La Table Ronde « violence et droits de l'enfant en Europe, état des lieux » qui s'est tenu au Conseil de l'Europe de Strasbourg ce lundi 5 décembre 2011 a réuni un public typiquement concerné par les droits de l'enfant.
Au cours de cette Table Ronde, Marie-Christine Gryson-Dejehansart, qui était expert judiciaire au procès d'Outreau a exposé les conséquences dommageables pour les Droits de l'enfant de la logique de l'après-Outreau, marquée dramatiquement par une régression de la prise en compte de la parole de l'enfant victime.
Cette régression est d'autant plus insidieuse qu'elle est en partie masquée par le fait qu'une judiciarisation plus fréquente de délits entre mineurs rehausse les chiffres en matière de condamnations. En conséquence, il semble facile de prétendre à une relative constance des décisions de justice. Mais des évolutions assez profondes ont eu lieu, car « les professionnels tétanisés, ont perdu confiance en leurs connaissances, se ruent vers les théories anti-victimaires ».
A l'issue de cet exposé qui a laissé une forte impression sur l'auditoire, une constatation pouvait révéler s'il en était besoin le rôle déterminant des médias sur l'opinion. La plupart des participants, spécialisés sur les problèmes des enfants - donc en principe au fait des problématiques qui les concernent - n'avaient pourtant qu'une vision stéréotypée de l'affaire d'Outreau. Comment leur jeter la pierre ? Les poncifs véhiculés par les médias ont fait leur œuvre. Comme tout consommateur d'information, ils n'ont eu à lire ou à entendre que l'histoire qu'on leur a présentée, conforme aux innombrables copié-collés des allégations des avocats de la défense tels qu'ils avaient été émis lors des procès. Les journalistes étaient d'autant plus réceptifs à leurs arguments que les informations qui concernaient les enfants étaient réduites au strict minimum, au motif de les « protéger » en tant que mineurs, rendant leur image absente du drame diffusé en télé-réalité et laissant le champ libre aux images choc mettant en scène les adultes dans ce qui constitue de fait des « pièges à conviction ».
Quelques jours avant la tenue de cette Table Ronde, Marie-Christine Gryson-Dejehansart avait annoncé l'ouverture d'un site « la vérité abusée » réalisé pour elle sur la base des documents en sa possession et de son livre « Outreau, la vérité abusée, 12 enfants reconnus victimes » (eds Hugo et cie) . Ce site, documents à l'appui, révèle au grand jour les « abus textuels » auxquels ont abouti une alliance funeste entre des entités complices, qui dans un échange gagnant-gagnant ont permis pour les uns une sidérante efficacité dans la défense des accusés, pour les autres, l'assurance du meilleur impact auprès des lecteurs. Inutile de dire que les enfants-victimes en ont fait les frais, ce qui explique la sortie du livre « Je suis debout » que Chérif, l'aîné des Delay a écrit avec Serge Garde, et aussi l'attitude rageusement désespérée de Chérif à l'encontre de la plupart des acquittés, notamment vis à vis des époux Lavier qui se sont plaints d'avoir reçu de sa part des menaces de mort.
Grâce au site « la vérité abusée », il est aujourd'hui possible à tout un chacun de se saisir d'un article quelconque sur l'affaire d'Outreau, et de mettre en évidence, preuves sous les yeux, les contre-vérités banales qu'il recèle. Il n'est pas nécessaire de faire longtemps cet exercice pour avoir envie de lire pour de bon le livre « Outreau, la vérité abusée, 12 enfants reconnus victimes » pour en savoir plus et comprendre enfin le pourquoi et le comment des abus médiatiques, les ressorts profonds de la mystification d'Outreau.