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Billet de blog 13 juin 2015

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2015 l’année des fleurs et couronnes, avec en prime Napoléon et son chapeau à la con

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L’nnnée 2015 semble insatiable en catastrophes, meurtres, carnages, etc. Est ce parce que nous commémorons le  massacre au Rwanda , le massacre des Arméniens , le massacre de Sétif, la libération des camps nazis et bientôt le massacre de Srebrenica, j’en oublie certainement, tous commis dans une année se terminant par le chiffre 5. De quoi alimentez les croyances superstitieuses. Et j’avais oublié le désastre de Waterloo, désastre pour Napoléon, une fois pour toute classé dans la case des gens sans intérêt par Zazie et son génial papa, Raymond Queneau.

 Chaque jour les nouvelles sont toujours aussi terribles : des pleurs pour les centaines de morts aujourd’hui, des fleurs pour les milliers de morts d’hier. Une chaine macabre toujours alimentée par de nouveaux massacres. Tous ces morts anonymes, ces morts qui ne sont que des chiffres minent le moral des vivants le temps d’un discours, d’une fleur déposée devant une plaque, une flamme, qui se veulent une étape dans le déroulement d’une liste sans fin, et puis les vivants pensent à autre chose. Les morts eux ne pensent plus, ils pourrissent dans leurs tombes pour les plus chanceux, dans des charniers pour les autres ou au fond de la mer pour les derniers de la liste. Et demain ? Il y aura d’autres morts, d’autres condoléances, d’autres fleurs et d’autres commémorations avec des messieurs en costume sombre et des fillettes aux socquettes blanches.

Quand j’étais petite fille, le 11 novembre était une journée de recueillement obligatoire avec un ciel triste et une musique triste devant le monument aux morts de la Première guerre mondiale.  Sur la plaque il y avait le nom d’un oncle mort à Verdun que je n’ai jamais connu, mais dont le fantôme était toujours assis aux repas de famille. Je préférais le 8 mai parce que le ciel était souvent bleu et surtout le monument aux morts de la deuxième guerre mondiale était au beau milieu d’un massif de rhododendrons qui éclaboussaient de leurs pétales légers et colorés la liste des morts pour la France. Quand on entonnait le Chant des Marais, les fleurs légères comme le tutu d’une ballerine, s’accrochaient aux grillages, s’éparpillaient sur les marécages.

 Cela monte à la tête des vivants toutes ces fleurs, tous ces mots, toutes ces musiques, les morts sont bien tranquilles de n’avoir plus ni nez, ni oreille. Je suis toujours troublée de voir toute ces belles cérémonies organisées pour ceux qui ne peuvent ni les voir ni les entendre. Quelle réponse à cette éternelle danse macabre ?

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