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Billet de blog 25 janvier 2024

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Gaza: souvenons-nous du massacre de Jéricho, sublime récit biblique

Le modèle idéal de la prise de Gaza est le récit biblique de la conquête de Jéricho avec extermination des habitants et destruction de son écologie. C’est là le rêve éveillé de Nétanyahou, ainsi qu'il s'en explique lui-même. Mais ce Peuple Élu, qui a tous les droits, n'est-ce pas l'Occident complice, aveugle au génocide?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Lecture de la Bible, Livre de Josué, chapitre VI

01 Jéricho était fermée, enfermée à cause des fils d’Israël : nul ne sortait et nul n’entrait.

02 Le Seigneur dit à Josué : « Regarde, je livre entre tes mains Jéricho, son roi et ses meilleurs guerriers.

03 Vous, tous les hommes de guerre, vous ferez le tour de la ville. Vous tournerez une fois, et tu feras de même six jours durant.

04 Devant l’arche, sept prêtres porteront sept trompes en corne de bélier. Le septième jour, vous ferez sept fois le tour de la ville, et les prêtres sonneront du cor.

05 Quand retentira la corne de bélier – quand vous entendrez le son du cor –, tout le peuple poussera une grande clameur ; alors, le rempart de la ville s’effondrera sur place et le peuple montera à l’assaut, chacun droit devant soi. »

20 Le peuple poussa la clameur et on sonna du cor. Lorsque le peuple entendit le son du cor, il poussa une grande clameur, et le rempart s’effondra sur place. Alors le peuple monta vers la ville, chacun droit devant soi, et ils s’emparèrent de la ville.

21 Ils vouèrent à l’anathème tout ce qui se trouvait dans la ville, l’homme comme la femme, le jeune comme le vieillard, de même que le bœuf, le mouton et l’âne, les passant tous au fil de l’épée. »

Selon les historiens, cette saga légendaire, liée à la conquête du pays de Canaan par les Israélites au retour de leur exil en Égypte, peut se lire comme un conte étiologique visant à expliquer la présence d'une cité en ruine. La ville est en effet restée abandonnée durant des siècles. Certains font aussi le rapprochement avec le retour de l’élite juive qui reprend en mains le pays après 70 ans de déportation à Babylone.

Quoi qu’il en soit, il ne semble pas interdit de penser que cette sublime prise de Jéricho vienne hanter les nuits belliqueuses de Benyamin Nétanyahou, et de beaucoup d’autres qui marchent avec lui, « chacun droit devant soi ». Rêve pacifié d’une ville dont il ne restera plus pierre sur pierre. Dans le même genre littéraire, The Guardian du 11 janvier 2024 nous apprend que, pour désigner le Hamas, Nétanyahou a récemment fait référence aux ennemis héréditaires des Hébreux, les Amalécites, ce peuple que Dieu ordonne d’exterminer : « Tu ne l’épargneras point, et tu feras mourir hommes et femmes, enfants et nourrissons, bœufs et brebis, chameaux et ânes » (I Samuel XV, 3).

Mais ce peuple élu, qui a tous les droits, n’est-ce pas plutôt « l’Occident » dans son ensemble, qui se croit tel depuis des siècles et qui, dans sa masse, reste aujourd’hui complice, aveugle au génocide ?

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