Le gouvernement envisage d’économiser 3 milliards d’euros sur le budget des hôpitaux publics et de supprimer 66000 postes d’ici trois ans, soit 22000 postes par an, un plan social d’une ampleur inégalée.
Ces mesures s’inscrivent dans un contexte de baisse continue, depuis 10 ans, des moyens alloués aux hôpitaux publics et dans le plan d’économies de 10 milliards au détriment la santé voté dans le cadre de la dernière loi de financement de la sécurité sociale pour 2015.
Nul doute que cette nouvelle saignée aura de graves conséquences en termes de santé publique et d’accès aux soins, alors même que cet hiver, les services des urgences des hôpitaux ont une fois de plus été débordés par une épidémie de grippe à peine plus virulente que les années précédentes. Qu’en serait-il s’il fallait faire face à une épidémie de grande ampleur ou à toute autre catastrophe sanitaire d’envergure ?
Il est évident qu’en plus de la dégradation de la qualité des soins, ce nouveau tour de garrot ne manquera pas d’accentuer la souffrance des salariés de ces hôpitaux. A l’heure où les économistes libéraux applaudissent à la généralisation du travail le dimanche et en soirée, il convient de rappeler que 64% des agents de la fonction publique hospitalière peuvent déjà être amenés à travailler le dimanche et 32,3% la nuit (contre 28,3% et 15,5% pour l’ensemble de la population). La réduction du personnel des hôpitaux, alors même qu’ils ne cessent d’accroitre leur « productivité », se fera donc au détriment des salariés restants, déjà soumis à des horaires atypiques.
L’austérité imposée à l’hôpital public va accroitre les inégalités que le service public hospitalier contribuait à réduire, mettre en péril la santé de nos concitoyens et aggraver le chômage. Ce faisant, elle va contribuer à la détérioration des comptes de la sécurité sociale et à l’aggravation de la dette publique qu’elle est censée réduire.
Cette situation est d’autant plus inadmissible que toutes les dépenses publiques ne subissent pas la même purge. Pendant que celles affectées aux hôpitaux publics et à la santé sont ainsi réduites, celles consacrées aux entreprises explosent, puisqu’aux 30 milliards annuels d’exonérations de cotisations sociales patronales, le gouvernement a rajouté 41 milliards sur 3 ans dans le cadre du pacte de responsabilité. Ce « bonus », accordé sans aucune contrepartie aux entreprises, leur permettra surtout, à l’exemple de Sanofi, d’arrondir leurs bénéfices, le salaire de leurs dirigeants et les dividendes versés à leurs actionnaires, tout en supprimant des centaines d’emplois.
Ces « recettes » décidemment ne marchent pas. Ni les largesses accordées depuis 30 ans aux entreprises, qui n’ont pas permis d’enrayer l’augmentation du nombre de chômeurs, ni les mesures d’austérité dictées par la Commission européenne, catastrophiques pour l’économie et de plus en plus rejetées en Europe. C’est pourquoi il faut être aux côtés de la Grèce qui s’attache courageusement à faire valoir, en Europe, d’autres orientations et d’autres choix dont l’urgence se confirme chaque jour.
Jacqueline Fraysse
Billet de blog 9 mars 2015
Hôpital, on est mal
Le gouvernement envisage d’économiser 3 milliards d’euros sur le budget des hôpitaux publics et de supprimer 66000 postes d’ici trois ans, soit 22000 postes par an, un plan social d’une ampleur inégalée.
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