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Billet de blog 12 juillet 2022

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L’ANC au cœur de la tourmente

Après la publication du rapport de la commission Zondo, le scandale de l’argent volé dans la ferme du Président Ramaphosa, les coupures de courant à répétition, l’explosion de la criminalité, le conseil national exécutif (NEC) de l’ANC s’est réuni et a annoncé des mesures. Seront-elles suffisantes et actées sans tarder ? L’ANC n’a plus les moyens de louvoyer et procrastiner.

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Le rapport de la Commission sur la capture de l’état compte plus de 5000 pages, pendant quatre ans plus de 300 témoins ont été entendus, l’affaire a couté des millions de rands aux contribuables et maintenant ? Le gouvernement et l’Anc vont-ils suivre les recommandations de la Commission ?

Le NEC qui s’est réuni début juillet a pris acte des conclusions du rapport : la capture de l’état ne commence pas avec la famille Gupta mais est bien au cœur même de l’ANC et sa complaisance envers les manquements fondamentaux à l’éthique du mouvement de libération, en particulier : l’enrichissement personnel, la cupidité et le mensonge. Le rapport note que les dirigeants, y compris le Président Ramaphosa, n’ont pas pris les mesures adéquates pour mettre fin au pillage de l’Etat. Les noms de plusieurs ministres et celui de Jacob Zuma sont cités comme complices des malversations de la famille Gupta, ayant abusé de leur pouvoir pour leur faciliter la tâche. Le NEC demande « à tous ceux qui sont mis en cause dans le rapport de se présenter devant la Commission de l’Intégrité du parti ». Vœu pieux, car on peut douter que les présumés coupables vont se précipiter et avouer leur faute. Peut-on imaginer Jacob Zuma faire amende honorable, alors qu’avec ses affidés de la RET (Radical Economic Transformation), il joue avec la justice?  Et s’ils avouent, seront-ils amnistiés ou renvoyés devant un tribunal ?

Un autre problème soulevé par la Commission Zondo est la nomination des cadres de l’ANC à des postes clé du gouvernement, autrement dit la nomination des fidèles au parti plutôt que des personnes compétentes, pratique illégale et inconstitutionnelle qui a eu des effets désastreux sur la maintenance des infrastructures et la qualité des services rendus à la population. Cette pratique avait pour but de renflouer les caisses de l’ANC, chaque ministre reversant une partie de son salaire au parti. Le pire exemple de cette pratique fut la valse des ministres des finances en décembre 2015 quand Jacob Zuma remplaça le très compétent Ministre Nene par un illustre inconnu. La faute de Nene : s’être opposé à l’achat fou de sept centrales nucléaires à la Russie et à la gestion calamiteuse de la compagnie aérienne South African Aiways par une proche du président, Dudu Myeni. http://renapas.rezo.net/spip.php?article708

La nomination des dévoués au prince plutôt qu’à son peuple a eu des effets calamiteux pour toutes  les entreprises publiques mais la gestion d’Eskom est un désastre national. La compagnie nationale d’électricité n’a plus les moyens d’assurer l’approvisionnement en énergie aux entreprises comme aux particuliers. De coupure de courant en coupure de courant, l’économie vacille et les usagers, en plein hiver austral, grelottent à la lueur des bougies. Le NEC demande à Eskom : de faire un effort sur la maintenance et d’augmenter la distribution des ressources disponibles ; d’acquérir les compétences nécessaires sous la direction de mentors expérimentés ; et de favoriser l’investissement privé pour des ressources diversifiées d’une énergie renouvelable ? Mais qui peut croire que tout cela va se faire en claquant des doigts alors que les mêmes maux sont connus depuis années sans que personne au gouvernement n’ait jamais pris la moindre mesure ? Le plan de 2019, Integrated Resource Plan est resté au point mort, à part quelques mini projets.

  Un an après les émeutes qui ont commencé le 8 juillet 2021 au Kwazulu Natal et qui ont fait plus de350 morts et des dégâts matériels et environnementales considérables, aucune inculpation n’a encore été prononcées. Le Ministre de la police a précisé dans une réponse écrite au Parlement que 19 suspects d’incitation à la violence publique avaient été arrêtés et que 86 autres devraient l’être pour leur participation aux émeutes. Dudu Zuma-Sambudla, la fille de Jacob Zuma avait diffusé vidéo et images des émeutes ave le hashtag #FreeJacobZuma. La Ministre de la défense a mis en cause la nuisance des réseaux sociaux, la circulation de fausses informations et le manque de coordination entre l’Agence de sécurité nationale (SSA), la police et l’armée. L’incompétence des services de sécurité a été mis en évidence et la ministre a annoncé que des personnes qualifiées seraient nommées à la tête des services de renseignement.

Les dernières fusillades qui ont eu lieu dans des tavernes dans les provinces du Kwazulu Natal et du Gauteng montrent à quel point toute la société sud-africaine est rongée par la violence, la criminalité, la drogue et l’alcool. Les gangs règnent sur le monde de la nuit au Cap et la collusion entre la police et les gangs n’est plus à démontrer.  Lire  : To The Wolves: How Traitor Cops Crafted South Africa's Underworld and The Enforcers: Inside Cape Town's Deadly Nightclub Battles par Caryn Dolley

La situation exige des actions immédiates du gouvernement et de l’ANC avant le naufrage annoncé pour les prochaines élections en 2024, trente ans après la victoire qui avait enchanté la fin du siècle dernier.

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