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Billet de blog 21 janvier 2015

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Les jours d’après

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En s’attaquant au journal satirique Charlie Hebdo et aux clients juifs d’un hypermarché casher, des terroristes ont cru pouvoir miner les fondements de notre société, la liberté d’expression et le vivre-ensemble. La levée en masse de notre peuple marchant partout par milliers dans la dignité a montré sa détermination à refuser la barbarie, la peur et la division. C'est sans aucun doute réconfortant.
Ce moment d'émotion dépassé, que fait-on maintenant ?
Des impératifs immédiats s'imposent à nous : la lutte contre l'antisémitisme qui, particulièrement en temps de crise, a été le dénominateur commun de toutes les idéologies fascistes et d'extrême-droite et la lutte contre le racisme antimusulman que ces crimes obscurantistes, perpétrés au nom de l'Islam, risquent de stimuler.
Cette exigence de vivre-ensemble dans le respect des différences et dans l'égalité des droits est l'affaire de toute la société. Il s'agit de mettre en œuvre un agir-ensemble contre tous les racismes, toutes les discriminations, contre la domination exercée par les puissants sur les faibles. Nous savons par expérience que c'est une démarche longue et difficile, un important travail d'explication que seule l'implication de tous peut faire vivre concrètement.
Gardons-nous de nous engouffrer dans le piège tendu des mesures d’exception - dont l’Histoire montre qu’elles sont appelées à durer- visant à mettre entre parenthèses certaines de nos libertés chèrement acquises. C’est la brèche, dangereuses, dans laquelle une partie de la droite a la tentation de nous conduire. Or, comme l’a fort justement dit Robert Badinter, ancien Garde des sceaux, « ne nous laissons pas aller à ces ripostes de papier presque dérisoires qui consistent à fabriquer des textes d'exceptions qui méconnaissent les principes fondamentaux. On ne touche pas au cœur de la démocratie sans s'affaiblir au lieu de se renforcer ».
Cette approche est d'autant plus juste que les outils juridiques existent déjà pour lutter contre le terrorisme : l’Assemblée nationale a voté, il y a deux mois à peine, de nouvelles mesures.
Ce qui manque, aujourd’hui, ce sont les moyens humains et matériels pour mettre en œuvre ces dispositions. Ce qui manque, c’est une véritable volonté politique pour lutter efficacement contre les réseaux de financement de ces mouvements terroristes qui, comme tous les réseaux de financement occulte, empruntent la voie des paradis fiscaux. Ce qui manque, c’est de mettre au ban des nations les Etats qui alimentent ces réseaux.
Il est urgent de regarder avec lucidité les racines du mal. Nous payons aujourd’hui - il faut avoir le courage de le dire – les conséquences de l'accentuation des inégalités sociales, de la dégradation des conditions d'éducation, d’un chômage de masse persistant dont les jeunes, et plus particulièrement ceux d'origine magrébine, sont les premières victimes.
Alors certes, n'ayons aucune indulgence à l'égard de ces réseaux de criminels, mais ne perdons pas de vue la nécessité de remettre en cause les choix politiques actuels aux conséquences catastrophiques dans tous les domaines.
Jacqueline Fraysse

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