Vous me direz aussi, y en a pour qui l'immonde tragédie de Gaza n’a aucune importance à leurs yeux. Tous des arabes, des assassins ! Et en plus, c’est si loin.
Pour ne rien vous cacher, alors que la manie du voyage qui frappe y compris les plus modestes - puisque ces salopards d’avionneurs font de la retape avec des black friday à la con - et qui obsède les moins embêtés côté porte-feuille - ceux-là se croient partout chez eux -, me met dans tous mes états - vous l’aviez deviné ? -, j’avais tout de même projeté de m’envoyer une dernière fois, dans les airs. Pas pour moi, mais pour Marie qui, la pauvre, n’a pas eu la chance de tomber sur un connard très intéressé par la découverte des cultures du monde, l’ouverture aux autres, la coopération et toute cette litanie de fadaises, exclusivement destinées à se donner bonne conscience.
Excluant les États-Unis, le Yémen, l’Ukraine et la bande de Gaza, je me disais que l’Argentine, se serait chouette. Je sais pas pourquoi, j’ai plutôt une bonne image de ce pays et de sa population. Peut-être parce que j’en ai connu quelques-uns venus faire fortune dans les clubs de rugby français. Car voilà des immigrés qui ne sont jamais houspillés ni obligés de finir leur parcours à la nage...
Attention ! Je n’avais pas encore pris les billets. Il doit falloir mettre de côté sur des petites retraites comme les nôtres, durant au moins dix ans pour se payer deux places en classe éco. Et encore, si d’ici-là, ils n'inventent pas les avions électriques, où on nous mettrait sur des sièges équipés de pédales pour alimenter la dynamo. Bon et bien j’ai une mauvaise nouvelle pour Marie – je sais qu’il lui arrive de me lire - l’Argentine, c’est cuit pour au moins quatre ans ! Grâce à quoi on va pouvoir continuer à mettre des pésos de côté.
Parce que, j’en viens aux faits ! ces idiots d’Argentins – et je me surprends à être poli ! - sont allés voter pour ce qu’il y a de pire dans la représentation de l’abjection : Javier Milei. Juste après que leurs voisins Brésiliens se soient débarrassés de l’abominable Bolsonaro et attendant peut-être que les USA s’en reprennent pour quatre ans de Trump (à la leur !), ceux-là sont allés se jeter dans la gueule du monstre. Et puis attention, un monstre qui n'a pas l’air moins fou que les autres ! Le type est un fervent du modèle capitaliste, celui qui considère qu’il doit y avoir une petite partie de riches qui écrase la masse des pauvres - en Argentine y a de quoi faire ! -. Tenez-vous bien, il a fait campagne sur l’adhésion de son pays à la monnaie nord-américaine, le dollar. Fallait déjà y penser ! Il est nationaliste, c’est à dire qu’il rêve que tout le monde se tape sur la gueule au nom de sa patrie et de ses frontières et enfin, je vous le donne en mille, il est totalement climato-sceptique, c’est-à-dire que c’est non seulement un sale type, mais aussi un parfait demeuré. On ne s’étonnera pas que notre pauvre pape François, qui avait pris parti pour le péroniste Massa, soit effondré. Pas plus que le message de Donald Trump à Milei ne nous surprendra : « Je suis très fier de toi. Tu vas transformer ton pays et faire de l’Argentine à nouveau un grand pays ? » C’est beau non ?
Et voilà les amis ! A qui le tour ? Ici on serre les fesses, mais avec tous les soins pris par Saint-Emmanuel-les-mains-jointes pour lui ouvrir la porte, on ne peut que redouter l’entrée prochaine à l’Elysée de Le Pen ! Mais enfin en attendant avec impatience ce grand moment, profitons de ces merveilleux augures. Quand le pays des gauchos renoue, juste quarante après, avec la dictature des généraux de Videla.
Billet de blog 20 novembre 2023
L'Argentine ne fait pas le bonheur !
Je sais pas chez vous, mais je trouve qu'elles sont tout de même rares les journées où l’on ne reçoit pas de mauvaise nouvelle. Du bout du monde ou bien de l‘autre côté de la rue. Vous me direz, par rapport aux journées à Gaza, y a rien, absolument rien de comparable.
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