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Billet de blog 16 avril 2015

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Afrique du Sud, ton Ubuntu fout le camp !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En mai 2008, une vague de violence xénophobe avait provoqué la mort de 63 personnes, et des milliers de sans abri. Dans la préface de l’ouvrage collectif Go Home or Die Here, l’évêque Paul Verryn  qui avait été très actif à secourir les victimes écrivait : « Comme un orage soudain, les attaques xénophobes ont balayé notre pays… Les signes avant coureur étaient bien en place avant le massacre. Mais en tant que nation, nous étions d’une certaine façon mal préparée à ce déferlement de violence contre les plus vulnérables de ceux qui vivent parmi nous ».

 En avril 2015, la même vague de terreur a enflammé les townships autour de Durban. Les mêmes scènes de menaces envers les commerçants étrangers, les mêmes pillages de leurs boutiques, le même spectacle effrayant et désolant de ruines fumantes. Au moins cinq morts, deux mille sans abri.

 Les mêmes causes ont produit les mêmes effets : la sinistre trilogie de la pauvreté, du chômage, des inégalités a montré du doigt l’Autre, l’Etranger par qui le malheur arrive. Le même évêque, Paul Verryn, explique «  Quand on commence à déballer la xénophobie, tout le reste vient avec », c’est à dire les frustrations devant les promesses non tenues : la création d’emplois, l’incompétence des services, la pauvreté et la faim pour des millions de gens alors qu’une minorité se vautre dans un luxe insolent. Ceux qui se battent sur le terrain disent depuis un moment « nous sommes sur une bombe à retardement » car les efforts qui ont été faits sont largement insuffisants face aux aspirations de ceux qui n’ont rien ou si peu et depuis trop longtemps. `

Les réseaux sociaux répètent à satiété « non à la xénophobie », ou bien « pas en notre nom » et ce sursaut des simples citoyens est réconfortant, mais où sont les dirigeants politiques dont la tâche est de trouver des solutions aux problèmes ? Ils ont tous exprimaient leurs regrets, leurs condoléances aux familles affligées. La compassion est certes louable, mais où est cet ubuntu, ce sentiment d’humaine fraternité qui nous lient les uns aux autres et fait de chacun d’entre nous un être humain digne et égal ?

 Go home or die here

Violence, Xenophobia and the reinvention of difference in South Africa

Wits University Press 2008

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