Mon ami-lecteur « Grognard Vincent » qui ne se manifeste guère ces temps-ci - mais j'espère qu'il va bien ! - est à la fois un militant de gauche déterminé et un grand admirateur de Napoléon. Je n'entame pas l'une des chroniques les plus sérieuses et certainement les plus graves, pour vous entretenir de son cas, bien qu'il en vaille absolument la peine. C'est plutôt qu'entre autres points communs, nous éprouvons cette dualité de référence et d'engagement, ce paradoxe entre une passion presque fétichiste – dans son cas – et une position quasiment à rebours.
Du moins pour ce qu'il peut en paraître. Me concernant, il s'agit de cette attirance de jeunesse pour de Gaulle qui, pour avoir mûri et donc s'être nuancée, ne s'est jamais évanouie. Je confesse même avoir commencé à militer au début des années Chirac – lorsqu'il entra en guerre contre Giscard -. J'en revins vite, il me suffit alors de connaître Pasqua, le SAC et ses massacres, l'affaire Boulin, j'en passe et des pas plus belles...
Lorsque je mis le cap à gauche toute - et pas qu' un peu ! - en faisant une courte escale par la Mitterrandie, je fus moi-même en proie à ces contradictions. Sauf que, je vous rassure sur ma santé mentale, mes références, mes préférences n'allaient ni vers Rockefeller, ni Rothschild, ni Montaigne, ni Adam Smith, ni Maurras, ni d'Ormesson ! Très jeune, je me suis vite senti proche de Jaurès (peut-être parce que nous sommes du même pays, celui du Tarn, celui de l'Humanité), en phase avec Hugo et Zola, épris d'Aragon et Ferrat..
Je ne l'apprendrais pas à grand monde parmi vous, mais je confirme donc que l'on peut être catalogué – par les médias, la macronie et la walkyrie – d'extrême-gauche, se prévaloir des principes anarchistes et avoir nourri sa conscience humaine et politique sous obédience gaulliste - rectifiée par Proudhon, en quelque sorte ! -
Bien qu'ayant fait carrière dans l'armée, qu'il en fut même l'un des théoriciens de l'entre-deux guerre et des chantres (Le fil de l'épée ; Vers une armée de métier ; la discorde chez l'ennemi) de Gaulle représente à mon sens le plus beau symbole de Paix. Le 18 juin, la Résistance, un certain nombre d'actes courageux, parfois même judicieux et, j'y viens, des positions équilibrées et justes. Un jour peut-être, un soir sans doute, nous reviendrons ensemble sur sa vision extrêmement critique du capitalisme, sur sa quête de rééquilibrage du monde et de transformation de la société française. D'une troisième voie qu'il lui aurait fallu une deuxième vie pour tracer.
Mais parlons de Paix. Enfin moi, j'en parle, parce que j'en ai besoin. L'affrontement chaotique et interminable des Russes et Ukrainiens, pourtant de souche commune, me mortifie ; l'anéantissement de la Palestine, après la boucherie terroriste du Hamas en Israël, puis le génocide perpétré par le régime sioniste, m'est insoutenable. Nous touchons là à l'horreur absolue, à la barbarie qui dépasse tout ce que l'imagination d'un cerveau normalement constitué peut concevoir et moins encore accepter. A part peut-être du côté des marchands d'armes...
Ce qui est patent dans une grande partie de l'Occident – sous la conduite idéologique tutélaire des États-Unis – c'est que l'on a condamné sans réserve et sans mesure, toute une congrégation (c'est ainsi que je défini les Palestiniens puisqu'il leur a toujours été refusé le droit d'accéder au statut de nation), parce qu'une poignée de fanatiques pseudo-religieux ont commis les actes les plus odieux, faisant au passage, après viols et tortures, plus d' un millier des martyrs. Je n'imagine pas, à part les partisans fanatisés du Hamas, une seule personne indifférente à ces horreurs.
Les faits sont incontestablement odieux et à ce titre le bien-pensant Occident, s'arroge le droit de soutenir ou tout au moins de légitimer, la terreur exercée sans retenue, sans complexe et probablement sans remord, par l'État israélien guidé par une haine farouche du monde arabe et une hystérie à vouloir conquérir une terre qui ne lui appartient pas. Il semble que l'on fait même des procès, dans certains pays capitalistes zélés et entièrement soumis aux lobbies américains et sionistes, à ceux qui oseraient revendiquer une Palestine libre. Allons bon ! Il est vrai qu'on se permet, même en France, grand pays de plus en plus Démocratique, d'interdire les manifestations qui lui seraient favorables !
Soyons rigoureux, je veux dire honnêtes, si ce n’est objectifs. Nous savons tous, qu’après le traumatisme subi par le peuple Juif durant la deuxième guerre, le monde affligé et parfois honteux, mit un point d’honneur à reconnaître à cette diaspora dispersée à travers la planète et encore parfois persécutée, un territoire sur lequel elle pourrait s’établir, s’organiser, se protéger avec le soutien bienveillant de la quasi-totalité de la communauté internationale. Le choix de Jérusalem, quoique bien audacieux, n'étant pas culturellement et cultuellement illogique.
Mais lorsque l’ONU vota un plan de partage de la Palestine en deux États libres et indépendants, les tensions furent vives et ce fut la première guerre initié par les pays voisins, ce qui ne les empêcha pas de la perdre ! Israël voulait bien s’installer là, mais seule ! Et surtout sans souveraineté arabe à proximité. L’erreur fut donc de penser que les Sionistes agissaient dans un souci de paix, de fraternité et, éventuellement, auraient même pu se montrer reconnaissants. Alors oui, n’en déplaise à qui voudra, si le Proche-Orient bascule invariablement vers la violence et le malheur, c’est d’abord et uniquement peut-être, parce que l’on a refusé aux Palestiniens la dignité d’un État indépendant, la reconnaissance de frontières et d’une existence équivalente à ses voisins. Que nous subissons là, le peuple Israëlien compris, les abus hégémoniques des uns, les frustrations accumulées des autres.
Aujourd’hui le grand criminel, est celui qui se venge hystériquement, qui sème la mort obstinément depuis plus d’un mois ; qui bombarde les hôpitaux et tue les civils innocents pour déloger ses ennemis ; qui mène des actions punitives répandant la terreur partout où ils passe ; qui prive la population des ressources vitales d’abri, de nourriture, d’eau. Et je ne parle même pas de leur dignité. Ils n’en ont plus, ils n’ont plus rien !
La dignité vous savez ce mot démodé, quand il n'est pas cyniquement dévoyé. Celui que nos gouvernants et les médias ont oublié ou manipulé, en détournant les faits et en biaisant tous les commentaires. La France - et la part d’humanité qu’elle représente - n’est plus que l’ombre d'elle-même. N’en déplaise au Général et à tous les nationalistes, elle n’a jamais été le « grand pays » qu’elle a fantasmé être. Mais là, elle devient réellement toute petite.
Écoutez la voix de de Gaulle, en 1967
, lors d’une conférence de presse fameuse où il répond aux questions concernant la guerre des Six-Jours au terme de laquelle Israël prit un ascendant sur le monde arabe qui l’entoure. Tous les Français devraient connaître l’oeuvre et le pensée de Charles de Gaulle. Tous devraient entendre cette conférence. Si vous avez le temps, offrez-vous là entièrement. Mais sur la question brûlante du Proche-Orient, écoutez les trente premières secondes puis calez-vous entre 26,05 minutes et 40,54 !
Vous comprendrez mieux. Tout est dit et rien n’a changé...
https://youtu.be/25hAYHwboFk