Ne m’intéressant pas plus au Goncourt qu’à toute autre concours, j’allais jusqu’à ignorer l’existence de Nicolas Mathieu. Je crains pour lui que nous soyons nombreux dans ce cas mais enfin, j’ai lu – aussi - son intervention sur le fil de l’Obs, hier en marge des neuvièmes manifs massives contre la retraite à 64 ans. Et je me suis dit quand même, que la voix d’un éminent écrivain pouvait compter, voire même ajouter à la cause, un supplément d’âme et de crédibilité. Je trouve que ce que nous dit cet enfant des Vosges - qui n’a donc que plus de mérite d’avoir décroché le prix Goncourt -, a du sens et peut nous aider aussi, tous, collectivement à persister non pas dans ce qui est présenté comme une erreur et bientôt une horreur par le pouvoir dominant, qu’il soit politique ou médiatique, mais une nouvelle Libération (lire Mathieu ci-dessous).
Il me semble aussi que, tandis que les jeunes commencent timidement à bloquer leurs lycées et facs, nous sommes en train de sortir du combat exclusif et certes essentiel, dans le domaine des retraites, pour aborder la vraie question. La contestation d’une société en mouvement qui, à cause d’un personnage qui se prétendait du nouveau monde et se réclamait de la modernité, est en train de nous faire fortement régresser, notamment en termes de droits humains et sociaux.
Le 49.3 sorti à tout bout de champ, car ce gouvernement est illégitime - comme le président désigné au premier tour par une trop faible représentation -, l’absence de recherche de compromis, le refus de reculer y compris lorsque les manifestations pacifiques se révèlent aussi historiques, lorsque même les sondages d’opinion confirme l’opposition globale au projet, tout témoigne d’un déni de démocratie.
Macron a commis à mes yeux bien trop d’erreurs. Y compris celle d’exister. Puis de se faire élire en manoeuvrant et s’appuyant sur cette catégorie de bourgeois qu’il a su séduire par mimétisme, mais il en a commis une qui peut cette fois lui coûter plus cher. Prendre les Français pour des cons ça passe, certes, à tous les coups. Mais ne les prendre que pour des cons, tout le temps, là c’est quand même abuser. Pousser son avantage un peu loin. Et lorsqu’il proclame avec son port altier et ses expressions de mépris, que les Français en votant pour lui ont voté pour le recul de l’âge de la retraite, là il franchit la ligne rouge ! Car les trente pour cent qui lui ont permis de battre Le Pen au second tour, ne sont certes pas des rebelles, des Insoumis (sans quoi ils auraient mieux votés que ça ! ) mais ce ne sont tout de même pas des larves. Pas tous ! Il y en a même - et je le leur reproche fortement - qui se sont efforcés d’aller voter pour cette enflure, afin de ne pas voir l’autre folle s’installer à l’Élysée. Et ils en ont eu mal au bide ! Alors ceux-là aujourd’hui, ils y sont dans la rue et quelle que soit l’issue du conflit social, ils en garderont un fort ressentiment.
Ce qu’il faudrait aujourd’hui, c’est que nous soyons plus nombreux encore, plus constants, plus endurants dans la lutte et qu’en même temps que le retrait de la réforme des retraites, nous exigions aussi plus de démocratie dans le fonctionnement de nos institutions, plus d’équité dans les salaires, dans la qualité de vie, une vraie redistribution des richesses. Profitons de ce temps d’histoire exceptionnel où partout dans le pays, des millions de gens se rassemblent pour tout changer. Refaire de l’écologie, de la sobriété et du partage, les grands axes d’une nouvelle société.
Cessons de parler de progrès, de marchés et de technologie. Faisons une pause et oui revenons en arrière. Mais bien sûr revenir en arrière, en imposant un programme Révolutionnaire. Celui qui est encore gravé sur tous les frontons de la République. Liberté, égalité, fraternité.
La petite vidéo habituelle dans les rues de Mende. On ne s'en lasse pas !
" Ce qui se joue à présent, c’est une certaine idée de la démocratie "
Dans une publication sur Instagram, l’écrivain Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018 pour « Leurs enfants après eux » (Actes Sud), écrit que si « au départ, nous contestions cette réforme des retraites parce qu’elle nous semblait dispensable, mal fichue, inacceptable au regard du moment où nous sommes », l’enjeu a aujourd’hui changé selon lui :
« Ce qui se joue à présent, c’est une certaine idée de la démocratie. C’est la place que nous souhaitons occuper dans le débat public, la décision politique et la détermination libre de nos existences. Tout ce qui a été accompli par le pouvoir est légal. Mais qu’est-ce qu’une légalité qui chaque jour se détache un peu plus de sa source, des désirs qui la justifient, du bien commun qu’elle vise ? Qu’est-ce qu’un système de représentation qui ne figure plus nos appétits, dénie nos droits, s’émancipe des devoirs qui l’attachent à ses mandants et organise à marche forcée, sur des raisons purement techniques, un monde dont presque personne ne veut ? Qu’est-ce qu’un régime qui fait des recours exceptionnels une règle, use des institutions à son seul avantage, n’entend plus que les paroles sorties de sa propre bouche ? »
« Nous ne sommes pas une foule, une meute, ni la masse aveugle qu’on dénonce. Nous ne résumons pas non plus tout le peuple de ce vieux pays. Nous sommes ce qui s’est fait de plus noble depuis Periclès : une communauté de femmes et d’hommes libres qui tiennent à décider de leur destin », affirme l’écrivain.
Amitiés viriles
Il y a un type dans le Var qui m’a reproché d’évoquer les dégénérés qui obéissent aux ordres et protègent la Macronie. Il s'agit d'un ancien garde mobile - une sorte de playmobil- plus large que haut, que j’ai connu et apprécié lorsque nous étions au Comité de rugby. Nous ne sommes pas du même bord, mais on s’aime assez pour qu’il me lise encore ! Il m’a écrit : « je dois être maso ! » Qu’importe ami, saint bruscain, regarde ça (c'est un autre copain du Var Marcel V. qui me l'a transmise). C’est un recueil de poésies !