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Billet de blog 25 avril 2023

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Et s’il n’y avait pas de guerre

Supprimer la cause et il n’y a plus d’effets. Je sais c’est trop simple de réfléchir comme cela. Pourquoi tous ces monuments aux morts pour rappeler aux vivants que cette liste n’est jamais finie.

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Les canons, les chars se vendent comme petits pains chauds, les bombes tombent et détruisent, elles sont faites pour cela, les drones et autres moyens sophistiqués ne ratent pas leurs cibles, ce serait vraiment un échec technologique. Fini le pathétique « mon royaume pour un cheval » de Richard III, ce vil bâtard anglais.

 Maintenant on compte les morts, des chiffres sur un tableau Excel, on estime le coût de la reconstruction, toujours sur un tableau Excel, on n’a pas le temps de faire du théâtre, maintenant on est au cœur de l’action, on n’a pas de temps à perdre, le temps, c’est de l’argent.

 L’art c’est après, comme les remords, si c’est encore politiquement correct, et les pathétiques plus « jamais ça » prononcés avec dépôt de gerbes et hymnes patriotiques. On ne demande pas pardon, pardon aux morts qui s’en fichent bien, aux veuves, aux orphelins qui ont encore leurs yeux pour pleurer, aux invalides qui ne pleurent pas parce que survivre à l’enfer a asséché leurs larmes. On rend gloire à la victoire.

 Les vivants, ceux qui ont regardé la boucherie, confortables dans leurs fauteuils devant leur télévision, approuvent ou condamnent la stratégie des belligérants, comme ils le font pour un match de foot, et leur virilité est toute fière d’avoir joué le vainqueur, ou bien ils se consolent avec une bière, de s’être trompés. On évite de montrer le carnage aux enfants, mais les enfants jouent à la guerre dans la cour de l’école et respectent l’art de la guerre. La guerre est un jeu d’enfant.

 Après, bien après, quand on osera prononcer le mot paix sans risque de se faire lyncher pour traîtrise à la pensée commune, on fera des monuments aux morts, on écrira des poèmes, des romans, des pièces de théâtre, des opéras, on fera des films et chacun pourra revivre des moments historiques, la bataille de…, le massacre de…, le siège de… et tout cela avec grand succès car nous sommes friands d’Histoire, comme les enfants de contes où le héros caracole sur son cheval blanc.

 S’il n’y avait pas de guerre, il n’y aurait pas de monuments aux morts.

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