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Billet de blog 5 décembre 2014

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Bâtissons une société plus humaine

Le 10 décembre, le projet de loi  pour la croissance, dite « loi Macron » du nom du ministre de l’économie qui le défend, sera présenté en conseil des ministres avant d’être débattu par les parlementaires.

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Le 10 décembre, le projet de loi  pour la croissance, dite « loi Macron » du nom du ministre de l’économie qui le défend, sera présenté en conseil des ministres avant d’être débattu par les parlementaires.

Au nom de la liberté de consommer et de la relance économique, ce texte prévoit notamment d’étendre les horaires d’ouverture des commerces le dimanche, en soirée et la nuit.  Les salariés des établissements concernés seront donc  appelés, sur la base du « volontariat », à travailler davantage.

Pourtant, les faits démontrent que l’extension des horaires d’ouverture des commerces n’entraîne pas mécaniquement un chiffre d’affaires nettement plus important et de la création d’emploi : il y a 40 ans, les 17 magasins du Printemps comptaient 14 000 salariés et, malgré l’élargissement croissant des amplitudes horaires en soirée, les jours fériés et le dimanche, il n’en reste plus que 2800 aujourd’hui !

Par ailleurs, les salariés auront-ils vraiment le choix de travailler le dimanche et de nuit ? La notion de « volontariat » fait en effet l’impasse sur le rapport de subordination qui existe entre un salarié et son patron, rapport qui est toujours plus tendu en période de crise, de bas salaires et de chômage. On peut donc légitimement craindre que les salariés – qui sont à près de 70% des femmes de milieu populaire – n’aient pas le choix, mais seront contraints  de se plier à un rythme de travail en désaccord avec leur vie privée.

Et quelles seront les contreparties pour ces salariés ? Auront-ils la garantie d’un meilleur revenu ? Et jusqu’à quand ? Car quand le travail du dimanche ou de nuit sera devenu la norme, les contreparties salariales n’auront plus lieu d’être.

Par ailleurs, le travail de nuit est réglementé pour être limité au strict minimum, car c’est un facteur de pénibilité physique qui a des incidences scientifiquement démontrées  sur l’espérance de vie. Quant au travail le dimanche, il pose le problème de la déstructuration des liens sociaux pour ceux qui y sont soumis. Autant de raisons d’accueillir ce texte avec la plus grande vigilance.

Au final, le travail du dimanche et de nuit pose aussi la question de la société que nous voulons bâtir : souhaitons-nous une société de loisirs consuméristes en continu, ou voulons-nous une société plus équilibrée faisant une part nécessaire au temps libre consacré à la famille, à la culture, à la vie en société ? Faut-il conforter la société de consommation ou se donner les moyens d’une économie plus solidaire et durable ?

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