Jacqueline Fraysse (avatar)

Jacqueline Fraysse

Abonné·e de Mediapart

32 Billets

0 Édition

Billet de blog 12 septembre 2014

Jacqueline Fraysse (avatar)

Jacqueline Fraysse

Abonné·e de Mediapart

Fin de parti(e)

Silence dans les rangs ! Prenant prétexte des légères, très légères, critiques d’Arnaud Montebourg contre la politique économique du gouvernement, Manuel Valls a fait le ménage. Plus aucune tête ne dépasse dans son nouveau gouvernement nommé à la fin du mois d’août à la faveur d’un coup de chaud qui tranche avec un été plutôt pluvieux.

Jacqueline Fraysse (avatar)

Jacqueline Fraysse

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Silence dans les rangs ! Prenant prétexte des légères, très légères, critiques d’Arnaud Montebourg contre la politique économique du gouvernement, Manuel Valls a fait le ménage. Plus aucune tête ne dépasse dans son nouveau gouvernement nommé à la fin du mois d’août à la faveur d’un coup de chaud qui tranche avec un été plutôt pluvieux. Ce qui ne tranche pas, en revanche, c’est la politique suivie, encore plus libérale peut-être, si la chose est possible.
Visiblement, le pacte de responsabilité et ses 41 milliards de cadeaux au patronat n’ont pas suffi aux tenants du social-libéralisme, qui veulent y ajouter, dans les mois qui viennent, le travail du dimanche, la remise en cause des seuils sociaux et du code du travail, après celle de l’encadrement des loyers.
C’est à un spectacle étonnant auquel nous assistons : pendant qu’aucune de ces mesures ne portent ses fruits et que la pauvreté gagne du terrain, les ministres continuent... Ils adoptent sans vergogne les discours et les outils de la droite.  Les discours pour stigmatiser les chômeurs, rendus responsables de l’incapacité du gouvernement à lutter contre le chômage, ou pour remettre en cause les 35 heures, responsables de tous les maux. Et les outils, avec le recours aux ordonnances au mépris du Parlement et au prétexte, répété à satiété, de « l’urgence de réformer », l’urgence n’étant invoquée que pour bloquer toute réflexion sur le véritable contenu et les conséquences à attendre des dites réformes.
Ce carnaval où la gauche enfile les habits de la droite laisse d’ailleurs celle-ci sans voix et la réduit à se focaliser sur la ministre de l’éducation nationale et ses ABCD de l’égalité, montrant par-là que la théorie du genre est aujourd’hui le dernier élément qui permet encore de différencier le PS de l’UMP.
C’est bien cette volte-face du gouvernement par rapport aux promesses du candidat Hollande et cet alignement sur le MEDEF qui favorise aujourd’hui la montée de la droite et de l’extrême-droite contre laquelle Valls appelle au rassemblement du PS, fustigeant ses opposants et les taxant de « ringards ».
Au-delà de l’immense cynisme du Premier ministre, une clarification s’impose au sein du PS, car si certains socialistes sont aujourd’hui idéologiquement prêts à gouverner avec la droite, l’aile gauche du parti doit faire l’effort d’assumer ses convictions, ainsi que leurs conséquences, notamment institutionnelles, en refusant le chantage à la dissolution. Il ne suffira pas, cette fois-ci, de s’abstenir de voter la confiance au nouveau gouvernement, le 16 septembre prochain : il faudra avoir le courage de voter contre pour dire clairement stop à une politique à rebours des engagements pris et catastrophique pour nos concitoyens comme pour le pays, ce que confirment la progression de la pauvreté et l’impossibilité de résorber les déficits publics.
La conjonction de prises de position fortes de la part d’élus qui, au sein des groupes se réclamant de la gauche, refusent les choix politiques du gouvernement, est indispensable pour l’amener à les infléchir. Elles seraient également de nature à redonner confiance au mouvement populaire qui seul peut contraindre, par sa puissance, à d’autres choix politiques.  
Jacqueline Fraysse

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.