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Billet de blog 21 décembre 2020

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POURTANT, NOUS AVIONS ENVIE DE TRAIN !

La Convention citoyenne pour le climat, ce gadget qui vient de péter au nez de l'apprenti sorcier présidentiel, suggérait quelques mesures chocs pour limiter l'impact délétère de l'avion sur l'environnement et la mentalité des gens. Las la question ne sera pas posée au fumeux référendum démagogique. Mais si Macron ne veut pas entendre parler du train, c'est que ses électeurs ne le prennent jamais

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Cet aveu me coûte beaucoup, mais je me dois de le concéder, je ne suis pas parfait ! Oh bien sûr il s’en manquât de bien peu que je le fusse. Mais c’est raté. Cela m’agace d’autant plus que cette confession touche à ce que j’ai de plus cher : ma conscience politique. Certes toujours attaché, presque obnubilé par la fraternité, la justice sociale, tout ce que j’aime bien symboliser par le seul mot Humanité, j’ai mis trop longtemps à intégrer l’écologie pure dans mon logiciel de pensée. 

Or, alors que l’on s’indignait déjà tout rouge, nous les cocos et assimilés, contre les exploiteurs, les financiers, les profiteurs parce qu’ils traitaient l’homme comme un esclave ou en tout cas sans suffisamment d'égards, nous aurions dû aussi nous apercevoir que leur pognon ils le gagnaient non seulement sur notre dos, mais aussi – et finalement surtout – en saccageant la planète. Sur le dos aussi - et finalement surtout ! - des générations futures et encore lointaines. Une planète qui ne leur appartenait en rien et sur laquelle ils n’avaient aucun droit d'investir et spéculer, pas plus en tout cas que le petit béninois qui non seulement n’extrayait ni charbon, ni pétrole, ni uranium, mais ne parvenait même pas à tirer un verre d’eau limpide. 

Depuis l’avènement du système capitaliste, que l’on peut assimiler à la révolution industrielle au tout début du XIXe siècle, les riches et ceux qui les soutiennent - y compris ceux qui ont voté pour tous les présidents de la Ve République - ont effectivement commis plus de dommage à notre environnement qu’aux masses laborieuses. Encore qu’il ne faille évidemment pas négliger des phénomène aussi patents et considérables par leur nombre que l’inconfort de l’habitat, la sous-nutrition et l’endettement qui frappent les plus humbles.

Voilà en quoi je me sens un peu responsable. Ne pas avoir milité franchement écolo bien plus tôt. Je ne parle évidemment pas de l’écologie politique mais pratique. J’ai toujours était sensible aux efforts de ceux qui, parmi mes amis, ma famille même, se lançaient dans de belles démarches avant-gardistes et visionnaires, alors qu’ils étaient souvent brocardés et tournés en ridicule. Tout comme Macron qui traite de Amish ceux qui ne voient pas le monde par le même bout de la lorgnette, ses prédécesseurs et une grande parti de la population considéraient les écolos comme rétrogrades et illuminés… Ouais, on voit où ils nous ont mené, les modernes et les .. éclairés ! 

Je ne me moquais nullement de René Dumont et j’aimais bien Mamère (Noël bien sûr, même si je préférais encore la vraie, Fernande). Après j’avoue que j’ai eu plus de mal avec tous ces courants verts, que j’assimilais un peu facilement, je le reconnais, à des courants d’air. Honte sur moi, la seule fois que j’ai soutenu l’écologie politique c’était très indirectement en votant Hamon, puisque Jadot c’était gentiment - mais inutilement il faut bien l’admettre – rallié au candidat socialiste dissident.

Si bien que si les Verts n’ont dépassé les 5 % aux présidentielles qu’une fois avec Mamère en 2002, ils n’ont jamais décollé en temps que force politique proprement dite. Et je pressens que malgré la tendance et l’urgence climatique ce n’est pas encore pour demain ! 

Cela tient essentiellement, mais j’avais bien envie d’écrire uniquement, au fait que si la conscience de gauche, solidaire et humaniste est faible dans notre pays, la conscience écologique reste inexistante. Oh bien sûr, on jette moins de papier par terre, moins de bouteille de bière aussi, on calfeutre mieux nos maisons - surtout avec les aides gouvernementales qui rendent le geste gratuit -, mais s’en est – on réellement pris aux racines du mal : la consommation ? D’eau, d’électricité, de pétrole, de produits chinois, de bagnoles allemandes, de bouffe américaine, de ressources maritimes et de voyages d'agrément ? Que nenni. On contraire, la razzia continue et il n’est pas certain qu’une bataille navale ne se prépare pas dans la Manche sur fond de Brexit. Et vous avez vus Macron, comment il s’est assis sur les propositions de la Convention citoyenne ? 

Il y avait selon moi une mesure symbolique. Elle consistait à en finir avec le transport aérien. Bien entendu comme dans les années soixante, il aurait été possible d’aller voir son vieil oncle d’Amérique de temps à autres. Tout comme nos compatriotes des îles auraient pu retrouver leur famille de métropole. Ce que proposait la CCC consistait à couper les ailes des compagnies lancées dans une surenchère, une folie de consommation aérienne. Qui faisait que les gens embarquaient pour Prague, New York ou Ouagadougou, comme ça sur un coup de tête, pour se faire plaisir. Des gens qui, comme l’hôtesse de Dutronc, ont rêvé d’avoir les fesses en l’air. Rares sont ceux qui suivent les remarquables documentaires animaliers et paysagers de la Cinq et d’Arte notamment, mais tous veulent y aller. Pas tant pour voir que pour le raconter dans les soirées familiales. En commençant toujours le récit par : On a fait.. On a fait la Chine, le Pérou, l’Afrique du Sud … T'as rien fait du tout, cono ! Ou si, t’as fait le gogo, le voyageur, le voyeur et c’est pas spécialement en ton honneur. 

Non, leur filer quatre milliards de taxe supplémentaire dans les dents aux avionneurs, avionnistes et aviomaniaques, c’était impeccable. Tout comme la suppression des lignes intérieures, ses petits sauts de puces ultra polluants pour des gains de temps dérisoires. La 3C avait proposé de remplacer ses monstres volants par de gentils train-trains, qui auraient égayé le quotidien des vaches et désenclavé aussi bien Romorantin où les airbus se font rares, qu’Aumont Aubrac où ne circulent plus que des cars dans lesquels tu vomis au deuxième tournant si tu as eu la mauvaise idée, non-essentielle, d’ouvrir un livre. 

Seulement Macron, qui a eu la géniale idée de mettre des cars partout pour que les gens préfèrent prendre l’avion dans les aéroports privés de ses copains de cordée, il s’en fout du train, de la pollution et de l’insignifiance qu’engendre le vol commercial. Car les 20 % qui votent pour lui sont justement ceux qui prennent l’avion… et qui tapent sur le train et ces-connards-de-cheminots-toujours-en-grève !

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