Mercredi 24 septembre, l’Assemblée nationale a débattu de l’intervention militaire française en Irak. Une fois de plus, sur des questions de cette importance, le Parlement est mis devant le fait accompli et informé après le déclenchement des hostilités, qui plus est pour la forme, puisqu’il n’est pas appelé à voter. C’est dommage, car il y aurait beaucoup à dire sur cette intervention.
Non pas sur sa cible, car rien ne peut légitimer les actes monstrueux auxquels se livrent les djihadistes en Irak et en Syrie, qui massacrent tous ceux, chrétiens comme musulmans, qui ne se rallient pas à leur vision dévoyée de l’Islam et qui égorgent des journalistes et des travailleurs humanitaires au seul prétexte de leur nationalité, américaine, anglaise ou française. Personne ne peut rester indifférent devant un tel déferlement de destructions et de violences sur les populations civiles. La question n’est donc pas d’agir ou ne pas agir. Mais comme le soulignait mon collègue François Asensi, ce qui dérange, dans cette intervention, c’est plutôt la question du mandat, des alliés et de l’après.
Le mandat tout d’abord : pourquoi aller combattre sous l’égide de l’OTAN, et non pas sous le mandat des Nations-Unis, au risque de faire paraitre cette intervention comme celle de quelques riches pays occidentaux, et non pas celle de la communauté internationale dans son ensemble ? D’autant plus que faute d’un tel mandat de l’ONU, la France se retrouve aux côtés d’alliés pour le moins surprenants, voire encombrants. Il y a ainsi les Etats-Unis, grandement responsables de la situation présente en Irak, pour y être intervenu, en 2003, sous des prétextes fallacieux, et pour y avoir placé à la tête un Premier ministre qui n’a eu de cesse d’aggraver les antagonistes entre sunnites et chiites. Il y a également le Qatar et l’Arabie Saoudite qui, quand ils n’achètent pas des palaces à Paris ou des clubs de foot, financent ces mêmes groupes terroristes que la France combat en Irak ou au Mali.
Enfin, il y a l’après. Au-delà même de la question de savoir si des frappes aériennes suffiront à éradiquer la créature monstrueuse née de l’incurie américaine et financée par nos « amis » du Golfe, les expériences antérieures en Irak, en Afghanistan, en Libye, ont montré que sans solution politique et diplomatique durable, ce type d’intervention se révèle au mieux inefficace, et au pire, engendre des situations inextricables comme celle à laquelle nous devons faire face aujourd’hui.
L’intervention en Irak ne règlera en rien la situation si elle n’est pas portée par un projet politique global de pacification du Proche et Moyen-Orient qui passe, notamment, par le règlement définitif du conflit israélo-palestinien. La France doit apporter un soutien actif à l’instauration d’un véritable dialogue régional ouvrant la voie à une conférence sous l’égide de l’ONU, avec les acteurs, y compris l’Iran.
Jacqueline Fraysse
Billet de blog 29 septembre 2014
Si tu veux la paix, prépare la paix
Mercredi 24 septembre, l’Assemblée nationale a débattu de l’intervention militaire française en Irak. Une fois de plus, sur des questions de cette importance, le Parlement est mis devant le fait accompli et informé après le déclenchement des hostilités, qui plus est pour la forme, puisqu’il n’est pas appelé à voter. C’est dommage, car il y aurait beaucoup à dire sur cette intervention.
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