien, on n’a quand même pas la vie facile, parce qu’il y a un truc que les collaborateurs du libéralisme ignorent, c’est l’indignation. Voilà un truc pas du tout confortable, l’indignation. Pas plus d’ailleurs que l’insoumission qui nous vaut de nous faire montrer du sabot de la patte droite par tous les moutons de TF1 et BFM… Non, pas facile, surtout que depuis quelques mois, l’on doit faire cause commune avec les fachos-lepénistes. D’autant plus que les voici devenus de redoutables pourfendeurs de la retraite à 64 ans ! Alors on les a pas encore eu dans les défilés avec nous, mais prenons-y garde. Prenons garde surtout, qu’avec ses conneries, Saint-Emmanuel-les-mains-jointes ne nous les refourgue pas à Matignon, plus tôt que prévu. En mai par exemple au terme d’une dissolution forcée… Ce qui est sûr, c’est que Macron ne les craints pas les nationalistes. Il en joue avec virtuosité – certes - depuis 2017 et peut encore habilement jongler avec, un bon bout de temps. Lui, les opinions, ils s’en fout ! Ce qui lui importe c’est son égo jupitérien et son pognon. Il est tellement laid ce type, tellement minable et prévisible que ce n’est pas tant lui que j’exècre et maudis, que ses électeurs. Avoir envie de voter pour ça, représente à mes yeux la pire des ignominies. En sorte que je ne peux plus être ami, ni même entretenir de bonnes relations avec un électeur de Macron.
Ce qui n’est nullement le cas avec ceux de Le Pen. Bien sûr, leur doctrine fondée sur le nationalisme, le racisme, toute forme d’exclusion, l’énormité aussi de leur populisme est proprement odieux, insoutenable. Sur le plan des idées, je les renvoie dos à dos dans leur abjection.
Mais enfin personne parmi ceux qui lisent ces lignes, n’ignorent que nous avons dans le camp des « vert de gris » une proportion considérable de camarades qui votaient traditionnellement à gauche et spécifiquement communiste. Noble suffrage qui s’est perdu sous l’ère Mitterrand, lorsque le pendard à trahi la morale politique - comme il l’aura fait tout au long de sa vie – en délaissant le monde ouvrier, lui préférant les bourgeois des beaux quartiers, fans de Jack Lang et Delanoé -comme le chantait Renaud-…
Il me semble que c’est Ruffin – ça ne m’étonne pas ! - qui tenait un discours à peu près semblable à ce propos. La gauche ne peut se permettre, à moins qu’elle renonce à tout jamais à tenter de redevenir une alternative au libéralisme, d’exclure définitivement une classe populaire qui n’est pas seulement un allié électoral, mais aussi une fierté, car ce sont les enfants de Hugo, Zola et Jaurès.
Partons tous en campagne et allons les chercher, c’est le moment. Les greffes de cerveaux étant impossibles à cette échelle, expliquons-leur, trouvons les mots et la patience pour les convaincre que Le Pen, ce n’est pas le peuple, même si cela sonne bien. Le Pen, c’est l’exclusion, la violence et la haine. On s’éloigne un tantinet des valeurs humanistes !
Et par-dessus le marché, malgré son discours outrageusement mensonger, Le Pen n’incarne en rien les travailleurs et les classes inférieures et moyennes, mais typiquement le contraire. Le FN et ses principaux dirigeants sont des gens de droite, libéraux jusqu’au bout des ongles, riches comme Artaban. Et s’ils sont entrés dans le combat contre la réforme des retraites, ce n’est nullement par conviction, mais parce que les Français et notamment leurs électeurs, y sont opposés à une écrasante majorité.
Voyez, j’étais dans le Var le week-end dernier pour des agapes autrement plus festives que ma énième manifestation à Mende ou Rodez. Je ne reviens pourtant pas volontiers dans ce département où, si j’ai gardé pourtant - sans parler de la famille -, des amis, des copains, des voisins précieux, j’ai fréquenté aussi une population qui me déplaît globalement pas sa superficialité. Si un jour vous voulez savoir ce qu’est un être superficiel : allez dans le Var ! Du bord de sa piscine, on vous dira avec le plus grand sérieux et l’accent de cigale : « Tout va bien monsieur, on a la mer et il y a un beau soleil ! »
Quand tu entends ça, faut vite se tirer , ce sont des cons ! Je les ai fréquenté trente-cinq ans ! Hé bien tout ça pour dire qu’il n’y a pas que les ouvriers, étriqués du bulbe, qui votent pour ces salauds. Y a aussi des gros bourgeois écervelés - excusez le pléonasme -. Ils votent tous Front National parce qu’ils ne veulent plus d’arabes qui mangent leur pain. Sauf qu’à Sanary ou au Rayol-Canadel, des arabes, y en a guère ! Ils sont aussi contre les migrants et sur ce point au moins, on les comprend, puisque leur cadavres flottent sur la Méditerranée !
Il y a huit députés dans le Var – à mon avis c’est déjà trop pour ce qu’ils fabriquent...- mais surtout, savez-vous combien il y a de députés d’extrême-droite ? Sept ! Le seul qui ne le soit pas, est le protégé du parrain-magouilleur Falco, dans la circonscription de Toulon centre. C’est donc par ce seul exemple, que l’on peut le plus aisément démontrer que les fachos sont du côté des riches et c’est bien naturel puisqu‘ils ont la même mentalité.
Voilà donc l’argumentaire que vous attendiez sûrement. Il ne vous reste plus qu’à expliquer aux bourrins des banlieues et des anciens bassins miniers ou sidérurgistes, que s’il est des arabes à combattre, se sont ceux du PSG, les milliardaires des émirats du Qatar, les dictateurs du Golfe pétrolifère, mais en aucun cas les pauvres bougres qui bossent pour que dalle et occupent toujours des postes dont personne d’autre ne voudrait. L’argent qui manque ne se trouve pas dans les Caisses des allocations familiales, mais dans les coffres-forts des financiers, des affairistes, actionnaires, héritiers, exilés fiscaux... Amis du président !