Après cinq mois de grève, les mineurs dans les mines de platine vont reprendre le travail en ayant obtenu des résultats substantiels. Cette grève a aussi changé les rapports de force dans le monde du travail et montré le besoin d’un véritable changement pour les plus pauvres, le besoin de mettre vraiment fin à l’apartheid.
L’annonce par le dirigeant d’Amcu Joseph Mathunjwa dans le grand stade de Rustenberg de la fin de la grève et de la reprise du travail a été accueillie avec soulagement par les grévistes qui n’avaient plus reçu de salaires depuis cinq mois. Avec fierté aussi car leur ténacité a fait céder un patronat plus habitué à empocher des bénéfices qu’à céder aux revendications de son personnel.
Si tous les détails de l’accord ne sont pas encore connus, il est acquis que celui-ci est valable pour trois ans. Les plus bas salaires seront augmentés de 1000 rands par mois les deux premières années et de 950 rands la troisième année. Les heures supplémentaires, les congés payés, les primes seront augmentées en fonction de l’inflation. Ce ne sont pas les 12500 rands !860 euros) espérés, c’est déjà beaucoup.
Mais des demandes de fond ont été rejetés comme l’allocation logement qui permet à un mineur de vivre avec sa famille en dehors de la mine, ou la demande d’une somme de 3000 rands pour faciliter le retour au travail des grévistes et le moratoire sur les licenciements. Toutefois le gouvernement a promis d’aider les mineurs à obtenir un logement décent et Angloplats a promis une aide alimentaire aux familles et une aide aux transports.
En cinq mois de grève, les compagnies ont perdu 23,9 milliards de rands, les mineurs 10,6 milliards de rands, le PIB a chuté, et la grève a été la cause d’affrontements violents et d’une cinquantaine de morts, le massacre de Marikana ayant été la tragique expression du désespoir des mineurs qui risquent leur vie, détruisent leur santé pour un salaire qui ne leur permet pas de faire vivre leurs familles.
Mais ce que cette grève a montré, c’est qu’en 20 ans de démocratie, le changement attendu n’est pas à la hauteur des espérances. La pauvreté est toujours là pour les mêmes : la majorité de la population noire qui forme les cohortes de travailleurs sans qualification qui peinent dans les mines pour un salaire de misère et que cette situation n’est plus acceptable et ne sera plus acceptée.