N’y a-t-il vraiment aucune alternative au pacte de responsabilité proposé par le gouvernement, mais dicté par le MEDEF ? L’alternative se résume-t-elle entre ce pacte de 50 milliards, dont 90% en direction des entreprises et 10% pour les ménages, et le creusement de la dette publique ? Je ne le pense pas. Je crois au contraire qu’une véritable politique de gauche est à la fois possible et compatible avec la réduction de la dette publique laissée en héritage par la droite.
« Un million d’emplois » envisage – sans toutefois le promettre- le patron du MEDEF en échange de 50 milliards d’allègement des charges pesant sur les entreprises. On atteindrait le même objectif en créant un million d’emplois publics socialement utiles et pour un coût moindre (34 milliards d’euros au salaire moyen brut de 2830 euros par mois). Des emplois dont les hôpitaux, les écoles, les universités, ont aujourd’hui cruellement besoin.
Si l’on ne veut pas entamer la générosité du pacte de solidarité à l’égard des entreprises, on pourrait au moins réfléchir à mieux la cibler, par exemple vers celles réellement soumises à la concurrence internationale, ou vers celles qui font le choix de réinvestir ces cadeaux et/ou d’en faire profiter ses salariés plutôt que ses actionnaires.
Mais l’Etat pourrait également assumer son rôle de planificateur et de défenseur de l’intérêt général, en développant par exemple la construction et la rénovation d’appartements, un secteur d’emplois non-délocalisables, ce qui permettrait de fournir un logement à ceux qui en sont dépourvus et d’en faire baisser le coût dans le budget des ménages, augmentant d’autant leur pouvoir d’achat, facteur de relance économique. Il pourrait également engager une véritable transition écologique, une politique à la fois créatrice de richesses et d’emplois et qui, en agissant sur la prévention, permettrait de réduire les dépenses de santé.
Alors oui, une politique de gauche est possible et crédible. Elle suppose que le gouvernement ait l’oreille plus attentive aux exigences de la société qu’à celles de la finance et du MEDEF, ce qui, malheureusement, n’est actuellement pas le cas. Mais à la faveur de la déception et de l’exaspération suscitées par la politique économique de François Hollande, les choses pourraient changer. Il en va de l’avenir du pays et de la survie de la gauche dans son ensemble.
Jacqueline Fraysse